Plus gros transfert de l'Olympique de Marseille durant l'intersaison, Iliman Ndiaye a connu des premiers mois difficiles dans la cité phocéenne. Depuis mi-février et l'arrivée de Jean-Louis Gasset, l'international sénégalais retrouve des couleurs, en témoigne ses deux buts en deux matchs face à Montpellier et Clermont.

Auteur d'une saison 2022-2023 fantastique du côté de Sheffield United en Championship avec 15 buts et 11 passes décisives en 52 apparitions toute compétitions confondues, Iliman Ndiaye devait être au centre du projet des Blades en Premier League, qui lui avaient proposé une grosse revalorisation de contrat. Mais, après plusieurs retournements de situation, le Sénégalais a décidé d'opter pour son club de cœur, pour lequel il avait d'ailleurs évolué en jeunes, lors de la saison 2011-2012 avant de poursuivre sa formation outre-Manche.

Je suis très fier de mon choix. Je n’ai jamais joué au foot pour l’argent. Je ne connais rien d’autre que le foot. J’ai choisi l’OM parce que c’est mon club de cœur. Il n’y avait aucun autre club. J’ai eu un accueil de fou à l’aéroport. C’est un rêve d’être accueilli dans ton club de cœur comme ça. Entre mon enfance à l’OM et maintenant, c’est la même folie. Il me fallait du temps pour penser. Ma famille est en Angleterre, j’ai un bébé et je devais être sûr que cette décision était la bonne“, avait-il confié au moment d'expliquer son choix de tourner le dos à la Premier League pour rejoindre l'Hexagone.

Des débuts particulièrement difficiles

Propulsé titulaire dans le 4-4-2 de Marcelino, Iliman Ndiaye connaît des débuts poussifs sous la tunique de l'OM. Régulièrement la tête dans le guidon, le natif de Rouen s'empêtre trop souvent dans ses dribbles, sans que cela ne crée de véritables différences ou que cela profite au collectif pour autant. On sent un joueur peu en confiance et qui a du mal à digérer son transfert et les attentes qui y sont liées. De plus, il peine à résister physiquement aux défenses de Ligue 1. Malgré l'émulation autour de son arrivée, le soufflet retombe assez rapidement, même si Marcelino n'hésite pas à voler à son secours, en demandant du temps.

Mon idée sur lui est plus positive que la vôtre. J'ai le sentiment que c'est un joueur qui arrive, c'est sa première expérience dans un grand club, avec des attentes élevées. Il veut répondre à toutes ces attentes, mais c'est très difficile. C'est la réalité, pour un jeune joueur en plein changement. Je ne peux pas lui exiger d'être au top tout de suite, ce serait injuste. Il lui faut de la patience, celle des supporters et des journalistes aussi, et qu'on lui permettre de profiter. Quand il prendra du plaisir sur le terrain, on verra le meilleur Ndiaye sur le terrain. Le staff doit faire en sorte de trouver le bon chemin. On doit être exigeants, bien sûr, mais sans anxiété. On sait très bien que c'est très difficile pour un joueur de 22-23 ans“, avait ainsi confié le technicien ibérique, que l'OM retrouvera d'ailleurs ce jeudi soir à l'occasion des huitièmes de finale d'Europa League face à Villarreal.

Malgré son soutien à son attaquant, Marcelino partira avant de voir la moindre action décisive d'Iliman Ndiaye, qui signera son premier match référence lors de la première rencontre dirigée par Gennaro Gattuso à Monaco fin septembre. Sur la pelouse de Louis II, l'ancien joueur de Sheffield inscrit un but et délivre une passe décisive, ce qui n'a pas été suffisant pour repartir avec un point du Rocher (3-2). Malheureusement, sa saison ne se lance par pour autant et ses performances sont toujours insuffisantes au vu du potentiel qu'il a pu montrer en Championship la saison précédente.

L'une des cibles préférentielles de la presse locale

Alors que l'Olympique de Marseille s'enfonce petit à petit dans la crise, il cristallise, avec Vitinha notamment, une bonne partie des critiques qui frappent l'attaque phocéenne, particulièrement moribonde entre octobre et début décembre. Le prix de son transfert, 17 millions d'euros, lui est notamment renvoyé à la figure par la presse.

Romain Hearing, journaliste au Phocéen, se montre particulièrement virulent à l'égard de l'attaquant marseillais. “Iliman Ndiaye est lamentable. On a payé 18 millions d’euros pour voir ça ? On a défoncé des ailiers qui avaient pourtant fait de bien meilleurs matchs que lui. Expliquez-moi la différence entre De la Fuente, Radonjic et Ndiaye ? Et bien moi je vous la donne, la différence, c’est qu’il y en a un qui a fait des jongles à Saint-Charles. Ouvrons les yeux, c'est faible. Il a été titulaire 15 fois cette saison, moi cet hiver, je le vends 3 millions d'euros à qui en veut.

Ndiaye, lui c'est Zébulon donc il tourne sur lui-même. Il nous fait des contrôles orientés et puis derrière il n’y a plus rien“, avait même rajouté Eric Di Meco il y a quelques semaines, après la défaite à Lyon. Jean-Michel Larqué, son collègue sur les ondes de RMC n'avait pas été tendre non plus. “Luis Henrique et Iliman Ndiaye, quand on dit que le trio d'attaque est inoffensif, on peut mettre des plots à la place des défenseurs, ils ne marqueront jamais. Ils sont nuls“, avait-il lancé de son côté.

Dans ce contexte, il est d'autant plus difficile pour le joueur de sortir la tête de l'eau. Preuve de ses difficultés, il faut attendre plus de quatre mois après sa bonne sortie à Monaco fin septembre pour le voir à nouveau décisif avec le maillot olympien. Entre temps, Iliman Ndiaye s'envole pour la Côte d'Ivoire avec le Sénégal pour disputer la Coupe d'Afrique des Nations, mais ne débutera aucune rencontre en tant que titulaire, malgré un but inscrit lors du dernier match de la phase de poule face à la Guinée (2-0). Les tenants du titre voit leur parcours prendre fin dès les huitièmes de finale face au pays hôte.

La renaissance avec l'arrivée de Jean-Louis Gasset ?

Alors que l'OM vient d'enchaîner un septième match sans victoire, les dirigeants phocéens décident de mettre fin à l'aventure de Gennaro Gattuso et confient les rênes de l'équipe à Jean-Louis Gasset à trois jours d'une échéance primordiale face au Shakhtar Donetsk en Europa League. L'occasion pour Iliman Ndiaye de revenir au premier plan après n'avoir disputé que 19 minutes lors du match aller ? Pas vraiment, puisque le technicien français n'accorde que six minutes de temps de jeu au Sénégalais lors de sa première sur le banc.

On aurait pu alors penser que le coach de 70 ans allait mettre le joueur de 24 ans au placard, mais dès la rencontre suivante, face à Montpellier, Ndiaye est aligné dans le onze de départ. Et ce, malgré une absence à l'entraînement la vieille du match. “Demain tu seras titulaire et tu vas tout casser” lui a alors lancé l'ex-sélectionneur de la Côte d'Ivoire, dans des propos rapportés par nos confrères de La Provence. Gasset avait vu juste puisque l'attaquant marseillais a sans doute signé son meilleur match depuis son arrivée à Marseille avec un but et un pénalty provoqué (4-1). “C’est un de mes meilleurs matches, sans m’enflammer“, avait-il lui-même confié après la rencontre.

Il faut prendre les joueurs importants et les mettre géographiquement au meilleur endroit sur le terrain et ensuite on construit l'équipe. Il faut jouer avec les forces de l'équipe. Il faut mettre les leaders dans les meilleures conditions sur le terrain“, avait, de son côté, expliqué Gasset lors de sa première conférence de presse. Difficile de savoir si Iliman Ndiaye est un joueur important dans la tête de l'entraîneur olympien, mais son utilisation en tant que deuxième attaquant face aux Héraultais était un choix judicieux, le mettant ainsi dans les meilleures conditions pour reprendre confiance.

Une confiance qui a d'ailleurs résisté à un changement de système puisque lors du déplacement à Clermont le week-end dernier, Gasset avait opté pour un 4-3-3 dans lequel Ndiaye était aligné sur le côté droit. Cela n'a pas empêché l'ancien Blade de se montrer très performant en signant un nouveau but lors de la démonstration des Phocéens en terres clermontoises.

Reboosté par l'arrivée de Jean-Louis Gasset, le 8e de finaliste de la dernière CAN pourrait être le facteur X de l'OM durant ce sprint final. “On est très content, on continue notre bonne série. Il faut garder ce rythme. On a beaucoup de joie, il faut que l’on continue à mettre les matchs à l’abri. Personnellement ? Je me sens bien là où je suis“, avouait-il samedi soir après le large succès obtenu (1-5).

Objectif Top 6 pour l'OM ?

Avec un Iliman Ndiaye qui monte en puissance et alors que l'OM est sur une série de trois victoires consécutives depuis que Gasset a posé ses valises sur la Canebière, le club provençal peut continuer à rêver d'Europe la saison prochaine. Actuellement septième de Ligue 1 à cinq points du Top 4, les coéquipiers de Pierre-Emerick Aubameyang sont toujours à la lutte pour les places européennes.

Enchaîner un quatrième succès de rang face au FC Nantes ce week-end permettrait d'aborder plus sereinement les six prochaines semaines qui s'annoncent particulièrement délicates avec des duels à venir face au Stade Rennais, au Paris Saint-Germain, à Lille, à Nice et au RC Lens jusqu'à fin avril. De passage en conférence de presse ce mercredi, Jean-Louis Gasset a estimé que son équipe n'avait pas encore atteint son plein potentiel. “Ce qu'on a fait, c'est bien, mais on peut faire très bien. Je l'ai dit aux joueurs, on n'est pas encore à fond. Le ballon ne nous brûle pas les pieds, on joue de mieux en mieux, de différentes manières. On a beaucoup de bonnes solutions si tout le monde est dans le bon timing“, a confié le natif de Montpellier.

En parallèle, le club à l'étoile va également tenter de poursuivre son parcours européen avec cette double confrontation à venir face à Villarreal.