Opposé au Real Madrid ce samedi à Wembley en finale de la Ligue des champions (21 heures), le Borussia Dortmund va tenter, une nouvelle fois, de créer la surprise.

Tombeurs de l’Atletico Madrid en quarts de finale (4-2, 2-1) et du Paris Saint-Germain en demi-finales (1-0, 0-1), les hommes d’Edin Terzic ne cessent de surprendre. Une ascension européenne qui tranche avec la décevante cinquième place des Jaune et Noir en Bundesliga, mais qui démontre toutefois une certaine capacité à faire déjouer les gros. Particulièrement friand de légères adaptations et d’animations concoctées sur mesure, l'entraîneur allemand du Borussia Dortmund se réinvente en permanence pour permettre à son équipe d’adopter la forme la plus optimale possible. Suffisant pour créer un immense exploit face au Real Madrid ? Difficile à dire. L’écart de niveau entre les deux équipes est important, mais certains motifs d’espoir existent.

Dortmund armé individuellement

S’il est difficile d’imaginer le Borussia Dortmund dominer de la tête et des épaules une telle rencontre face à un tel adversaire, les Allemands disposent cependant de plusieurs individualités façonnées pour ce type de confrontation a priori déséquilibrée. Niclas Füllkrug est un formidable point d’appui offensif, la qualité de dribble de Jadon Sancho pourrait offrir au BVB des opportunités en transition, la charnière Hummels-Schlotterbeck est impériale pour défendre sa surface comme l’a prouvé le match retour face au PSG (0-1) et Gregor Kobel peut aisément être considéré le meilleur portier de la compétition.

Cette saison en C1, Mats Hummels est le joueur qui a réalisé le plus de tacles réussis (27), le plus d’interceptions (25) et le plus de dégagements (65). Un cran plus haut, Fullkrüg, l'attaquant de pointe d’1 mètre 89, est celui qui a remporté le plus de duels aériens (49) et un cran plus bas, Kobel est le gardien qui a réalisé le plus d'arrêts (41). Une ligne statistique impressionnante qui ne suffit pas pour faire balancer le rapport de force entre les deux équipes et transformer le rôle d’outsider du BVB, mais qui force le respect et invite à la nuance au moment de se projeter sur un match qui pourrait être plus disputé qu'il n'y paraît.

Encore un coup d’Edin Terzic ?

Pour chaque gros affrontement ou presque cette saison, l'entraîneur du Borussia Dortmund Edin Terzic a préparé un plan particulier. Lors de la première rencontre de Ligue des champions face au PSG en poule (2-0), le BVB a arboré pour la seule et unique fois de la saison un système à cinq défenseurs, à Milan (1-3) le jeune Jamie Bynoe-Gittens (19 ans) était titularisé pour la première fois de sa carrière en C1 sur un côté gauche qui avait été particulièrement ciblé par les Allemands, face à l’Atletico à Madrid (2-1) et à Munich contre le Bayern en Bundesliga (0-2), le latéral gauche Ian Maatsen n’a cessé de repiquer à l’intérieur… Alors à quoi s’attendre face aux Madrilènes en finale ?

S'il est impossible d'anticiper la créativité débordante de l'imprévisible Edin Terzic, plusieurs pistes semblent toutefois plus évidentes que d’autres. Emmené par Vinicius Junior et Rodrygo, le 4-4-2 du Real Madrid profite de deux joueurs polyvalents en attaque Les deux Brésiliens peuvent ainsi se muer en joueur de côté autant qu’en numéro neuf afin de se rendre disponible dos au but ou pour attaquer la profondeur. C’est sur ce type de situation que le volume de jeu défensif de Karim Adeyemi et Jadon Sancho, les ailiers du 4-3-3 allemand, pourrait devenir clé. Un apport précieux déjà présent face au PSG qui pourrait permettre à Dortmund de défendre efficacement la largeur, mais qui sera aussi très coûteux en énergie pour des joueurs dont le but premier est avant tout de faire des différences offensivement.

Edin Terzic Borussia Dortmund
Crédits photo : IconSport

De la même manière, la compacité défensive habituelle du bloc de Dortmund pourrait devenir particulièrement utile face à une équipe aussi liquide et désorganisée que le Real Madrid. Alors qu’ils n’hésitent pas à déserter certaines zones pour en occuper d’autres en nombre, les Merengues pourraient se voir opposer une densité suffisante pour contrarier ces séquences qu’ils affectionnent tout particulièrement, notamment côté gauche.

Les coups de pied arrêtés comme arme fatale

Enfin, dernier point clé : les coups de pied arrêtés. Mats Hummels (1,91 m), Niclas Füllkrug (1,89 m), Nico Schlotterbeck (1,91 m), Emre Can (1,86 m)… Sur corner, Dortmund ne manque pas de cibles et les tireurs que sont le plus souvent Jadon Sancho, Julian Brandt et Marco Reus disposent du pied nécessaire pour les atteindre. Le Real, qui défend avec quelques joueurs en zone proche du gardien et le reste en marquage individuel, pourrait rapidement s’exposer au danger . Alors que les Jaune et Noir positionnent le plus souvent les joueurs plus dangereux dans le domaine aérien au point de penalty, relativement loin de la ligne de but, il est plutôt aisé d’imaginer les Allemands arriver lancés à la retombée face à des madrilènes immobiles. Si la balance du jeu penche nettement du côté de l’équipe aux 14 Ligue des champions, les phases arrêtées quant à elles semblent parfaitement redistribuer les cartes, ce qui pourrait permettre au BVB de reproduire le coup réussi au Parc des Princes (0-1 suite à un but de Mats Hummels sur corner) début mai.

Le talent, l'expérience, le parcours… Tout ou presque semble annoncer que le Real remportera ce samedi soir une quinzième Ligue des champions. Un rapport de force initialement déséquilibré que Dortmund a toutefois l'habitude de renverser… Et qui pourrait permettre aux Allemands de décrocher leur deuxième C1, onze ans après leur dernière finale perdue face au Bayern Munich (0-1) à Wembley, déjà.