L'information a été rendue officielle ce jeudi 1er juin, Igor Tudor ne sera plus l'entraîneur de l'Olympique de Marseille au coup d'envoi de la saison prochaine. Si la saison des Phocéens fut loin d'être catastrophique, de nombreux indices montraient pourtant depuis plusieurs semaines que le destin du Croate était déjà scellé.
Le 4 juillet 2022, Igor Tudor était nommé en grandes pompes nouvel entraîneur de l'Olympique de Marseille. Le Croate prenait alors la suite de Jorge Sampaoli, parti à la surprise générale. Moins d'un an plus tard, l'aventure prend déjà fin pour le technicien de 45 ans. Troisième de la Ligue 1 et pouvant encore prétendre à la Ligue des Champions par la voie des barrages, l'OM ne sort pourtant pas d'une saison totalement ratée. Voici les trois raisons pour lesquelles cette décision radicale était à prévoir.
1. Un vestiaire perdu
Avec 73 points au compteur à une journée de la fin du championnat, l'OM est loin de s'être ridiculisé au cours des derniers mois. Il faut ainsi remonter à l'exercice 2017-2018 pour retrouver la trace total plus élevé. À l'époque, l'équipe coachée par Rudi Garcia avait conclu sa saison avec 77 unités dans sa musette. Petit paradoxe à noter, Igor Tudor fait même mieux que son prédécesseur Jorge Sampaoli en terme de points (71 pts) mais moins bien en terme de position puisque l'Argentin avait conduit ses protégés sur la seconde marche du podium.
Le problème semble donc se situer ailleurs. La gestion humaine pourrait notamment être l'une des explications de ce brusque départ. Sa relation avec certains cadres du vestiaire phocéen peut notamment interroger. On peut ainsi se pencher sur le cas Matteo Guendouzi. Homme clé de Jorge Sampaoli, l'international français a vécu une saison bien plus compliquée sous le mandat du natif de Split. Titulaire à 36 reprises durant la saison 2021-2022, l'ancien Gunner n'a connu que 24 titularisations en 2022-2023 et dans une position plus avancée que son poste de prédilection. Difficile pourtant de reprocher quelque chose au natif de Poissy qui n'a jamais compté ses efforts sous le maillot Ciel et Blanc. La relation entre les deux hommes a parfois paru un peu compliqué même si Matteo Guendouzi n'a jamais critiqué publiquement son entraîneur.
💬 "Il a tué Payet, il a tué Gerson, il a tué Guendouzi"
Avi Assouly, grand report et ancien commentateur des matchs de l'OM sur Radio France, réagit au départ d'Igor Tudor du club pic.twitter.com/mJApTuBDCh
— BFM Marseille Provence (@BFMMarseille) June 1, 2023
Autre point de tension, la gestion du cas Payet. Très apprécié par le public du Vélodrome, le Réunionnais a passé des mois aux oubliettes. Régulièrement utilisé par Jorge Sampaoli malgré un âge déjà avancé (28 titularisations en 2021-2022), l'ancien milieu des Bleus n'a eu le droit qu'à des miettes sous Igor Tudor (seulement 9 titularisations cette saison). Si l'état de forme de Dim' peut expliquer un temps de jeu moindre, cette mise à l'écart d'une “légende du club” a provoqué l'incompréhension de beaucoup de supporters. La décision du Croate d'écarter Dimitri Payet pour le possible dernier match de sa carrière Lille est définitivement venue ternir le bilan sportif d'Igor Tudor.
On peut également s'interroger sur l'intégration de Vitinha, arrivé durant le mercato hivernal. La recrue la plus chère de l'histoire du club n'a pas eu le loisir d'exprimer son talent dans les mois qui ont suivi (5 titularisations). Un manque de confiance qui n'a pas vraiment facilité l'acclimations de l'ancienne star de Braga. En début de saison, c'est le cas Gerson qui avait interrogé. Arrivé à un excellent niveau la saison passée, le Brésilien avait pourtant été écarté d'entrée des plans de Tudor, ce qui avait précipité son départ,
2. Des tensions avec le public
Entre le Vélodrome et Igor Tudor, les relations pourraient s'illustrer par des montagnes russes avec hauts très hauts et des bas très bas. Sifflé pour son premier match dans l'enceinte phocéenne après une présaison ratée, le Croate a rapidement découvert l'exigence du peuple marseillais. Grâce à des résultats probants et un jeu excitant, l'ex-entraîneur de l'Hellas Vérone est pourtant parvenu à retourner la majorité de ses détracteurs.
Ce dernier a même offert aux 67 000 supporters du Vel' l'une des plus belles performances de ces dernières années en triomphant du PSG en Coupe de France (2-1). Cette superbe performance restera d'ailleurs comme la plus belle œuvre de son mandat dans un sommet d'intensité. Cette superbe soirée fut cependant rapidement suivie d'un cuisant échec. Difficile en effet d'oublier cette douloureuse humiliation face à Annecy dans un stade qui ne rêvait que de s'enflammer à nouveau. Et la gifle reçue quelques jours plus tard contre Paris à domicile (0-3) a confirmé les maux de l'OM sur ses propres terres.
👉 Selon la Provence, Igor Tudor ne se serait jamais vraiment senti accepté à #Marseille. Il n'aurait pas digéré les sifflets du Vélodrome lors de la première journée.#TeamOM | #MercatOM pic.twitter.com/smEdMdIEE9
— OM Inside (@OM_Inside) June 1, 2023
Si les Ciels et Blancs ont brillé loin de chez eux (2èmes du classement à l'extérieur), les hommes d'Igor Tudor ont étonnamment eu bien plus de mal devant leur propre public (6ème classement à domicile avec 5 défaites au total). La dernière contre-performance contre le Stade Brestois (1-2) est venue couronner cette fin de saison ratée. Car si l'OM a très longtemps occupé la seconde place de la Ligue 1, c'est bien Lens qui finira finalement dauphin du PSG et empoche sa qualification directe pour la LDC.
À l'inverse, Marseille devra passer par deux tours supplémentaires pour avoir la chance de retrouver la phase de poule de la Coupe aux Grande Oreilles en septembre prochain. On notera d'ailleurs sur ce points précis que l'OM aura perdu ses deux confrontations face au Sang et Or, son rival numéro 1 cette saison.
3. Des rapports tendus avec les médias
Si ce point peut paraître bien plus futile que les autres précédemment évoqués, cette relation compliquée avec la presse n'est pas si anodine que ça. Pour l'illustrer, on peut par exemple citer cette épisode survenu le 4 mai dernier. À quelques jours du choc face à Lens, Igor Tudor est interrogé par la presse sur l'adhésion du groupe “à sa méthode”, relate alors RMC Sport. Peu inspiré, le coach quitte la pièce sans répondre tout en gardant le sourire.
Il y'a aussi cet échange assez musclé avec Alexandre Ruiz, de la chaîne Free Ligue 1, au terme d'une défaite à domicile contre Lens (0-1) plus tôt dans la saison. Interrogé par l'ex-star de beIN Sport, Igor Tudor ne se laisse pas intimider par son interlocuteur et finit même par mettre sa main sur l'épaule, ce qui donnera lieu à une séquence très commentée sur les réseaux sociaux.
La réaction d'Igor Tudor 🔵⚪️ après cet #OMRCL au micro du #RuizClub pic.twitter.com/jEa2SWC8qr
— Free Ligue 1 (@FreeLigue1) October 22, 2022
Après avoir annoncé son départ de manière officielle, le premier intéressé a d'ailleurs eu un mot à destination des journalistes présents ce jeudi. Si Igor Tudor est resté plutôt évasif sur les raisons réelles de sa décision, le Croate s'est excusé à demi-mots pour ses réponses parfois un peu acerbes.
“Je veux remercier les journalistes, c'est notre dernière conférence de presse. Vous m'avez fait grandir, parfois vous m'avez posé des questions difficiles, c'est votre travail. Parfois, j'ai pu peut-être exagérer un peu, c'est aussi l'orgueil qui m'a poussé et je m'excuse si j'ai été un peu dur. Je vous souhaite le meilleur à vous pour la suite”, a ainsi conclu le désormais ex-coach de l'OM.
