Duo d’entraîneurs : Gasset, Courbis, Garcia… Ces 5 précédents qui font froid dans le dos pour Clermont

Lanterne rouge de Ligue 1, le Clermont Foot tente de faire bouger les lignes, tout en préparant une éventuelle descente en Ligue 2 la saison prochaine. Les Auvergnats ont engagé Sébastien Bichard, ex-adjoint d'Habib Beye au Red Star, comme entraîneur principal adjoint. Il forme donc un duo avec Pascal Gastien jusqu'à la fin de la saison.

C'est une décision pas banale qu'ont pris les dirigeants de Clermont en début de semaine. Alors que le club auvergnat reste sur six matchs sans victoire en Ligue 1, dont une correction reçue face à l'Olympique de Marseille le week-end dernier (1-5), l'état-major du CF63 a décidé de donner un nouvel élan à l'équipe en nommant Sébastien Bichard, qui opérait aux côtés d'Habib Beye du côté du Red Star, l'actuel leader de National.

Le technicien français ne prend pas la place de Pascal Gastien, mais coachera bel et bien à ses côtés, avec un statut d' “entraîneur principal adjoint”, comme l'a annoncé Clermont dans un communiqué. En revanche, il est déjà acté que Bichard sera l'entraîneur du club la saison prochaine. “Le Clermont Foot 63 et le Red Star FC 1897 ont trouvé un accord pour la libération anticipée du coach Sébastien Bichard. En quête d’un nouvel élan pour son opération maintien en Ligue 1 Uber Eats, le Clermont Foot 63 est satisfait d’annoncer la signature d’un renfort important en accompagnement de Pascal Gastien, entraîneur principal de l’équipe première depuis septembre 2017, en la personne de Sébastien Bichard. S’il terminera la saison actuelle auprès de Pascal Gastien, dès le 1er juillet prochain il sera nommé entraîneur principal du Clermont Foot 63 quelle que soit la division dans laquelle évoluera le club“, indique le communiqué officiel.

Dans la foulée de l'annonce, les deux principaux intéressés se sont confiés sur ce futur duo. “Je suis ravi de l’arrivée de Sébastien Bichard. Ses compétences nous seront très utiles dans notre objectif de maintien en Ligue 1 Uber Eats. Nous allons collaborer étroitement au quotidien afin de lancer une nouvelle dynamique pour cette fin de saison“, a expliqué Pascal Gastien sur le site officiel du club.

De son côté, le nouvel arrivant a mis en avant sa volonté de s'inscrire dans la durée, tout en étant conscient que sa mission première était de maintenir le club. “Je tiens tout d’abord à remercier le Red Star FC 1897 de m’avoir permis de saisir cette opportunité. Ensuite, je suis très heureux de rejoindre le Clermont Foot 63, un club qui possède des valeurs et une philosophie qui me ressemblent. J’ai hâte et je suis très motivé à l’idée de débuter cette nouvelle collaboration avec Pascal Gastien et l’ensemble du staff afin de tout mettre en œuvre pour maintenir le club en Ligue 1. Ma volonté est de m’inscrire dans la durée ici tout en maintenant l’ADN du club.

Leur collaboration débutera par le choc du bas de tableau, sur la pelouse du FC Metz ce dimanche (15h). En attendant de voir comment Pascal Gastien et Sébastien Bichard se débrouillent en cette fin de saison, nous allons jeter un coup d’œil dans le rétroviseur pour se remémorer les différents duos qui se sont assis sur les bancs de Ligue 1 au XXIe siècle, traités dans un ordre chronologique.

Jean-Guy Wallemme et Rudi Garcia (AS Saint-Étienne, 2001)

Lors de la saison 2000-2001, année de la remontée en Ligue 1 pour l'AS Saint-Étienne, les Verts connaissent un exercice particulièrement difficile. Avec un effectif composé de joueurs comme Jérôme Alonzo, Julien Sablé ou encore Alex, le promu entame pourtant bien sa saison avec deux victoires et deux matchs nuls lors des quatre premières journées du championnat.

Mais à partir du mois de septembre, ternie par des affaires extrasportives, la saison commence à se gâter alors que l'ASSE patine et pointe à la 16ème place à l'issue de la 10ème journée. Sept points sont retirés au club dans l'affaire des faux passeports. À la fin du mois, le coach gallois John Toshack remplace Robert Nouzaret, en poste jusque-là. Lui aussi quitte finalement le Forez fin janvier, alors que la situation du club ne s'est pas améliorée.

Pour tenter d'obtenir sa survie dans l'élite, les dirigeants nomment un improbable duo composé de Jean-Guy Wallemme, alors joueur de l'effectif et capitaine, et Rudi Garcia, ex-assistant de Toshack. Malheureusement, les deux hommes ne parviendront pas à maintenir les Verts en première division et terminent à la 17ème place, avec un bilan de seulement deux victoires en douze matchs.

Plus tard, Jean-Guy Wallemme expliquera qu'il s'agit de l'un de ses pires souvenirs en carrière. “On se retrouve avec une équipe un peu sur une jambe, on commence à avoir de moins bons résultats, et puis Robert Nouzaret est remercié, s'était remémoré le natif de Maubeuge. L’entraîneur suivant reste deux mois, et les dirigeants me demandent de prendre des responsabilités, avec Rudi Garcia comme adjoint, qui accepte de rester en tant que numéro 2 à ma demande. On bat le PSG, et puis on m’annonce un matin, avec dix centimètres de neige à Saint-Étienne, qu’on nous retire sept points avec l’affaire des faux passeports, ça a été une étape particulière. On passe avant-derniers, 4-5 équipes nous repassent devant… Ça reste toujours une cicatrice aujourd’hui. Les deux derniers mois, je n’étais plus entraîneur ni joueur, car j’avais été mis à l’écart.

Jean-Louis Gasset et Xavier Gravelaine (FC Istres, 2005)

Fort d'une expérience d'entraîneur principal du côté de Montpellier et de Caen, et d'un rôle d'adjoint au Paris Saint-Germain et à l'Espanyol Barcelone, Jean-Louis Gasset débarque au FC Istres avec Xavier Gravelaine, pour qui il s'agit de sa première sur un banc de touche (qui sera également sa dernière), en janvier 2005.

Le club provençal vient tout juste de monter dans l'élite et Mehmed Baždarević, qui a permis aux Violets d'accéder à la première division la saison précédente, est remercié par sa direction puisque les Istréens doivent attendre la 17ème journée pour décrocher leur premier succès face à Bastia (1-0).

Malheureusement, la messe semblait déjà dite et le duo Gasset-Gravelaine ne fait pas de miracle. Bien que la deuxième partie de saison soit de meilleure facture avec notamment cinq succès entre janvier et fin mai, le FC Istres fait l'ascenseur et redescend en deuxième division. Jean-Louis Gasset reste à la tête du club lors de la saison 2005-2006 avant d'être lui aussi débarqué en septembre 2006. Gravelaine, de son côté, avait mis les voiles un peu moins d'un an auparavant.

Xavier GRAVELAINE, Jean Louis GASSET, Istres
Crédits photo : IconSport

Pascal Baills et Bruno Martini (Montpellier, 2015)

En début de saison 2015-16, l'objectif de Montpellier, qui sort d'une belle 7ème place l'année précédente, est de terminer dans le Top 10 de la Ligue 1 sous la houlette de Rolland Courbis, arrivée au club en 2013. Mais cette campagne ne démarre pas comme prévu puisque les Héraultais connaissent le pire départ de leur histoire avec quatre défaites et un match nul lors des cinq premières journées, face à des adversaires pourtant à leur portée (Angers, Troyes…).

19ème après cinq rencontres, le MSHC reprend quelques couleurs, mais reste tout de même très loin de ses objectifs à la mi-saison (15ème), ce qui coûte sa place à Rolland Courbis. La famille Nicollin privilégie une solution interne en nommant Pascal Baills, ex-adjoint de Courbis, aux côtés de Bruno Martini, entraîneur des gardiens. “L’idée c’était de travailler avec le staff actuel et de rajouter Bruno Martini qui a certaines compétences. Les circonstances font que dans l’urgence, il faut trouver une solution qui convient le mieux au club. Après, il faut voir les joueurs et amener les vingt ou vingt-deux points qui nous manquent pour avoir le maintien pour la saison prochaine“, avait ainsi confié Laurent Nicollin.

Un choix qui avait visiblement été subi par Pascal Baills à l'époque. “Ce n’est pas quelque chose que je désirais. On a été tous surpris de la manière dont cela s’est passé la semaine dernière. C’est précipité, il n’y avait rien de réfléchi, expliquait-il suite à sa nomination. C’est spontané, on y va et puis voilà on verra bien. Comme Laurent Nicollin l’a dit, on verra dans cinq mois. L’urgence c’est de prendre les vingt-deux ou vingt-trois points qui restent pour que le Montpellier Hérault soit en Première Division la saison prochaine. C’est ça l’objectif numéro 1.

Le duo ne parvient pas à relancer la machine et enchaîne même trois défaites consécutives face à Bordeaux, Bastia et Caen, avant que le club n'arrête les frais et ne nomme Frédéric Hantz. L'entraîneur passé par Le Mans reprend l'équipe à la 18ème place et réalise une très grosse fin de championnat avec notamment 8 victoires en 16 matchs pour remonter à la 12ème place.

Ricardo et Éric Bedouet (Bordeaux, 2018)

Les Girondins de Bordeaux ont également tenté l'expérience en associant Ricardo et Éric Bedouet durant la saison 2018-2019. À vrai dire, les dirigeants bordelais n'ont pas vraiment eu d'autres choix que d'avoir un entraîneur “bis” puisque le coach brésilien n'avait pas les diplômes suffisants pour se lever du banc durant les rencontres et participer aux conférences de presse. Il est donc contraint de débarquer dans un rôle de manager. Ricardo avait pourtant déjà entraîné en Gironde un peu plus de 10 ans auparavant, remportant notamment une Coupe de la Ligue en 2007.

S’il vient en tant que manager, Ricardo aura le droit de s’asseoir sur le banc en tant que dirigeant. Mais il n’aura pas le droit de se lever, d’avoir le moindre contact avec les arbitres. Il ne pourra pas tenir les conférences de presse réglementaires avant et après les matchs, mais il pourra s’exprimer de temps en temps dans son rôle de manager“, avait lancé Raymond Domenech, président de l'UNECATEF (syndicat des entraîneurs), jamais le dernier pour faire du zèle avec les coachs étrangers.

C'est après avoir écarté Gustavo Poyet au mois d'août que le club au scapulaire fait appel à Ricardo, début septembre, pour tenter de redresser la barre. Pour Alain Giresse, le fait de ne pas avoir la possibilité de se lever durant les rencontres n'allait, de toute manière, pas changer grand-chose. “Franchement, si vous pensez que les gesticulations d’un coach sur la touche ont un véritable effet… avait expliqué l'ancien international français. C’est possible d’intervenir depuis son banc avec un changement tactique. D’ailleurs, je serais bien incapable de me souvenir de ce que me disaient mes coachs pendant une rencontre. Si tant est qu’on l’entendait avec le bruit du stade !

Assis ou debout, cela ne changera finalement pas grand-chose pour les Girondins de Bordeaux puisque Ricardo est évincé début mars, seulement six mois après son arrivée, alors que le club pointe à une triste 13ème place de Ligue 1. C'est Paulo Sousa qui avait terminé la saison au Matmut Atlantique et qui ne fera guère mieux que ses prédécesseurs avec une 14ème place en fin d'exercice.

Fabien Mercadal et Rolland Courbis (Caen, 2019)

Dix-neuvième de Ligue 1 un peu après la mi-saison 2018-2019, le Stade Malherbe de Caen décide d'apporter de l'expérience au coaching en nommant Rolland Courbis aux côtés de Fabien Marcadal, seul entraîneur principal jusque-là. À l'image des arguments avancés par Clermont avec Sébastien Bichard, le club normand souhaite donner un nouvel élan à son équipe. “Nous devons affronter la réalité de notre classement. Tout en s’appuyant sur le staff en place et en particulier Fabien Mercadal, apporter un nouveau souffle à l’équipe pour la suite de la saison est nécessaire. Nous sommes sensibles à l’attention que Rolland Courbis porte au club.  Son arrivée possible pourrait permettre de créer l’effet escompté dans ce genre de situation difficile“, avait ainsi expliqué le pensionnaire du stade Michel d'Ornano, par l'intermédiaire de son président, à l'époque.

Rolland Courbis, Fabien Mercadal, Caen
Crédits photo : IconSport

Durant l'une des premières conférences de presse, Rolland Courbis avait justement détaillé le fonctionnement de cette collaboration. Sans surprise, c'est l'ex-coach de l'OM et des Girondins de Bordeaux qui avait le dernier mot en cas de désaccord. “Ça se passe comme un duo, ce qui a d'ailleurs déjà existé à Nîmes: Pibarot et Rouvière, à l'époque, ça ne se passait pas trop mal. Là, on a reformé un duo. On va répéter et rerépéter que ça se passe bien et qu'on est d'accord 8 à 9 fois sur 10. Quand il faut décider et qu'on n’est pas d'accord, Fabien a répondu, par diplomatie, que c'est l'ancienneté qui prime.

Sur le terrain, je suis debout, je communique avec mon capitaine. Toutes les informations que j'ai, je les échange avec Rolland. Même en temps réel on arrive à se mettre d'accord, tout simplement. Ça fait un cerveau en plus“, confiait, de son côté, le plus jeune.

Sur les 13 matchs restants, le duo ne parvient pas à redresser la barre et le bilan de 4 victoires, 2 nuls et 7 défaites ne permet pas à Caen de se maintenir dans l'élite. Les Normands terminent l'exercice à la 19ème place. Depuis, Malherbe n'est pas parvenu à remonter en Ligue 1…

Les duos d'entraîneurs, une mauvaise idée ?

Même si on souhaite de la réussite à Pascal Gastien et Sébastien Bichard du côté de Clermont, force est de constater qu'aucun duo d'entraîneurs n'a connu de résultats probants dans le championnat de France depuis le début des années 2000.

Souvent mis en place comme plan de secours dans un objectif maintien, cette solution ne semble pas vraiment porter ses fruits. Clermont, actuelle lanterne rouge de Ligue 1, pourrait confirmer cette tendance.

À noter également qu'un trio a même été tenté dans un passé récent. C'était du côté de Brest en 2022, lorsque Bruno Grougi, Julien Lachuer et Yvan Bourgis avaient réalisé l'intérim après la mise à pied de Michel Der Zakarian mi-octobre. Après  2 victoires, 1 nul et 4 défaites, Eric Roy a été nommé en remplacement du trio. Avec le succès que l'on connaît.

Mathieu Dumas
Arrivé dans le métier sur un coup de tête à la Peter Crouch, j'ai fait mes gammes chez la Fédération Française de la Lose (FFL) avant d'explorer, par la suite, un monde autre que celui de la défaite. Au fil des expériences, j'ai pris de la bouteille comme Sidney Govou, en gardant toujours la même passion. Mon mantra : produire des analyses au moins aussi bonnes que Jean-Marc Ferreri.