OM-Benfica : 2010, l’autre cicatrice

Jeudi soir, l'Olympique de Marseille se déplace sur la pelouse du Benfica Lisbonne dans le cadre des quarts de finale aller de l'Europa League. Beaucoup ont en mémoire la demi-finale de C1 et la fameuse main de Vata lorsqu'on évoque les confrontations OM-Benfica, mais le duel entre les deux formations lors de la saison 2009-2010 avait également été particulièrement cruel pour les Phocéens.

C'est un OM en perte de confiance qui va se présenter sur la pelouse de l'Estádio da Luz jeudi soir, pour le quart de finale aller d'Europa League. Sur une série de quatre défaites de rang, les Phocéens ne sont pas au mieux et leurs dernières sorties inquiètent. De leur côté, les coéquipiers d'Angel Di Maria restent sur une défaite dans le derby de Lisbonne face au Sporting (2-1) et occupent la deuxième place du classement en championnat.

L'OM et le Benfica se sont déjà croisés à deux reprises sur la scène européenne. Ses deux duels ont tourné à l'avantage de la formation portugaise avec, à chaque fois, un scénario cruel pour les Provençaux. On se souvient évidemment de la demi-finale de Coupe des Clubs Champions 1990 (ex-Ligue des Champions) perdue à cause du but de la main de Vata lors du match retour (1-0), alors que les joueurs de Gérard Gili s'étaient imposés lors du match aller au stade Vélodrome (2-1).

Plus de 20 ans après, l'attaquant angolais continue de nier avoir touché le ballon du bras, alors que les images ne laissent guère de place au doute. “Si j’ai marqué de la main ? Non, a répété l'ex-joueur de Benfica dans un entretien accordé à A Bola au mois de mars. Eric Di Meco était collé à moi. Quand le ballon est venu, je n’ai pas eu le temps de penser. Di Meco était avec moi. Moi, j’ai appris à l’école qu’il y a la main, l’épaule et la poitrine. Je n’ai pas marqué de la main. Si c’était la main, le ballon n’aurait pas pu avoir cette vitesse. Si c’était avec la main, pourquoi mentir ?

Les titulaires olympiens de l'époque ne sont évidemment pas de cet avis, à commencer par Eric Di Meco, qui était effectivement au marquage de l'Angolais. “Je suis entre Vata et le but, je le retiens, et en voulant m'échapper, il reprend le ballon avec le milieu du bras, pas l'épaule, par réflexe. Je proteste tout de suite, Mozer et Castaneda, face à moi, comprennent et j'ai revu récemment une photo où on voit Francescoli qui lève les bras, car il s'aperçoit immédiatement de la tricherie“, confiait le consultant à La Provence. “Si Vata prétend qu'il n'a pas fait faute, qu'il aille s'acheter des lunettes !“, a lancé de son côté Jean-Pierre Papin.

Dans l'esprit des supporters marseillais, cette rencontre du 18 avril 1990 est incontestablement l'un des souvenirs les plus douloureux de l'histoire du club, d'autant plus en raison de l'enjeu. Mais les retrouvailles entre les deux équipes pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa 2009-2010 ont également été difficiles à digérer pour l'OM.

Un match aller de bonne facture pour l'OM

Sous la houlette de Didier Deschamps, l'OM dispute la phase de groupe de la Ligue des Champions lors de la saison 2009-2010. Dans une poule composée du Real Madrid, du Milan AC et du FC Zurich, les coéquipiers de Mamadou Niang réalisent un bon parcours, mais terminent à deux points de la qualification avec 7 unités au compteur, derrière les Madrilènes (13 points) et les Rossoneri (9 points).

Les Phocéens sont tout de même reversés en Ligue Europa et disputent les seizièmes de finale face à un deuxième de poule, le FC Copenhague. À l'aller, comme au retour, l'OM s'impose sans trembler 3-1, pour aller défier le Benfica Lisbonne, tombeur du Hertha Berlin, en huitièmes. La formation portugaise, qui comptent dans ses rangs des joueurs comme Luisao, Fabio Coentrao, David Luiz, Ramires ou encore Angel Di Maria, reste une référence sur la scène européenne.

Le match aller se dispute en terre lisboète et se révèle plutôt équilibré. Dès le début de la rencontre, Lucho Gonzalez rate une énorme opportunité seul aux six mètres qui aurait pu permettre aux Olympiens de prendre les devants d'entrée. Les locaux reprennent ensuite le jeu à leur compte et mettent une grosse pression sur les cages de Steve Mandanda. C'est finalement sur un coup de billard à l'entame du dernier quart d'heure de jeu, et une faute de main du portier français, que Benfica va ouvrir le score par l'intermédiaire de Maxi Pereira.

Alors que l'on se dirige vers une défaite olympienne, Hatem Ben Arfa, entré en jeu 15 minutes auparavant vient catapulter une tête au fond des filets de Julio Cesar, sur un centre de Laurent Bonnart. Deschamps et ses hommes repartent de Lisbonne avec un résultat positif en poche (1-1), avant le retour une semaine plus tard au stade Vélodrome.

Une élimination au bout du temps additionnel

Pour le match retour, l'entraîneur marseillais aligne le même onze qu'à l'aller dans son schéma habituel en 4-3-3 : Mandanda – Bonnart, Mbia, Diawara, Taiwo – E. Cissé, Gonzalez, Cheyrou – Abriel, Brandao, Niang. Avec ce nul obtenu à l'Estádio da Luz, et puisque le but à l'extérieur était toujours en vigueur à l'époque, un 0-0 qualifie l'OM pour le tour suivant.

Solides pendant les trois quarts de la rencontre, les Marseillais ouvrent le score par l'intermédiaire de Mamadou Niang à la 69ème minute et pensent évidemment avoir fait le plus dur, même si un but du Benfica enverrait les deux équipes en prolongation. La réponse ne tarde pas à venir puisque c'est encore Maxi Pereira, déjà buteur une semaine plus tôt, qui récidive d'une frappe des 30 mètres.

Au lieu de pousser pour aller forcer la décision, l'OM recule et sur un ultime coup franc dans le temps additionnel, les Phocéens craquent (90e). À la suite d'un ballon mal repoussé par Édouard Cissé, c'est l'entrant Alan Kardec qui offre la victoire au Benfica d'un tir croisé dans la lucarne (1-2). L'OM est éliminé. “Nous avons eu du mal contre cette équipe de Marseille. Nous avons pris ce but en deuxième période et nous avons su réagir. Ce but que j'ai marqué était très important pour moi et pour l'équipe. C'était un moment spécial. Avant de rentrer en jeu, le coach m'avait dit : tu vas aller marquer, et je l'ai fait“, avait confié le bourreau des Phocéens après le coup de sifflet final.

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Le capitaine Mamadou Niang, lui, n'avait pas caché sa frustration. “Je suis déçu, je suis dégoutté, j'ai beaucoup de frustration… Après le premier but, on a arrêté de jouer, alors qu'on aurait dû conserver le ballon, avait pesté l'international sénégalais. On a remis Benfica dans la partie alors que normalement ce but aurait dû les assommer. Avoir marqué ne me console pas, un 0-0 aurait suffi pour se qualifier, j'aurais préféré et j'aurais été largement plus content.

Le titre de champion de France comme lot de consolation

En quart de finale, Angel Di Maria et ses partenaires avaient hérité de Liverpool. Malgré une victoire au match aller (2-1), le club portugais n'avait pas tenu la distance en subissant une lourde défaite à Anfield la semaine suivante, mettant ainsi fin à leur rêve de titre (1-4). Cette année-là, c'est l'Atlético Madrid qui avait remporté la compétition en battant Fulham en finale, après prolongation (2-1).

Du côté de la Canebière, cette élimination avait été rapidement digérée puisque l'OM avait été sacré champion de France lors de la saison 2009-2010 après plus de 25 ans d'attente. Les Marseillais avaient même réalisé le doublé en remportant la Coupe de la Ligue face aux Girondins de Bordeaux (3-1), la première des trois qu'ils remporteront en 2010, 2011 et 2012.

À la fin de la saison, Didier Deschamps n'avait d'ailleurs pas hésité à faire un clin d'oeil au Benfica et à cette double confrontation. “C’est paradoxal et je ne devrais peut-être pas le dire, mais c’est surtout l’élimination contre Benfica qui nous permet d’en être là aujourd’hui. Si on avait continué notre parcours européen, en jouant le jeudi et le dimanche, je suis certain que nous n’en serions pas là.

Malheureusement, une élimination cette année ne va sans doute pas changer l'issue de la saison des Olympiens. Espérons donc que l'OM brise cette mini-malédiction.

Mathieu Dumas
Arrivé dans le métier sur un coup de tête à la Peter Crouch, j'ai fait mes gammes chez la Fédération Française de la Lose (FFL) avant d'explorer, par la suite, un monde autre que celui de la défaite. Au fil des expériences, j'ai pris de la bouteille comme Sidney Govou, en gardant toujours la même passion. Mon mantra : produire des analyses au moins aussi bonnes que Jean-Marc Ferreri.