Euro 2024 : pluie de buts lointains, des CSC à la pelle… Les bizarreries de cette édition décryptées
/https%3A%2F%2Fwww.topmercato.com%2Fapp%2Fuploads%2F2024%2F06%2FICONSPORT_232673_0116-scaled.jpg)
Depuis le début de l’Euro 2024, de nombreux buts ont été inscrits suite à une frappe lointaine ou par un joueur contre-son-camp. Mais ces deux phénomènes sont-ils vraiment plus fréquents que lors des précédents Championnats d’Europe ?
Quel meilleur exemple pour illustrer cette évolution que la rencontre de mercredi entre l’Écosse et la Suisse (1-1) ? D’abord, le but finalement accordé à Scott McTominay suite à une frappe largement déviée par Fabian Schär (12e) puis, quelques minutes plus tard, Xherdan Shaqiri a égalisé d’une frappe splendide hors de la surface (26e). Bien que ce match illustre parfaitement la tendance offensive du tournoi, Écossais et Suisses ne sont pas les seuls à bénéficier de tous ces buts si particuliers. La France s’est imposée grâce à un but contre son camp de Maximilian Wöber, l’Italie et l’Allemagne sont déjà parvenues à allumer la mèche en dehors de la surface via Nicolo Barella ou encore Emre Can… Mais d’où vient cette soudaine propension à marquer de la sorte ?
A thing of beauty from @XS_11official 👌#EUROGOTT | @AlipayPlus pic.twitter.com/bTooHeMmfR
— UEFA EURO 2024 (@EURO2024) June 19, 2024
Une adresse impressionnante
Au niveau des chiffres, cette réussite de loin semble difficile à illustrer. Sur la première journée, après douze rencontres disputées, 39,2% des frappes ont été réalisées en dehors de la surface selon Opta. Un pourcentage très proche de celui de l’Euro 2020, qui culminait à 37,3%. Toutefois, avec déjà 11 frappes lointaines transformées, l’Euro 2024 talonne d’ores et déjà de près l’ensemble du dernier Championnat d’Europe qui a vu 19 tirs en dehors de la surface être validés. Un ratio largement supérieur cette année qui démontre donc que la variable n’est pas la quantité des tirs, mais bel et bien la qualité de ces derniers. Lors du dernier Euro, 13,4% des buts avaient été inscrits hors de la surface. Cet été, ce chiffre explose et atteint à l'issue de la 1ère journée de groupes 32,4%.
Une adresse dont le Turc Arda Güler, le Roumain Nicolae Stanciu ou encore le Tchèque Lukas Provod ont fait preuve, en plus d’être souvent gonflée par la maladresse adverse. Dans un Euro qui culmine à près de trois buts par match, la réussite offensive semble au moins aussi présente que l'imprécision défensive. Un facteur qui facilite logiquement certaines réalisations, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Plusieurs fois, les frappeurs ont paru particulièrement esseulés aux abords de la surface. Si le but ne s’explique pas que de cette façon et qu’il faut évidemment ensuite beaucoup de justesse pour tromper le gardien de si loin, l'absence de contestation adverse favorise logiquement le frappeur.
Avec 115 frappes lointaines recensées sur la première journée de la phase de poules, l’Euro 2024 a égalisé le total de tirs tentés en dehors de la surface lors des 16 premiers matches lors de la Coupe du monde 2022. Une statistique qui à l'époque n'avait débouché sur aucun but, alors que 11 ont été inscrit de cette manière à l'Euro. Un chiffre qui pourrait encore grimper avec le phénomène du cercle vertueux. Voyant la réussite des autres sélections dans le domaine, plusieurs joueurs pourraient ainsi s’essayer de loin, gonflant ainsi le nombre de frappes tentées de ces zones et par extension celui du nombre de buts issus de ces dernières.
Sensational from Stanciu 😮💨#EUROGOTT | @AlipayPlus pic.twitter.com/HjAgKLxYO2
— UEFA EURO 2024 (@EURO2024) June 17, 2024
Des buts contre son camp à profusion
Avant l’Euro 2020, 7 buts avaient été inscrits contre leur camp lors d’un Championnat d’Europe au XXIe siècle. En 2021 – lors de l’Euro 2020 –, 11 CSC ont été recensés. Une tendance en très forte hausse qui semble se confirmer en 2024 alors que 4 réalisations de ce type ont déjà eu lieu sur les 13 premières rencontres. Mais pourquoi une telle explosion de ces chiffres ?
Grâce aux velléités offensives de toutes les nations, déjà. Dans un Euro particulièrement animé offensivement, les ballons touchés dans les surfaces adverses ainsi que les frappes sont logiquement plus nombreux, ce qui favorise naturellement les erreurs défensives. Le but contre son camp de Robin Hranac avec la Tchéquie semble être l’exemple idoine. En occupant la moitié de terrain adverse durant l’intégralité de la rencontre ainsi qu’en frappant 19 fois, le Portugal a logiquement mis la pression sur la défense adverse. Alors à la 69e minute, période à laquelle la fatigue physique commence à peser en plus de potentiellement subir certaines pertes de concentration, il n’est pas surprenant de voir la défense tchèque céder de la sorte. À noter que, comme expliqué ci-dessus, l'explosion du nombre des frappes lointaines permet aussi fatalement de gonfler le nombre de buts contre son camp subis suite à une déviation.
Plus largement, dans un football en constante recherche de progression et de modernisation, les équipes supposées fortes peuvent être considérées comme très dominantes et celles supposées plus faibles comme très résistantes. Tout du moins plus que dix ou vingt ans en arrière. Parce que l’arrêt Bosman a mondialisé ce sport en 1995, chaque sélection ou presque dispose aujourd’hui d’au moins un joueur référence qui évolue à un haut niveau européen en club. C’est précisément cette donnée qui permet à chaque nation de jouer son va-tout en misant sur quelques individualités pour faire la différence, permettant ainsi aux sélections les plus limitées de prendre pleinement leur chance face à des nations plus fortes. Si le match d’ouverture entre l’Allemagne et l’Écosse (5-1) a été une formalité pour les Allemands, le but contre son camp d’Antonio Rüdiger (87e) est bel et bien intervenu suite à un coup franc parfaitement frappé par le latéral gauche de Liverpool Andrew Robertson. C’est notamment ce bon ballon dans une zone clé qui a permis à l’Écosse de mettre la pression sur la ligne défensive adverse et ainsi de la pousser à la faute.
Well it’s now 4 players!
Antonio Rudiger – Germany v Scotland
Maximillian Wober – Austria v France
Robin Hranac – Czech Republic v Portugal
Klaus Gjasula – Albania v CroatiaCrazy amount of own goals so far & it was almost 5 before Mctominay was rightly credited with…
— The Footballing Brain (@The_FootyBrain) June 19, 2024
En outre, cette augmentation soudaine de buts inscrits en dehors de la surface ou de buts inscrits dans son propre camp est d’abord le résultat de l’extrême adresse et du poids offensif grandissant de chaque sélection présente à l'Euro 2024. Une évolution qui rend ce sport et cette compétition encore plus attractifs et qui pourrait bien finir par nous offrir l’Euro le plus prolifique de l’histoire. En 2021, la moyenne était de 2,79 buts par match, en 2024, cette dernière culmine pour le moment à 2,8.