Après sa victoire lors de son entrée en lice face à l’Autriche (1-0), l’équipe de France va tenter de se qualifier, ce vendredi (21 heures), face à l’autre gros poisson du groupe D : les Pays-Bas. Une rencontre qui s’annonce âpre et disputée, d’autant plus quand on sait que le capitaine des Bleus, Kylian Mbappé, est incertain. 

Deuxièmes de leur groupe de qualification pour l’Euro 2024 derrière l’équipe de France, les Bataves se sont inclinés deux fois face aux Bleus tout en remportant les six autres rencontres disputées de leur campagne. Une honorable performance qui concorde avec l’éclosion de certains talents tels que Xavi Simons ou la prise de pouvoir de joueurs plus expérimentés comme Nathan Aké, Denzel Dumfries ou encore Cody Gakpo. Lors de son premier match face à la Pologne, les Oranje ont alterné le bon et le moins bon tout en parvenant à s’imposer logiquement 2 buts à 1. Voici ce qu’il faut en tirer.

Asymétrie et jeu entre les lignes

Organisés en 4-2-3-1 sur le papier, les Pays-Bas ne cessent de se désarticuler en possession. Dans ce qui peut ressembler à un 3-2-5, le latéral droit Denzel Dumfries est régulièrement amené à évoluer très haut, forçant ainsi Xavi Simons à s'insérer à l'intérieur et Nathan Aké, latéral gauche sur le papier, à évoluer comme troisième défenseur central. Une animation que le défenseur de Manchester City maîtrise parfaitement puisqu’elle est fréquemment installée par Pep Guardiola en club. Cette déformation vise notamment à offrir un poste plus naturel à Aké, central de formation, et au très offensif Dumfries, plus piston que véritable latéral.

Un cran plus haut, le jeu entre les lignes est pris en charge par Memphis Depay, faux neuf, Xavi Simons, axe droit, ou encore le très mobile Tijjani Reijnders. Le côté gauche appartient quant à lui à Cody Gakpo, buteur face à la Pologne et toujours aussi frénétique et vertical balle au pied. Lors du premier match, l’attaquant de Liverpool a réussi les 5 dribbles qu’il a tentés, remporté 11 duels sur 13 disputés en plus de délivrer 3 passes clés.

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En ce qui concerne l’animation, les Oranje profitent régulièrement de leur défense à trois pour relancer le ballon proprement, en supériorité numérique. Amputée de Frenkie de Jong, blessé, la relance appartient aux talents balle au pied du portier Bart Verbruggen ou celui des défenseurs que sont Nathan Aké, Virgil van Dijk ou encore Stefan de Vrij. Avec 66% de possession face à la Pologne, les Néerlandais n’ont souffert d’aucune contestation dans ce domaine. Toutefois, l’équipe de Ronald Koeman n’est pas monomaniaque. Aptes à lancer certaines transitions ou à jouer long dans la profondeur pour Gakpo, les Pays-Bas disposent d’une certaine versatilité qui les rend menaçants. Ce pragmatisme n’est cependant pas toujours pleinement transformé, à l’image de la première période face aux Polonais. Avec 14 tirs – dont 10 dans la surface – pour seulement 3 cadrés, les Pays-Bas ont paru très à l’aise pour s’offrir de bonnes positions de frappe, mais beaucoup moins pour les convertir. Un facteur qu’ils devront corriger pour bousculer l’équipe de France sous peine de finir battus et frustrés comme bon nombre de sélections qui affrontent la bête froide et réaliste que sont les Tricolores.

Le rapport de force face aux Bleus

Face à l’équipe de France, l’opposition qui se dessine semble assez naturelle. Les hommes de Koeman voudront avoir le ballon et jouer relativement haut, ceux de Deschamps un peu moins. Néanmoins, chaque équipe semble avoir les armes pour blesser l’autre. Avec un côté droit particulièrement offensif et souvent déserté par un Denzel Dumfries porté vers l’avant, le côté gauche des Bleus pourrait bénéficier d’espaces. Une donnée qui pourrait parfaitement coller aux qualités d’un joueur rapide, qu’il soit Kylian Mbappé, Bradley Barcola, Kingsley Coman ou encore Theo Hernandez. Néanmoins, la profondeur pourrait être particulièrement bien gérée par Virgil van Dijk, ultra-efficace à l’heure de défendre en un contre un, ou Micky van de Ven, défenseur supersonique, même si habituellement remplaçant.

Jusqu'ici, il semblerait que la tendance de Didier Deschamps soit d'installer un milieu supplémentaire en la personne d'Aurélien Tchouaméni afin de décaler Adrien Rabiot côté gauche pour permettre au bloc tricolore de gagner en solidité. Si le milieu de la Juventus est capable de se projeter et d'apporter de la verticalité dans sa zone, le choix du sélectionneur de l'équipe de France prioriserait avant tout l'équilibre défensif, comme souvent. Sans Kylian Mbappé, les Bleus utiliseront alors leur côté gauche pourtant habituellement si pointu offensivement pour bloquer le couloir le plus dense des Bataves. Reste à savoir s'ils disposeront des munitions nécessaires pour attaquer l'espace ensuite.

Les Bleus devront toutefois se méfier de la diversité de ces Oranje. Un temps reconnu pour le football dogmatique de Johan Cruyff, ces derniers disposent aujourd’hui de plusieurs armes offensives bien distinctes. La verticalité balle au pied de Gakpo, les décrochages de Memphis, le poids et la taille de Weghorst dans la surface… Les Tricolores partent favoris, mais vont devoir être relativement compacts pour limiter les espaces entre les lignes, solides dans les duels sur les côtés pour bloquer Gakpo et Dumfries tout en étant suffisamment justes en transitions pour ne pas trop subir. Vous l’aurez compris, ce premier sommet ressemble à un véritable test pour les Bleus qui devraient savoir plus précisément où ils se situent dans cet Euro après la rencontre.

Pays-Bas équipe
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Alors que la présence ou non de Kylian Mbappé est une interrogation au moins aussi importante que l’identité de celui qui pourrait le remplacer, l’équipe de France aborde malgré cela l’opposition majeure de son groupe avec plusieurs certitudes. La plus grande d’entre elles étant sans aucun doute de constamment répondre présent lors des rencontres clés des grandes compétitions internationales. Voilà la première de son Euro 2024, en espérant qu’elle ne déroge pas à la règle.