Tout proche de s’engager avec l’Olympique de Marseille contre 12 millions d’euros, le milieu de terrain canadien Ismaël Koné est une des premières cibles de Roberto De Zerbi au même titre que Lilian Brassier ou encore Bachir Belloumi. Mais quel type de joueur est-il réellement ?

À 22 ans et après 46 rencontres disputées toutes compétitions confondues cette saison avec Watford, Ismaël Koné a attiré l’attention des grosses cylindrées. Celle de West Ham et de l’AS Roma, entre autres, qui n’auraient pas hésité à dégainer une offre pour s’attacher les services du natif d’Abidjan, qui aurait finalement choisi de rejoindre l’OM. Attiré par le projet marseillais et la présence de De Zerbi, l’international canadien (19 sélections, 2 buts) formé au FC Montréal dispose d’un profil recherché par le technicien italien que l’effectif olympien actuel ne possède pas.

Ismael Koné, Canada
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De Zerbi compatible

Adepte du 4-2-3-1, l'entraîneur olympien va devoir construire un groupe à l’image de ses ambitions collectives. Le plus souvent aligné dans un double pivot, Ismaël Koné semble s'inscrire parfaitement dans la structure souhaitée par De Zerbi. Particulièrement mobile avec le ballon, le Canadien, qui a  disputé 84 bonnes minutes face à l'équipe de France le 9 juin dernier (0-0), base l’essence de son jeu sur le dribble et la percussion. Sur la dernière année civile, seuls 8% des milieux européens tentent plus de possessions progressives que lui – chevauchées avec le ballon qui rapproche le cuir du but d’au moins 9 mètres – et seuls 9% tentent plus de dribbles que lui – 3 par match en moyenne.

À l’aise techniquement, le droitier oriente régulièrement sa prise de balle dans le sens du jeu, ce qui lui permet d’enchainer ensuite rapidement avec le ballon. Mesuré à 1 mètre 88, Koné dispose d’une supériorité athlétique qui lui permet de résister au contact lors de ses percussions. Plus fort pour progresser balle au pied que pour servir, celui qui totalise 4 buts et 3 passes décisives cette saison avec Watford dispose néanmoins d’une bonne qualité de passe longue et semble à l’aise pour orienter sur la largeur afin de faire coulisser le bloc adverse. Dans un football aussi vertical que celui de De Zerbi, nul doute que Koné trouvera son bonheur et qu’il parviendra à s’épanouir aux abords de la surface adverse comme il le fait habituellement. Toutefois, plusieurs zones d’ombre restent à éclaircir et notamment celles de l’aspect défensif et de la compétitivité, lui qui n’a jusqu’ici évolué qu’en MLS et en Championship.

Roberto De Zerbi, entraîneur
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Lacunes et marge de progression

Pour un joueur qui a fêté ses 22 ans le 16 juin dernier, difficile d’établir une liste de défauts irréversibles. Parce qu’il a encore largement le temps de progresser et qu’il ne serait pas le premier à exploser sous De Zerbi, Koné pourrait profiter de son transfert à l’OM pour passer un cap et étoffer une palette qui aujourd’hui a encore besoin de l’être.

Avec le ballon, le Canadien, qui dispute actuellement la Copa America, doit progresser sur deux aspects principaux : son volume de passes vers l’avant et savoir quand lâcher le ballon pour faire circuler le jeu. Parfois un peu frileux à la construction, Koné, qui s’annonce particulièrement dominant balle au pied, peut avoir tendance à miser essentiellement sur cet aspect de son jeu alors que le ballon ira toujours plus vite que lui. À ce niveau, la cohabitation avec De Zerbi pourrait être d’une aide très précieuse pour lui, l’Italien étant adepte du jeu en une touche, de circuits de passes mécaniques et de la création d’espaces à attaquer pour ses milieux.

Néanmoins, le plus gros point noir du Canadien réside dans l’aspect défensif. Sur les 365 derniers jours, 84% des milieux européens réalisent plus de tacles que lui, 90% interceptent plus de ballons que lui et 91% remportent plus de duels aériens que lui. Des chiffres qui démontrent parfaitement que les lacunes de Koné ne permettent pas de faire de lui un réel box-to-box, en plus d’illustrer un manque d’agressivité certain malgré un gabarit impressionnant. De ce point de vue, la progression est possible mais ces habitudes semblent tellement ancrées qu’il est difficile d’imaginer Koné devenir un roc défensif. Néanmoins, le Canadien est parvenu à exister dans un Championnat aussi robuste que le Championship et pourrait être associé à un milieu plus combatif pour le libérer de certaines tâches et lui permettre de s’aventurer un peu plus haut. À Montréal, Koné avait éclos aux côtés de Victor Wanyama, l’ancien joueur de Tottenham reconnu pour son abattage défensif impressionnant. À Marseille, l'actuel milieu de Watford pourrait retrouver Geoffrey Kondogbia ou Valentin Rongier comme allié plus conservateur au milieu. Problème, le premier sort d'une saison très moyenne en plus d'être pressenti pour partir alors que le second est en délicatesse avec son genou depuis plusieurs mois. S'il est encore difficile de dire si Koné sera accompagné par une recrue ou un revenant, l'avenir sportif du Canadien à l'OM pourrait aussi être lié à l'identité de celui qui l'accompagnera.

Si son profil vertical et percutant colle parfaitement au football prôné par De Zerbi, l’arrivée d'Ismaël Koné à l’OM provoque aussi certaines interrogations. Pour son premier transfert vers un club de haut niveau, le Canadien parviendra-t-il à gommer certains défauts pour afficher son plein potentiel ? Pour le moment, il est trop tôt pour le dire. Quoi qu’il en soit, comme Roberto De Zerbi, Koné aura besoin de temps.