Copa America 2024 : révolution Bielsa, nouvelle génération, jeu électrique… L’Uruguay peut-il aller au bout ?
/https%3A%2F%2Fwww.topmercato.com%2Fapp%2Fuploads%2F2024%2F03%2FBielsa-Uruguay-scaled.jpg)
Arrivé à la tête de l’Uruguay en mai 2023, Marcelo Bielsa a considérablement transformé le visage de la Céleste. Choisi pour incarner le futur d’une sélection en plein renouveau, El Loco est parvenu à relancer les Uruguayens, actuellement premiers du groupe C de la Copa America avant d’affronter les États-Unis cette nuit (3 heures) lors du dernier match de poules.
Qui dit Uruguay dit Luis Suarez, Edinson Cavani ou encore Fernando Muslera. Néanmoins, personne n’est éternel et à 37 ans passés pour chacun d’entre eux, l’heure est à la nouvelle génération. Pour la Copa America qui se dispute actuellement aux États-Unis, seul le premier a été appelé par Marcelo Bielsa pour effectuer la transition vers les plus jeunes. Les cadres se nomment désormais Ronald Araujo, Federico Valverde et Darwin Nunez et cela semble réussir à la Céleste. Depuis l’arrivée de l'entraîneur argentin à la tête de la sélection, l’Uruguay a profondément modifié son style de jeu, jusqu’à devenir l’un des prétendants au titre de Champion d’Amérique.

Les principes du renouveau
Après une élimination décevante en phase de poules de la Coupe du monde 2022, la fédération uruguayenne a décidé de remplacer Diego Alonso par Marcelo Bielsa. Un choix qui, comme souvent avec El Loco, s’est accompagné de certaines décisions fortes, notamment dans le travail avec les jeunes. L'entraîneur argentin a ainsi été nommé à la tête de la sélection U23 qui, entre autres, représentera la Céleste lors des prochains Jeux Olympiques de Paris. Une façon pour lui de s’impliquer dans la post-formation afin de modeler sur-mesure des joueurs qu’il pourra ensuite potentiellement faire basculer vers les A. Plus loufoque encore, pour le match de préparation face au Costa Rica (0-0) avant la Copa America, Bielsa n’a pas hésité à sélectionner Walter Dominguez (25 ans), un attaquant semi-professionnel évoluant à la Juventud Soriano, dans un championnat régional. Une énième surprise qui n’est pas si étonnante lorsque l’on connaît le caractère de l’ancien entraîneur de l’OM, mais qui démontre parfaitement son implication extrême.
Parmi les nouveaux joueurs importants, Facundo Pellistri (22 ans, Manchester United) et Maximiliano Araujo (24 ans, Toluca) semblent occuper une place centrale. Ailiers gauche et droit de l'Uruguay, les deux joueurs virevoltants apportent courses sans ballon et percussions avec afin d'aider la Céleste à remplir sa mission première : apporter le ballon dans la surface adverse.
Grâce à une très large connaissance des joueurs locaux, un suivi quotidien des jeunes joueurs ainsi qu’une faculté à les faire progresser, Marcelo Bielsa est parvenu à densifier une sélection pleine de talents. Ajoutez à ça le jeu vertical et particulièrement intense qui le caractérise depuis tant d’années maintenant et vous obtenez le superbe bilan de 9 victoires, un nul et 2 défaites sur les 12 rencontres disputées par l’Uruguay depuis l’arrivée d’El Loco.
Un style de jeu identifié et identifiable
Sur le terrain, l’Uruguay s’organise le plus souvent en 4-3-3 ou en 4-2-3-1, bien que la dernière organisation semble avoir la préférence de Bielsa. S’il n’est plus question de système fantasque à l’image du 3-3-3-1 qu’il a pu expérimenté à Marseille, le style de l’Argentin reste néanmoins particulièrement identifiable.
Avec le ballon, la recette est simple. Du nombre, beaucoup de courses et un jeu (très) rapidement porté vers l’avant. Jamais frileux à l’heure de se projeter – jusqu’à parfois jouer long sur Darwin Nunez –, l’Uruguay est une équipe particulièrement tranchante. Sur les deux matches disputés à la Copa America face au Paraguay (3-1) et à la Bolivie (5-0), la Céleste a frappé 38 fois au but pour un total de 4,48 expected goals produits. Des chiffres hallucinants qui illustrent parfaitement les volontés offensives de l’équipe de Bielsa, qui compte sur la densité offensive pour tenter de convertir dans la surface la verticalité qui est la sienne un cran plus bas. En impliquant cinq à six joueurs proches du but adverse, l’Uruguay augmente ainsi drastiquement ses chances d’être dangereux et limite ainsi la maladresse de chacun grâce au volume d’occasions créées, à l’image de Darwin Nunez, auteur de 2 buts et de 5 grosses occasions manquées depuis le début de la compétition.
Défensivement, la patte de Bielsa a toutefois quelque peu évolué. S’il est toujours question d’un pressing intense, le marquage individuel a été partiellement délaissé pour défendre en bloc, toujours dans un 4-2-3-1. Une animation plus moderne qui limite les risques de concéder des trop grands espaces, mais qui se révèle toujours particulièrement extrême alors que l’Uruguay continue de presser – et donc d’ouvrir des espaces dans son dos – malgré une avance d’un ou deux buts. Comme souvent avec El Loco, pas de place pour le calcul et le contrôle.

L’Uruguay peut-il le faire ?
Cette domination collective et athlétique pousse désormais à s’interroger sur le futur à court terme de cette sélection : l’Uruguay peut-il gagner la Copa America ? Pour le moment, difficile à dire. Si l’Argentine et dans une moindre mesure le Brésil font toujours office de favoris, la Céleste peut toutefois pleinement croire en ses chances. Seul hic, cette jeune sélection insouciante semble toutefois grandement manquer d’expérience et, sachant que l’Uruguay n'a pas dépassé les quarts de finale de la compétition depuis 2015, il semblerait qu’avoir un peu de recul sur la situation pourrait grandement les aider.
Alors qu’elle pourrait rencontrer le Brésil pour le premier match à élimination directe, en quart de finale, l’équipe de Marcelo Bielsa devrait rapidement obtenir des réponses à propos de l'interrogation qui entoure ses ambitions. Néanmoins, avec l’intensité dont fait preuve l’Uruguay ainsi que sa légendaire “garra charrua”, la hargne des joueurs locaux, la Céleste pourrait en surprendre plus d’un à condition d’être un peu plus réaliste et de ne pas gaspiller autant d’occasions, sachant que leur nombre pourrait considérablement baisser face à des adversaires plus ronflants. Défensivement, difficile de dire si cette équipe pourra faire face à des sélections plus huppées comme celles du Brésil ou de l’Argentine, sachant qu’elle n’a affronté jusqu'ici que des petites cylindrées. Cependant, même si son style peut parfois l’exposer, elle pourra toutefois compter sur des joueurs défensifs fiables tels que Ronald Araujo, Matias Oliveira ou encore Manuel Ugarte.

Formation et promotion des jeunes, individualités en progression, jeu énergique et vertical… Jusqu’ici, à quelques exceptions près, l’Uruguay n'échappe pas à la règle et encaisse, comme beaucoup d'équipes avant elle, la révolution Marcelo Bielsa. Néanmoins, il existe malgré tout certaines limites, notamment au niveau de l’aspect nerveux et physique, qui peuvent freiner la domination des équipes emmenées par l’Argentin. Pour le moment, aucun signe ne semble annoncer cette baisse de régime, ce qui permet de légitimement se poser la question : jusqu’où peut aller l’Uruguay ?
🇺🇸 – 🇺🇾
🇧🇴 – 🇵🇦Voici le programme de cette nuit des derniers matches du groupe C en Copa America, à suivre en direct sur L'Equipe live foot : https://t.co/apb0N1uP6f#lequipeFOOT pic.twitter.com/Wzr0SzxDfl
— L'ÉQUIPE (@lequipe) July 1, 2024