À partir du 24 juillet prochain, dans sept villes de France, 16 nations se disputeront la victoire finale au tournoi de football masculin aux Jeux Olympiques de Paris. Si certains pays sont de grands habitués de ce rendez-vous, d’autres, en revanche, fêteront leur grande première. Qui succédera au Brésil, double vainqueur de la compétition, mais grand absent de l’édition 2024 ? La rédaction de Top Mercato vous livre ses favoris pour la médaille d’or.

Présente depuis la deuxième édition des Jeux olympiques, en 1900, l’épreuve de football a beaucoup évolué au fil des décennies. D’abord, ce sont des équipes “locales” qui se sont affrontées jusqu’en 1906, avant que des équipes nationales, composées cependant de joueurs amateurs, ne prennent la relève pendant près de 50 ans (de 1908 à 1956).

À partir des JO de Rome en 1960, les sélections olympiques sont apparues. Elles étaient elles aussi composées de joueurs issus du monde amateur, avant que la formule actuelle (sélections Espoirs + trois joueurs âgés de plus de 23 ans) n’entre en vigueur aux Jeux d’Atlanta en 1996.

Depuis près de 30 ans, les continents sud-américain et africain dominent outrageusement la compétition. Le Nigéria de Taribo West, Celestine Babayaro et Augustine Okocha s'est imposé en 1996 avant que le Cameroun, emmené par Samuel Eto’o, ne remporte l’or quatre ans plus tard à Sydney. Ensuite, c’est l’Argentine qui a été sacrée deux éditions consécutives (2004, 2008), puis le Brésil de Neymar a reproduit cet exploit à Rio en 2016 et à Tokyo en 2020. Entre temps, le Mexique était également monté sur la plus haute marche du podium.

À l’occasion de la XXXIIIème olympiade, 16 équipes, réparties dans quatre groupes de quatre, seront aux prises pour les médailles :

  • Groupe A : France, États-Unis, Guinée, Nouvelle-Zélande
  • Groupe B : Argentine, Maroc, Irak, Ukraine
  • Groupe C : Ouzbékistan, Espagne, Égypte, République Dominicaine
  • Groupe D : Japon, Paraguay, Mali, Israël

À quelques jours du coup d’envoi de la compétition, regardons de plus près les potentiels vainqueurs de l’épreuve.

France : le favori n°1 pour un sacre à domicile ?

Vainqueur en 1984 à Los Angeles, l’équipe de France court après une médaille depuis 40 ans. Le podium, c’est justement l’objectif fixé par la Fédération française à Thierry Henry et sa bande. Dans un premier temps, les clubs français avaient promis de jouer le jeu et de libérer leurs joueurs pour atteindre les sommets de l’Olympe, et puis, au plus la compétition approchait, au plus l’intérêt personnel a primé sur l’intérêt général.

Semaine après semaine, le sélectionneur des Espoirs voyait sa liste être amputée de certains éléments. Lucas Chevalier, Leny Yoro et Bafodi Diakité ont notamment été retenus par le LOSC, tout comme Bradley Barcola et Warren Zaïre-Emery par le Paris Saint-Germain. Il n’en demeure pas moins que les Bleuets, renforcés par la présence d’Alexandre Lacazette (33 ans), Jean-Philippe Mateta (27 ans) et Loïc Badé (24 ans), disposent d’un groupe compétitif et capable d’aller au bout.

Les matchs amicaux l’ont d’ailleurs prouvé, puisque depuis début 2024, les hommes de Thierry Henry sont invaincus, signant trois victoires et deux nuls en cinq rencontres. Grâce à un trio offensif désormais composé de Lacazette, Mateta, mais aussi de Michael Olise, récemment transféré au Bayern Munich pour 60 M€, la France n’a rien à envier aux autres pays dans ce secteur de jeu.

Malgré les diverses absences, et notamment celle de Kylian Mbappé, qui a longtemps été espéré, mais que le Real Madrid n’a pas souhaité mettre à disposition de Thierry Henry, le coach de la sélection olympique n’a pas peur d’afficher clairement son objectif. “Nous, on s'est fixés l'or, confessait-il mi-juin. Bien sûr, aux Jeux Olympiques, la médaille d'argent et de bronze c'est super important, c'est pas comme quand tu perds en finale de Coupe du monde où tu es vice-champion du monde et on ne te donne rien. Tu ramènes quand même quelque chose pour la team France, on est d'accord. Mais nous, on s'est fixés l'or, de nous-mêmes.

Aux côtés des USA, de la Guinée et de la Nouvelle-Zélande, les Bleuets ont évidemment les armes pour terminer en tête du Groupe A. La France débutera sa compétition par un duel face aux États-Unis mercredi 24 juillet au stade Vélodrome.

Espagne : après l’argent à Tokyo, l’or à Paris ?

Dans son histoire, la sélection olympique espagnole a été médaillée à quatre reprises aux Jeux, dont trois fois lors des huit dernières éditions. La Rojita a décroché l’or à domicile à Barcelone, en 1992 avec Luis Enrique dans ses rangs, et l’argent en 2000 et en 2020. À Tokyo, l’Espagne était notamment emmenée par plusieurs joueurs tout juste auréolés du titre de Champion d’Europe il y a quelques jours : Unai Simon, Marc Cucurella, Martin Zubimendi, Pedri, Mikel Oyarzabal ou encore Dani Olmo.

À la différence de la France, les clubs espagnols ont l’obligation de libérer les joueurs convoqués par le sélectionneur Santi Denia. Dans son groupe de 18, le technicien ibérique a notamment appelé le gardien du Paris Saint-Germain Arnau Tenas ou encore Pau Cubarsi (FC Barcelone) et Sergio Gomez (Manchester City). Deux autres joueurs qui ont disputé et gagné l’Euro en Allemagne, Alex Baena et Firmin Lopez, seront également du voyage à Paris. Lamine Yamal, en revanche, n’enchainera pas les deux compétitions.

Pour beaucoup, en raison de l’expérience de son sélectionneur et du talent de l’effectif, l’Espagne est la grande favorite de son groupe. Santi Denia se méfie pourtant grandement de ses adversaires, même s’il ne cache pas la grande motivation de ses troupes. “J’ai entendu dire que c’est un groupe facile, mais je ne partage pas cet avis. Nous affrontons les finalistes des Coupes d'Asie et d’Afrique, a-t-il lancé. Nous savons combien il est difficile de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Certaines grandes équipes européennes n’y sont pas parvenues et nous savons ce que cela implique. Nous devons avoir de grands rêves, mais nous devons avancer pas à pas. Nous nous concentrons vraiment sur le premier match contre l’Ouzbékistan et sur l’obtention des trois points. Néanmoins, nous avons le droit de rêver.

Les deux nations s’étaient justement affrontées lors d’un match amical en octobre 2023, et l’Espagne n’était pas parvenue à prendre le dessus sur l’Ouzbékistan (0-0). En 2024, les U21 espagnols n’ont disputé que deux rencontres, face à la Slovaquie en amical (défaite 2-0) et face à la Belgique dans le cadre des qualifications pour l’Euro 2025 (victoire 1-0). Aussi étrange que cela puisse paraître, les matchs de préparation ont été disputés à huis clos sans que le résultat ne fuite. La Rojita peut-elle réaliser le doublé Euro – Jeux Olympiques ? C’est en tout cas l’un des favoris de la compétition au vu de leurs excellents résultats depuis quelques années.

Argentine : à la recherche d’un troisième sacre olympique

Après avoir été sacrée en 2004 à Athènes sous les ordres de Marcelo Bielsa et avec un effectif tout bonnement hallucinant composé notamment de Roberto Ayala, Nicolas Burdisso, Fabricio Coloccini, Gabriel Heinze, Lucho Gonzalez, Javier Saviola ou encore Carlo Tevez, l'Argentine a remis le couvert quatre ans plus tard à Pékin avec un groupe tout aussi impressionnant (Lionel Messi, Javier Mascherano, Sergio Agüero, Angel Di Maria, Juan Roman Riquelme,…).

Depuis ces deux générations dorées, l'Albiceleste est dans le creux de la vague. Pas qualifiés en 2012, les Argentins ont ensuite été sortis dès la phase de poules en 2016 et 2020. Difficile malgré tout de ne pas placer les hommes de Javier Mascherano parmi les favoris de la compétition. Malgré l'absence de Lionel Messi, tout juste vainqueur de la Copa America, les coéquipiers du futur joueur de l'Olympique Lyonnais Thiago Almada ont reçu le renfort de Géronimo Rulli, Nicolas Otamendi et Julian Alvarez. On retrouve également la pépite recrutée par Manchester City, Claudio Echeverri, mais aussi les tauliers de la sélection comme Giuliano Simeone (Atlético Madrid) et Lucas Beltran (Fiorentina).

Dans le groupe final de qualification pour les Jeux, l'Argentine n'a pas vraiment impressionné en terminant deuxième derrière le Paraguay (mais devant le Brésil) avec une victoire et deux nuls. Les matchs de préparation depuis mi-mars ont, eux aussi, été mitigés avec trois victoires et deux défaites, dont la dernière en date le 19 juillet face à la Guinée (0-1).

Maroc, Paraguay et Ukraine en tant que principaux outsiders

Derrière le trio France-Espagne-Argentine, plusieurs nations pourraient également tirer leur épingle du jeu et créer la surprise. Dans un groupe difficile avec l'Argentine et l'Ukraine, le Maroc semble avoir un coup à jouer. Les Lionceaux de l'Atlas vont disputer leur huitième phase finale depuis 1964, atteignant les quarts en 1972 à Munich. Grâce à une victoire lors de la CAN des – de 23 ans l'année dernière, les hommes de Tarik Sektioui ont décroché leur billet pour Paris 2024.

Le Maroc compte notamment dans ses rangs Achraf Hakimi, mais également le Stéphanois Benjamin Bouchouari, Amir Richardson (Reims), Ousama Targhalline (Le Havre) ou encore le Monégasque Eliesse Ben Seghir. Un effectif talentueux qui laisse envisager une qualification pour le tour suivant. “Notre objectif est de réaliser une bonne performance et de passer le premier tour, avait justement déclaré le sélectionneur marocain. Les stages de préparation ont été essentiels pour découvrir des talents, renforcer la cohésion de l’équipe et travailler sur les aspects techniques et tactiques.

En raison de ses performances lors des deux phases qualificatives dans la zone Amérique du Sud, le Paraguay est également à placer parmi les outsiders. Les joueurs de Carlos Jara Saguier ont, comme mentionné plus haut dans l'article, terminé en tête devant l'Argentine et n'ont connu la défaite qu'une seule fois en sept rencontres durant cette période. La phase de préparation, quant à elle, est assez inquiétante. Depuis le mois de mars, les Guarani ont disputé sept matchs. Le bilan ? Une victoire, un nul et cinq défaites dont plusieurs corrections face à la France (4-1) et à l'Argentine. Si la sélection paraguayenne retrouve son football, elle a les armes pour sortir d'une poule composée du Japon, du Mali et d'Israël et pourquoi pas, ensuite, rêver d'un parcours à l'image de celui des Jeux Olympiques 2004. À Athènes, les Paraguayens s'étaient hissés jusqu'en finale.

L'Ukraine arrive de son côté très en forme. Que ce soit les U21 ou les U23, ils n'ont pas connu la défaite depuis septembre 2023, enchaînant pas moins de 11 victoires en 14 matchs. Lors des qualifications pour l'Euro 2025, les hommes de Ruslan Rotan ont notamment terminé en tête de leur poule devant l'Angleterre en réalisant un 6/6. Mi juin, pour leur toute première participation au tournoi Maurice Revello, les Ukrainiens ont remporté la qualification en survolant les débats en poules (11 buts marqués, un seul encaissé) avant de décrocher le titre aux tirs au but face à la Côte d'Ivoire.

Comme la plupart des sélectionneurs, Rotan n'a pas fixé d'objectif à ses troupes, principalement pour ne pas rajouter un surplus de pression à des joueurs qui n'ont encore jamais disputé une telle compétition. “Tous les joueurs voulaient simplement participer aux Jeux Olympiques et tout faire pour défendre l’honneur de notre pays, a confié l'ex-milieu de terrain aux 100 sélections. En ce qui concerne l’objectif du tournoi, nous voulons avancer étape par étape. Je ne veux rien prédire. De match en match, nous fixerons des objectifs. Je pense que ce sera mieux et plus tranquille pour les joueurs. On ne veut pas exercer de pression sur eux. Nous comprenons parfaitement que certains de nos joueurs n’ont pas encore joué lors de tournois de ce niveau, donc cela leur sera difficile. En tant que staff technique, nous devons tous assumer cette pression psychologique. Il faut que les gars se sentent libérés, car c’est seulement dans cet état qu’ils pourront montrer leurs meilleures qualités.

Une nation parviendra-t-elle à mettre fin à l'hégémonie des sélections sud-américaines qui se partagent l'or depuis 2004 ? On espère évidemment que l'équipe de France ira réaliser l'exploit le 9 août prochain au Parc des Princes.