Exclu TM Montpellier : Jean-Louis Gasset : “ce n’est pas un survêt qu’il faut ici, mais une blouse blanche”
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Au fond du trou après la défaite infligée sur tapis vert suite aux incidents du match contre Saint-Etienne, Montpellier pourrait voir la relégation se confirmer encore un peu plus en cas de défaite ce dimanche à domicile contre Le Havre dans le cadre de la 28e journée de Ligue 1 (17h15). Avant ce “match de la peur”, l’entraîneur de la lanterne rouge, Jean-Louis Gasset, revenu dans son club de coeur en octobre dernier, a accepté de répondre à quelques questions de Philippe Doucet pour Top Mercato, pointant un regard à la fois lucide et émouvant sur sa mission.
Interview réalisée par Philippe Doucet (avant l’annonce du match perdu sur tapis vert, ndlr)
Est-ce la partie la plus difficile de ta carrière, cette saison à Montpellier ?
Pratiquement, oui ! C’est dur. Je le savais avant de venir. Quand le club a des problèmes financiers et sportifs, ça devient compliqué. Mais quand c’est son club, la mission est encore plus difficile ! Parce que c’est ma ville, tout le monde me connaît, me tutoie, me donne des conseils. Alors, quand il y a de mauvais résultats, vous ne sortez pas beaucoup de la maison…
Cette pression… Le métier a beaucoup changé, non ?
Ici, je vois de tout. Je passe de psychologue à… (il s’interrompt). Ce n’est pas un survêtement qu’il faut ici, mais une blouse blanche… On soigne des blessures, mais surtout à la tête. Avant chaque match, on se répète : on veut être solide, on ne prend pas de but… Première action : on prend un but, et tout est à refaire…
“J’y mets tout mon cœur et tout ce que je sais”
Pourtant, depuis que tu as annoncé ta retraite après la Côte d’Ivoire, tu n’as jamais été aussi actif…
Chaque fois qu’il y a un truc qui me plaît, je replonge… Et j’ai pourtant connu pas mal de choses. Mais on ne vit qu’une fois, et quand on me propose des choses nouvelles, ça m’attire ! Le dernier épisode, c’est le club de mon cœur, Montpellier, qui a eu besoin de moi. Alors, je ne dis pas que je vais réussir à le sauver. Mais j’y mets tout mon cœur et tout ce que je sais…

Il y a eu un dernier épisode douloureux avec des « supporters » qui ont arrêté le match contre Saint-Etienne (donné perdu à Montpellier). Ca ne t’a pas fait réfléchir ? Il y a de quoi se dire : « Là, c’est trop, ce n’est pas du foot. Qu’est-ce que je fais là… ».
Pas à ce point-là, non ! Parce qu’il y a eu beaucoup de choses qui sont tombées sur le club. Le Covid, la chute des droits TV… Personne ne s’y attendait ! Et là, pour les supporters, il y a eu un trop plein… On sentait que cela allait arriver. Ils ont manifesté leur frustration comme ça.
“Ca m’use, ça me rend malade…”
Mais tu es quand même allé voir tes dirigeants. C’était pour démissionner ?
Au départ, oui. En pensant que le résultat serait entériné et que c’était foutu pour le maintien. Perdre contre Saint-Etienne qui est juste au-dessus de nous, c’est la fin. Et la mission était terminée à mes yeux… Et puis, on a commencé à croire que la fin de match serait peut-être rejouée (NDLR : il restait 30 minutes et Montpellier était mené 0-2. Résultat entériné depuis par la Ligue). Alors, j’ai dit : « On patiente ». Si la bougie est encore allumée, c’est peut-être le dernier moment pour faire comprendre à ce groupe de joueurs qu’il va falloir mettre la première. Parce que là, on est au point mort ! Avec un groupe très jeune et limité en nombre. En plus, nos attaquants ont été vendus à la trêve. Et nos leaders sont hors de forme ou de poids…
Et ton avenir alors ? Combien de fois tu as annoncé ta retraite ?
C’est vrai qu’il y en a sûrement qui en ont assez de me voir (rires). Maintenant, c’est différent. Il me faut un truc nouveau et excitant. Revoir ce que j’ai déjà vu, non ! Là, c’est spécial, c’est Montpellier. C’est mon club et c’est la souffrance. Et je n’arrive pas à remettre ce groupe au travail. Ca m’use, ça me rend malade. Mais, jusqu’au bout, tant qu’on a de l’espoir, on va lutter.