Gyokeres à Arsenal : ses atouts, son rôle et les zones d’ombre
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Viktor Gyokeres a finalisé son transfert tant attendu à Arsenal. Le club londonien « courtisait » l’attaquant depuis des mois et a enfin pu réaliser le rêve d’améliorer son poste d’avant-centre.
Selon le journaliste italien Fabrizio Romano, les Gunners ont déboursé 63,5 M€, plus 10 M€ de bonus, et ont signé un contrat de cinq ans avec l’attaquant.
Le Suédois sort de deux saisons historiques au Sporting : 97 buts et 28 passes décisives en 102 matchs, soit une moyenne impressionnante de 1,22 implication par match. Mais comment cela peut-il se traduire lors de son arrivée en Premier League ?
Arsenal ❤️ pic.twitter.com/smy4CnprBq
— Viktor Gyokeres 🇸🇪 (@VGfanpagex) July 22, 2025
Ce que Gyokeres apporte de nouveau à Arsenal
Le stéréotype de la récente génération à succès d’attaquants nordiques s’applique à Gyokeres : le Suédois est l’archétype du grand avant-centre, puissant, explosif, qui s’exprime au mieux lorsqu’il a de l’espace pour courir dans le dos des défenseurs.
La quête d’un numéro 9 efficace à Arsenal s’explique aussi par l’absence de ce profil dans l’effectif. Gabriel Jesus, Kai Havertz Leandro Trossard, qui ont occupé les postes les plus avancés, sont tous plus à l’aise balle au pied, dans l’échange de passes et la création par dribbles et combinaisons.
Gyokeres apporte à l’Emirates Stadium la puissance d’un avant-centre capable d’être une cible sur les longs ballons, les centres aériens et aussi les passes en profondeur pour atteindre le dernier tiers avec de grandes chances de conclure dangereusement — un vrai vent de fraîcheur pour l’effectif.
D’après les données de SkillCorner, le Suédois est, statistiquement, l’un des meilleurs attaquants au monde pour attaquer les espaces dans le dos de la défense. Parmi les avant-centres des sept principaux championnats européens :
- Il affiche de meilleurs chiffres que 89 % des joueurs pour les courses dans le dos de la dernière ligne défensive ;
- Il réalise plus de courses latérales que 82 % des joueurs de l’échantillon.
La plateforme indique aussi que Gyokeres a effectué 85 courses à plus de 25 km/h derrière la défense la saison dernière — un chiffre très élevé. Il a été le leader incontesté du championnat portugais (Samu, de Porto, était deuxième avec 41) et largement supérieur au leader de la Premier League dans ce domaine, Nicolas Jackson (61).
La principale qualité que le Suédois apporte à l’équipe de Mikel Arteta est celle-ci : un avant-centre qui attaque la défense à grande vitesse, inlassablement, de nombreuses fois par match, avec puissance et technique. Mais cela ne se retranscrira peut-être pas pleinement en Premier League.
Viktor Gyokeres' record in 2024/25: ✨
— Gamdom Sport (@gamdomsport) July 22, 2025
👕 52 games
⚽️ 54 goals
🅰️ 13 assists
🇸🇪 9 goals + 4 assists in 6 Sweden caps
In a €73.5m deal, Arsenal finally have their top target… 💰✅pic.twitter.com/GHb0UapCHj
Les inquiétudes : le niveau d’opposition et l'intensité de la Premier League

Des doutes subsistent quant à la capacité de Gyokeres à dominer en Premier League, un championnat plus physique, intense et riche en duels, mais aussi plus technique que le championnat portugais.
Avant de rejoindre le Sporting, le Suédois avait connu le succès à Coventry City, terminant meilleur buteur du club en Championship et à une victoire de la montée en Premier League. Sa seule expérience dans l’élite anglaise fut un bref passage à Brighton, avec huit matchs et un but.
À l’époque, il était encore un jeune joueur prometteur, sans le physique qu’il a acquis ces dernières années. Il est probable qu’il ne s’impose pas autant qu’au Portugal, mais pas forcément pour des raisons physiques individuelles — plutôt à cause du contexte tactique global de la Premier League.
La principale question pour Gyokeres sera l’espace. Même si le football anglais est moins haché que dans d’autres championnats, comme l’Espagne, et plus axé sur les transitions, l’attaquant aura définitivement moins d’espace pour attaquer dans le dos de la défense, comme il l’a fait avec succès au Sporting.
Surtout en raison du style de jeu d’Arsenal : une équipe qui construit avec des passes courtes, progresse en bloc et pousse généralement les défenses adverses à se regrouper près de leur but.
De plus, les Gunners étaient volontairement lents. Bien qu’ils aient été l’une des meilleures équipes en pressing de la ligue (quatrièmes pour les ballons récupérés hors de leur tiers défensif), seulement 6,7 % de leurs récupérations menaient à une frappe — le troisième plus mauvais ratio de la ligue, selon The Athletic.
Curieusement, c’est là que le Suédois peut aider l’équipe d’Arteta. Il peut rendre l’équipe plus rapide et efficace, et offrir plus d’options pour attaquer en transition, ce qui a manqué à l’équipe la saison dernière.
Où Gyokeres va t-il s’intégrer dans un Arsenal patient et dominateur ?

Comment Arsenal va-t-il jouer avec Gyokeres ? S’il n’a pas d’espace pour attaquer la profondeur, comment l'auteur de près de 100 buts en deux saisons peut-il aider les Gunners ? Son jeu sans ballon peut changer beaucoup de choses dans la façon dont l’équipe londonienne aborde le dernier tiers.
Comme mentionné, Gyokeres fait partie des 18 % d’avant-centres qui effectuent le plus de courses latérales parmi les sept principaux championnats européens. Ce mouvement peut avoir plusieurs implications pour le système offensif d’Arsenal :
- Ses courses latérales peuvent aider à progresser sur le côté gauche : l’équipe d’Arteta avait la plus faible proportion de touches dans le dernier tiers venant du côté gauche en Premier League, seulement 32,9 %. Ses attaques étaient concentrées à droite (43 %), principalement avec Bukayo Saka et Martin Odegaard ;
- S’il n’a pas d’espace pour attaquer dans le dos de la défense, il peut attirer la défense en courant latéralement ou en diagonale. Cela crée un effet domino : si le défenseur le suit, il libère de l’espace et désorganise la structure défensive ; s’il ne le suit pas, cela crée un doute sur qui doit le prendre, et ces quelques secondes et mètres d’indécision sont cruciaux au plus haut niveau ;
- S’il trouve l’espace derrière la défense, il est généralement létal devant le but, ce qui peut forcer la ligne défensive à reculer de plus en plus près de son propre but — un danger similaire à celui qu’Erling Haaland génère à Manchester City. Cela ouvre de l’espace dans la zone juste devant la surface, statistiquement la plus dangereuse du terrain.
Bien que ce ne soit pas sa principale qualité, le Suédois a montré de belles choses au Sporting lorsqu’il a dû jouer dos au but, fixer un défenseur et manipuler le positionnement des adversaires dans la surface, que ce soit pour libérer de l’espace pour ses coéquipiers ou pour recevoir en pivot, se retourner et frapper.
Et cela peut être positif pour le jeu de centres d’Arteta : lors de la dernière Premier League, aucune équipe n’a centré autant qu’Arsenal dans le jeu, mais les Gunners avaient le deuxième plus mauvais taux de conversion de ces centres en occasions — seulement 10,2 %.
Gyokeres peut justement être la cible de ces centres, que ce soit pour des têtes, des frappes au sol ou des remises en pivot pour ses partenaires. Curieusement, malgré ses 1,87 m, le Suédois n’a inscrit aucun but de la tête au Sporting la saison dernière. Il est aussi à noter que seulement 12,5 % de ses tirs étaient de la tête, ce qui reste un chiffre préoccupant.
Malgré les inquiétudes concernant le défi physique, le niveau d’opposition entre le Portugal et l’Angleterre, le manque de buts de la tête et le peu d’espace qu’il aura en Premier League, il est difficile de ne pas comparer Gyokeres à Haaland. Le Norvégien, malgré ses chiffres historiques, a lui aussi du mal à imposer son jeu préféré : attaquer la défense avec de l’espace.
Et pourtant, il y parvient — il trouve l’espace là où d’autres avant-centres pensent qu’il n’y en a pas. Il crée l’espace par sa présence physique. Il met le pied dans un intervalle minuscule et marque des « buts moches ». Et c’est exactement ce que Gyokeres peut apporter à Arsenal.
Cet article est une adaptation d'un article publié par notre partenaire Trivela.