Titi du Paris Saint-Germain avec qui il a disputé 38 matchs entre 2005 et 2007 avant de partir voir si l’herbe était plus verte ailleurs, Boukary Dramé conserve une affection particulière pour le club de la capitale. Âgé de 40 ans, l’ex-latéral gauche a accordé un entretien exclusif à Top Mercato afin de revenir sur l’actualité du PSG, et ses latéraux Nuno Mendes et Achraf Hakimi. Le Sénégalais commente aussi le mercato du PSG et se confie sur ses années parisiennes.

Entretien réalisé par A.P.

Boukary Dramé, qu’avez-vous ressenti lors de la victoire du PSG en finale de Ligue des Champions ?

J’étais invité par le Paris SG au Parc des Princes pour commenter la finale contre l’Inter Milan sur PSG TV. J’étais comme un supporter ! Le stade était à guichets fermés. L’ambiance était exceptionnelle ! Ça restera gravé ! Moi, je le sentais, je savais qu’on allait gagner, j’étais très confiant. J’avais l’impression qu’il y avait même plus d’ambiance au Parc qu’à Munich, franchement, c’était incroyable ! Un moment inoubliable, un souvenir qui restera gravé à jamais ! On est très content !

Est-ce que ça a une saveur particulière pour vous qui avez contribué à écrire l’histoire du club avant l’arrivée de QSI ?

On attendait tous ça ! On se sent évidemment concerné. C’est comme si on avait participé à tout ce parcours. Le PSG, depuis sa création jusqu’à ce sacre, on y a tous contribué. Je suis content, je suis fier d’avoir fait partie de cette équipe. Même si ça a été indirectement, c’est comme si je l’avais gagnée, comme si tous ceux qui sont passés au club avant l’ont gagnée, comme les supporters d’ailleurs. J’ai une image en tête, avec l’appel du président à Thiago Silva, c’est comme s’il l’avait gagnée lui aussi. On est fier.

Boukary Dramé, PSG
Crédit photo : Icon Sport

Mayulu, Kimpembe, Zaïre-Emery, les Titis au top, ça évoque quels sentiments chez vous ? 

On se sent concerné, c’est comme si c’était nous. Ils sont dans cet état d’esprit là aussi. Ils pensent à tous ceux issus du centre. C’est quelque chose de fort, de significatif. Je n’ai pas pu voir toutes les interviews après coup, mais ça ne m’étonnerait pas qu’ils aient tous fait une dédicace au centre de formation du PSG. Ça nous appartient aussi à nous tous les Titis. Mayulu qui marque, c’est comme si nous aussi on avait marqué, comme si on avait aussi remporté cette Ligue des Champions

“Il n’y a pas un joueur au-dessus de l’autre dans ce PSG, chacun sait ce qu’il a à faire et le fait de manière exceptionnelle”

Qu’est-ce qui vous impressionne le plus dans cette équipe ?

C’est la confiance qu’ils ont pris au fur et à mesure. Ça a été difficile, il a fallu ce temps d’adaptation. Mais une fois que le train était sur les rails, que les joueurs ont saisi tout ce que le coach demandait, c’était parti, on l’a vu depuis la reprise en janvier. Il y a eu un autre état d’esprit, un autre jeu. 

On peut féliciter grandement Luis Enrique, on voit que c’est lui, que c’est sa touche. Il n’y a rien à dire. C’est un groupe et une équipe qu’il a réussi à construire. Il n’y a pas un joueur au-dessus de l’autre, chacun sait ce qu’il a à faire et le fait de manière exceptionnelle. C’est excellent. À partir de là, on sent un rouleau compresseur. 

En tant que latéral de formation, votre regard sur Nuno Mendes et Achraf Hakimi ?

Ils sont exceptionnels ! Pour être latéral, en Italie on dit qu’il faut une grosse “cilindrata“, une grosse cylindrée, des chevaux sous le capot ! Il faut accélérer, faire les efforts et savoir les répéter. Les deux, à ce niveau-là, ce sont des monstres. Ils font partie des meilleurs passeurs et même des meilleurs buteurs en Ligue 1 je crois, c’est dire ! Ça montre à quel point Luis Enrique a réussi à huiler cette équipe pour que les latéraux fassent à ce point partie intégrante du jeu offensif, c’est très fort, c’est vraiment très fort. Ils font partie des meilleurs latéraux au monde actuellement.

Hakimi, Nuno Mendes, Boukary Dramé, PSG
Crédit photo : Icon Sport

Avez-vous des noms à conseiller pour doubler les postes de latéraux au PSG ?

Avec des joueurs qui peuvent se rapprocher de leur niveau, ce n’est pas facile ! Même un joueur comme Federico Dimarco, de l’Inter, qui fait partie des meilleurs latéraux en Italie, on l’a vu, il est loin de Nuno Mendes, même s’il est bon. Franchement, c’est dur ! Il y a Trent Alexander-Arnold, qui était à Liverpool mais il a déjà signé au Real Madrid. Il y a aussi Denzel Dumfries, de l’Inter, côté droit. 

Quand je suis arrivé à Sochaux, je me suis rendu compte de la chance qu’on avait d’être à Paris”

Si on revient sur votre parcours, quel bilan faites-vous de votre histoire au PSG ? 

Je pense qu’avec du recul, j’aurais dû rester plus longtemps au PSG. Je pouvais rester, j’avais une proposition de prolongation du PSG. Mais j’avais demandé conseil aux plus expérimentés Péguy Luyindula, Sammy Traoré, Amara Diané. Paul Le Guen m’avait dit que j’entrerais dans la rotation mais sans garantie. On m’a conseillé de partir pour jouer, car j’étais jeune. Mais je pense que j’aurais dû rester. 

Pendant ma dernière saison, Le Mans m’avait sollicité pour un prêt, mais Guy Lacombe m’avait retenu. Adrien Rabiot, ça l’avait aidé de partir à Toulouse, de voir autre chose, de revenir plus fort. Et je pense que, si j’étais passé par un prêt, avec du temps de jeu, j’aurais pu revenir pour m’imposer. 

Quand je suis arrivé à Sochaux, je me suis rendu compte de la chance qu’on avait d’être à Paris. Avec tout le respect que j’ai pour Sochaux bien sûr. J’aurais compris certaines choses, et pas seulement sur le terrain, en vivant une autre expérience avant de revenir. C’est comme ça. On apprend.

Boukary Dramé, PSG
Crédit photo : Icon Sport

Quel souvenir ou anecdote marquante gardez-vous en tête ?

Je dirais mon premier match en pro. La victoire en Coupe de France aussi, le seul titre à mon palmarès. Les gens que j’ai appréciés, les différents coaches, les kinés, les docs, ceux qui sont la partie invisible du club, qui comptent beaucoup pour le club d’ailleurs. J’ai gardé de bons contacts avec certains d’entre eux. Il y a toujours de bons souvenirs, les amis qu’on se fait depuis le centre de formation aussi. 

Quel est le joueur qui vous a le plus impressionné durant vos années parisiennes sur et en dehors du terrain ?

Je dirais Pauleta. C’est la classe. Sur le terrain, tu as l’impression que ce n’est pas un grand dribbleur, qu’il n’est pas très rapide, qu’il n’accélère pas beaucoup et, pourtant, quel état d’esprit ! Quand j’étais au marquage à l’entraînement sur lui, il me mettait toujours plusieurs mètres sur ses appels pour marquer tranquille sans parfois que je comprenne comment il avait fait. Et même en dehors du terrain, il était exemplaire, jamais un bruit. Un grand capitaine, qui parlait quand il fallait. S’il fallait parler à quelqu’un en privé, il le faisait. Rien à dire, exceptionnel. 

Quand vous étiez à l’Atalanta, imaginiez-vous la dimension que le club prendrait ?

Personne ne pouvait imaginer ça ! Mais il y avait déjà tout ce qu’il fallait pour : les infrastructures, le contexte, l’aspect économique très stable. À partir du moment où ils ont trouvé la bonne formule, c’était parti. Plus rien ne m’a étonné ensuite, il y avait déjà tous les ingrédients quand j’y étais, c’était top. Le bon coach est arrivé au bon moment, c’est tout ce qu’il fallait. Maintenant qu’il est parti, je suis curieux de voir ce que ça va donner. J’espère que ça va continuer.

Boukary Dramé, Pauleta, PSG
Crédit photo : Icon Sport & Imago

Entretien réalisé par A.P.