Le transfert de Reinier à l’Atlético Mineiro a permis au joueur de dresser un bilan de sa carrière. Formé à Flamengo, le milieu a quitté le Brésil en 2019 pour rejoindre le Real Madrid Castilla, l’équipe B du Real Madrid, dans un transfert à 30 millions d’euros jusqu’en 2026.

Le Brésilien n'est resté qu'une saison, en 2019/20, au sein de l’équipe réserve, où il n’a joué que trois matchs pour deux buts, sans parvenir à décrocher sa chance avec l’équipe première.

Agé de 18 ans à l’époque, Reinier s’est souvenu de cette année avec le Real Madrid Castilla, marquée par l’impact de la pandémie de covid-19.

“J’ai vécu beaucoup de choses, il y a eu la covid-19… J’ai disputé trois matchs avec le Real Madrid Castilla, je m’améliorais en espagnol puis la pandémie est arrivée. Ensuite, cinq mois sans jouer et j’ai été prêté. J’ai gagné de l’expérience, j’ai traversé de nombreux pays, appris d’autres langues. Je suis parti à 18 ans et aujourd’hui ma mentalité est différente. Sur le terrain aussi, j’ai appris à mieux défendre, la tactique en Europe est un peu différente, donc je me suis beaucoup perfectionné” a-t-il confié à GaloTV.

“Beaucoup de gens disent que je n’ai pas réussi dans un certain club, mais à Real Madrid, personne ne peut dire que je n’ai pas réussi, car je n’ai pas eu de continuité, je n’ai pas fait de pré-saison, je n’ai pas joué un seul match. Beaucoup de gens disent n’importe quoi sur les réseaux sociaux ”, a-t-il déclaré.

Un premier prêt à Dortmund

Reinier a connu plusieurs clubs européens pendant son contrat espagnol, d'abord prêté au Borussia Dortmund. Il rejoint l’Allemagne pour la saison 2020/21 et dispute 19 rencontres, marquant un but et délivrant une passe décisive.

Cette année-là, il côtoie notamment Erling Haaland, Jude Bellingham – avec qui il partageait le même poste –, ainsi que Marcus Reus, sous la houlette des entraîneurs Lucien Favre et Edin Terzic. Il n'a été titulaire qu’une fois, face au Bayer Leverkusen en Bundesliga.

“Je ne parlais ni anglais, ni allemand, ce qui est vraiment difficile. Ils m’ont aidé, Haaland, Emre Can, Jude (Bellingham), ce fut une très bonne expérience. Le mauvais côté, c’est que je n’ai pas pu développer mon football. À l’entraînement, on me disait : « Tu t’entraînes super bien, continue », mais on ne me faisait pas jouer. Je ne comprenais pas. Je m’entraînais bien mais je ne jouais pas ? C’était leur choix, j’ai respecté tout le monde, le club, les joueurs titulaires, mais c’est dommage” a-t-il déclaré.

Le Brésilien est resté une saison supplémentaire à Dortmund, toujours prêté par le Real. Le club débute l’année avec Marco Rose et Reinier est aligné trois fois titulaire sur 20 matchs. Mais, sans véritable continuité, la saison se termine par son départ.

Ce passage a suscité des critiques. Le journal Marca jugeait qu’il ne s’était pas adapté à un club réputé pour valoriser les jeunes et soulignait un « manque d’efforts » du Brésilien pour renverser la tendance.

“La relation entre Dortmund et le Real Madrid est excellente. Dans les coulisses, on parle d’un manque d’adaptation et aussi d’un manque d’efforts, ce qui n’est pas suffisant pour répondre aux exigences. Ni maintenant, avec l’entraîneur Edin Terzic, ni auparavant, avec Lucien Favre, Reinier n’a eu l’occasion de montrer qu’il est toujours le joueur qui s’est révélé au Brésil et qui a poussé le Real à le signer dès ses 18 ans “, écrivait le journal.

Le média mentionnait également un « malaise évident » de Reinier à Dortmund. Au contraire, le directeur sportif Michael Zorc rétorquait qu’il n’était au courant d’aucun malaise de la part du joueur, personne ne lui en ayant parlé en interne.

“[Les critiques], ce n’était que des attaques. Rien que des coups… C’était une période très difficile. Je sortais des matchs abattu, je ne dormais plus. Je voulais juste partir. Après un an, j’ai compris que ça ne changerait pas et ce n’était pas de ma faute, je faisais de mon mieux. Je m’entraînais chez moi, j’avais un kiné, un nutritionniste. Il n’y avait plus rien à faire. Je voulais juste partir et retrouver le sourire” a-t-il confié.

Reinier, Dortmund, Real Madrid

Retour au Real Madrid et nouveau prêt

Au milieu des rumeurs et critiques, Reinier part à Gérone en prêt pour 2022/23. L’enthousiasme est réel au début, il joue davantage. Il marque lors de ses cinq premiers matchs, soit autant de buts qu’en deux ans à Dortmund.

Mais il n’arrive pas à s’imposer dans l'équipe de l’entraîneur Michel, ne disputant que 18 matchs de Liga pour deux buts et deux passes décisives.

Le Real Madrid conclut alors un nouveau prêt, cette fois à Frosinone (Italie) pour une saison, sans option d’achat. Reinier aurait reçu des offres pour rester à Gérone, ainsi que des intérêts de Norwich (Angleterre) et du Paok (Grèce).

Lors de son passage éclair, il prend part à 22 matchs de Serie A, inscrit deux buts. Il a aussi été aligné en Coupe d’Italie, marquant un but en un match contre le Torino, servi par Kaio Jorge, alors prêté par la Juventus.

Ce duo a été décisif lors du seul match de Coupe joué, en novembre 2023, offrant une qualification historique pour les huitièmes de finale au Frosinone.

Reinier vuelve de Frosinone a Real Madrid
Reinier vuelve de Frosinone a Real Madrid (Icon Sport)

L’ultimatum du Real Madrid

Mais même ce fait d’armes ne lui permettra pas de s’imposer. De retour au Real Madrid Castilla, il découvre qu’il n’entre pas dans les plans d’Alvaro Arbeloa, et il n’est même pas retenu pour la préparation à Marbella.

Les statistiques de Reinier inquiètent : selon AS, son rendement est jugé faible et un éventuel licenciement était évoqué en cas de nouvel échec à être prêté.

En cinq ans et demi en Europe, quatre clubs défendus, 105 matches et moins de 4 000 minutes sur le terrain, pour seulement sept buts. Le site Transfermarkt estime sa valeur à 1,5 million d’euros, le plus bas niveau de sa carrière.

Dans l’incertitude, Reinier trouve un prêt à Grenade pour la saison 2024/25. Ce recrutement intervient juste après que Carlo Ancelotti ait conseillé au joueur de « chercher une équipe pour exprimer son talent ».

Ce n’était pas la première mise au point du coach italien concernant Reinier. Déjà lorsqu'il était à Gérone, Ancelotti insistait sur le fait qu’il ne faisait pas partie des plans de l’équipe première.

“Il a des qualités. Il a fait la préparation avec nous et, pour moi, c’est un milieu talentueux, « box to box ». Mais je pense qu’il n’a pas encore montré son meilleur niveau. Certains joueurs y arrivent plus tôt, d’autres plus tard. Il y a des exemples de joueurs qui explosent à 30 ans. Il a le potentiel pour jouer dans un grand club” a-t-il expliqué.

À Grenade, il aura connu sa plus longue série de matchs sur une saison : 25 matchs, un but, quatre passes décisives. Sa dernière apparition en club remonte à mai 2024.

Qu’est-ce qui n’a pas marché entre Reinier et le Real Madrid ?

La relation a pris fin après l’annonce en août dernier du transfert de Reinier à l’Atlético Mineiro, pour un contrat jusqu’au 31 décembre 2029. Le Galo a acquis 50 % de ses droits économiques, le Real Madrid conservant les 50 % restants (contrat initial jusqu’en 2026).

Selon les journalistes Rodrigo Fáez et Rodra (ESPN Espagne), deux facteurs principaux ont pesé sur la trajectoire du milieu : d’abord la pression du montant de son transfert, mais aussi « la précipitation » du Real à vouloir déjà l’exploiter.

“L’arrivée de Reinier à Madrid a été lourde : 30 millions d’euros. Il est arrivé en janvier 2020 comme un pari supplémentaire de Florentino Pérez sur la jeunesse brésilienne, et les attentes étaient très élevées. Le club le traitait déjà comme un futur crack, ce qui n’a jamais eu lieu. Il y a eu beaucoup de précipitation et le jeune joueur n’a pas réussi à reproduire ce qu’il montrait au Brésil“, analyse Fáez.

Les attentes étaient encore renforcées après les succès de Vinicius Jr et Rodrygo.

“Reinier ne s’est jamais imposé. À Valdebebas (centre d’entraînement), on raconte qu’il a peiné face à la pression et, malgré son talent, il n’a pas percé. Même les prêts n’ont pas fonctionné pour ce joueur qui aura surtout eu un nom plutôt que du temps de jeu, puisque jamais, il n’a joué avec l’équipe première” poursuivent les journalistes.

Outre les attentes, Rodrigo Fáez et Rodra pointent aussi la tentative ratée du Real de faire jouer Reinier sur un poste qui n’existe pas réellement en Europe.

“Le principal problème d’adaptation de Reinier au Real Madrid, c’était son poste. Un second attaquant prolifique qui brillait au Brésil, mais à une position qui n’existe ni à Valdebebas, ni en Europe. Une source du club a d’ailleurs averti la direction de cette contrainte avant l’achat” explique Rodra.

Cet article est une adaptation d'un article publié par notre partenaire Trivela.