Né à Marseille, Larry Azouni a gravi les échelons un à un jusqu’à atteindre l’équipe première de l’Olympique de Marseille en 2011-2012. Dans cet entretien accordé à Top Mercato, le milieu de terrain de 31 ans est revenu sur son parcours à l’OM, au contact notamment de Didier Deschamps. L'international tunisien a aussi abordé la suite de la carrière, qui l’a menée notamment en Belgique et au Portugal, et depuis cet été à Dibba Al-Hisn aux Emirats Arabes Unis.

Entretien réalisé par A.P.

Larry Azouni, revenons sur votre parcours à l’OM. Vous êtes monté en équipe première en 2011/12. 

J’étais monté avec Didier Deschamps en 2011/12. J’avais commencé à jouer très jeune avec la réserve, à 17 ans, et on disputait aussi la Next Gen, la Ligue des Champions des jeunes. On avait joué contre Manchester City et Deschamps était venu nous voir jouer. Je jouais défenseur central à l’époque. J’ai été formé défenseur central. Ce jour-là, j’avais fait un bon match et le lendemain, pendant une trêve internationale, je fais mon premier entraînement avec les pros. 

Deschamps vient me voir, me dit qu’il m’avait vu au match, qu’il m’avait trouvé bon et il m’a dit que si je voulais faire carrière au plus haut niveau, je devais passer au milieu, car ma taille allait poser problème derrière. Il a peut-être eu une discussion avec les entraîneurs du centre, je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’à partir de ce moment-là, je n’ai plus joué derrière ! 

Pendant cette même trêve, on a joué un match amical contre Monaco avec les pros et ça s’est super bien passé. À partir de là, cette saison-là, avec la CAN (de jeunes, ndlr) avec la Tunisie, j’ai fait une dizaine de bancs, sans jamais entrer malheureusement. 

Comment s’est passée cette reconversion au poste de milieu ?

J’ai toujours été un défenseur plutôt technique, moins dans le duel, plus dans la relance. Toute ma formation, j’étais avec un autre défenseur, Baptiste Aloé, qui était plus dans le duel et on s’entendait trop bien, on était très complémentaires. 

Ça s’est bien passé au milieu, où j’avais déjà joué quelques matchs aussi avec les jeunes. Mais à partir de cette discussion avec Deschamps, je me suis fixé au milieu et j’ai gagné ma première sélection en équipe de France U18 quelques semaines plus tard. 

La saison suivante, en 2012/13, vous jouez votre premier et seul match officiel de votre carrière avec l’équipe première de l’OM, à l’extérieur, contre Limassol. Quel souvenir en gardez-vous ?

Pas ouf en fait ! Le contexte n’était pas terrible. On est déjà éliminés de la compétition, on ne joue pas au Vélodrome, il y avait une dizaine de jeunes, donc j’avais l’impression de jouer avec la réserve. J’ai eu des frissons quand j’étais sur le banc contre l’Olympique Lyonnais avec un Vélodrome plein. Mais pour les stats, je pourrais dire que j’ai joué en Europa League avec l’OM !

Larry Azouni, OM
Crédits photo – IconSport

Que vous a-t-il manqué selon vous pour avoir davantage de matchs avec l’équipe première ?

C’était compliqué. Il y avait une très très grosse équipe à l’époque. La concurrence était rude. Au milieu, il y avait Alou Diarra, international français, Benoît Cheyrou, Lucho Gonzalez… C’était compliqué. J’aurais voulu avoir des bouts de matchs. Mais je me suis blessé aux côtes à cinq journées de la fin, en 2011/12. J’ai eu un grave problème. 

Et à ce moment-là, l’OM ne jouait plus rien en championnat. Il y a quelques jeunes qui ont démarré à ce moment-là, comme Momar Bangoura, Wesley Jobello… Je pense que j’aurais pu moi aussi avoir des minutes si je n’avais pas eu cette blessure. Après, j’étais réaliste, je n’étais pas encore prêt à m’imposer dans cet OM-là. 

“José Anigo m'a dit qu’il y avait eu trop de hauts et de bas et ne m’avait pas proposé de contrat pro”

La saison suivante, en 2012/13, vous vivez de l’intérieur l’épopée vers la deuxième place sous les ordres d’Élie Baup. 

Pas tellement. Le changement de coach a tout changé. Deschamps me préférait moi, Baup préférait Raffidine Abdullah, qui a beaucoup joué cette saison-là. Même aux entraînements, c’était rare que j’y sois alors que j’en avais fait beaucoup la saison précédente sous Deschamps. Lors de la préparation, Baup me met latéral droit… Je n’ai pas été mauvais sur les matchs de préparation, mais bon. Raffidine a fait de bons matchs au milieu et n’a plus quitté le groupe, moi pas, sauf pour quelques entraînements. 

J’étais déçu, j’ai lâché un peu. J’en avais marre de jouer en réserve. Cette saison-là, c’est l’équipe de France U19 qui me sauve. J’étais d’ailleurs en fin de contrat. José Anigo m’avait dit qu’il y avait eu trop de hauts et de bas et ne m’avait pas proposé de contrat pro. Mais arrive l’Euro U19 et là, au bout du deuxième match, il m’appelle et me dit qu’il faut qu’on rediscute !

Est-ce que cela a été dur de partir ?

Non, parce que je savais que je n’allais pas jouer. Quand je rentre de l’Euro U19, en 2013, Elie Baup allait entamer sa deuxième saison avec Franck Passi comme adjoint. On était très proche parce c’était mon coach en réserve et c’est lui qui m’avait lancé. Il m’avait clairement dit que le mieux pour moi, c’était que je parte en prêt, que je n’aurais pas beaucoup de temps de jeu en Ligue 1. J’avais aimé cette franchise. Je ne voulais plus jouer en réserve. 

Larry Azouni, OM
Crédits photo – IconSport

Y a-t-il des joueurs qui vous ont marqué ou accompagné lorsque vous avez côtoyé le groupe professionnel à l’OM ?

Morgan Amalfitano, on est encore en contact dix ans après. C’était un très bon joueur. Très discret, mais super mec. Aujourd’hui, il est dans le staff de l’AS Cannes, en tant qu’adjoint. Discret un peu comme moi, ça a matché de suite. Il y avait André-Pierre Gignac aussi qui était proche des jeunes, qui rigolait beaucoup et nous mettait à l’aise. Cheyrou aussi, grand monsieur. À l’époque, il y avait une équipe de fou, Loïc Rémy, Cesar Azpilicueta, Nicolas Nkoulou, trop fort. Quand je rentrais dans le vestiaire, j’avais les yeux qui brillaient ! C’était un truc de fou pour un jeune de Marseille. 

Vous êtes passé longuement par la Belgique ensuite. Quel est votre regard sur le football là-bas ?

J’ai kiffé la Belgique. Il y a beaucoup de très bons joueurs qui passent par la Belgique avant d’aller dans des championnats plus huppés ou de meilleurs clubs. Ils savent très bien recruter, pour pas très cher, dans les pays de l’Est et un peu partout. Moi, je n’étais pas dans une grande équipe, Courtrai. On avait de bons joueurs. Mais vraiment, j’ai kiffé, l’ambiance dans les stades, le niveau. Vraiment, c’était pas mal ! Je me souviens de Leandro Trossard, aujourd’hui à Arsenal, de Malinovskyi à Genk, de Chakvetadze à La Gantoise. Vraiment, il y avait de très très bons joueurs. 

“Niveau football, le Portugal c’est le meilleur championnat que j’ai connu”

Vous avez aussi connu le Portugal, durant une saison au Nacional à Madère. Qu’en gardez-vous ?

J’ai aussi kiffé sur le terrain, mais en dehors, on était en période COVID, il n’y avait malheureusement pas grand-chose à faire. C’est très beau. Sinon, niveau football, c’est le meilleur championnat que j’ai connu. Toutes les équipes essaient de jouer au ballon, ça c’est mon football, ça me parle. Nous, on venait de monter, mais on jouait au ballon, quitte à perdre. C’est le football que j’aime. Et en plus, tu as la chance de jouer contre de très belles équipes, dans de beaux stades. Le Portugal, top. J’avais fait une saison pleine, j’avais été bon contre les gros. Mais comme on descendait, je ne voulais pas rester en L2. Le président m’avait promis qu’il ne me bloquerait pas si je faisais bien mon boulot. Et il m’a laissé partir en fin de saison. Un homme. 

Vous avez connu l’Arabie Saoudite il y a quelques années. Sentiez-vous que le championnat allait exploser de la sorte ?

J’arrive après que Cristiano Ronaldo ait signé. Le buzz avait déjà commencé. Je ne cherchais pas spécialement à y aller. Mais un coach que j’avais eu en Belgique avait repris une équipe là-bas et m’a appelé pour le rejoindre. Ça s’est fait comme ça. Ce n’était pas un objectif d’aller là-bas. Le niveau, j’étais surpris. Chaque équipe avait droit à 7 étrangers en Ligue 2. 

Il y avait des joueurs avec de bonnes carrières en Europe. J’étais agréablement surpris du niveau, j’ai kiffé. Mais c’était la vie à l’extérieur qui était plus compliquée. J’étais dans une ville où il n’y avait vraiment rien, c’était le désert. Et comme je suis tout le temps avec ma famille… Pour un an, ça allait, plus c’était compliqué. 

Avez-vous déjà pensé à l’après-carrière ? Est-ce que ça vous plairait de rester dans le milieu du football et aider votre club formateur ?

Oui, totalement ! Après, davantage en tant que coach, pourquoi pas avec les jeunes pour commencer. C’est une idée. J’ai toujours ce côté à beaucoup parler avec mes différents coaches, comprendre pourquoi on fait tel ou tel exercice. Je pose beaucoup de questions. J’ai eu la chance de voyager, de faire pas mal de clubs, sur différents continents. J’ai connu beaucoup d’entraîneurs. Même si le football se ressemble de plus en plus, tu vois des choses différentes. Il y a toujours à prendre des coaches, même des moins bons. Je vais aussi commencer une formation de scouting.

Entretien réalisé par A.P.