Riche de 158 matchs disputés en Ligue 1 avec l’AS Monaco et Strasbourg entre 1998 et 2006 (8 buts), Pontus Farnerud est aujourd’hui directeur sportif d’Örgryte en deuxième division suédoise. L’ex-milieu de terrain de 45 ans a donné de ses nouvelles dans cet entretien exclusif accordé à Top Mercato, tout en conseillant quelques pépites de Suède aux clubs de Ligue 1. L'occasion de faire une révélation sur une cible récente du RC Lens.

Entretien réalisé par A.P.

Pontus Farnerud, tout d’abord comment allez-vous ?

Je suis en Suède, je travaille beaucoup, tout va bien, merci !

Vous êtes aujourd’hui directeur sportif d’Örgryte en deuxième division suédoise. Premier de Superettan, à la lutte pour la montée. Comment se passe cette aventure ? 

C’est le club le plus ancien de Suède, le premier à avoir été créé ici. C’est un club qui a gagné de nombreux titres, historiquement reconnu ici en Suède, mais qui connaît beaucoup de difficultés depuis plusieurs années, avec des relégations en deuxième et même troisième division. On est premier en ce moment, il reste huit matchs à jouer d’ici la fin du championnat. On réalise une bonne saison. 

Depuis mon arrivée en janvier 2024, on a construit quelque chose d’intéressant. Même si on ne monte pas en première division dès cette année, j’espère que le club est sur les bons rails pour les années qui viennent. 

“J'ai commenté presque tous les matchs de Zlatan au PSG pour la télévision suédoise”

Est-ce que ce rôle vous plaît ?

Oui, beaucoup ! Après ma carrière de joueur, j’ai voulu rester dans le foot. J’ai essayé de travailler un peu comme agent ou conseiller de joueurs. Quand Zlatan Ibrahimovic était au Paris SG, j’ai commenté presque tous ses matchs pour la télévision suédoise. J’ai continué de travailler comme consultant quelques années. 

J’ai passé mes diplômes d’entraîneur aussi, mais je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. J’ai eu la possibilité de commencer dans un rôle de directeur sportif adjoint à l’IFK Göteborg, où j’avais terminé ma carrière de joueur. Puis j’ai été directeur sportif là-bas pendant deux ans, j’ai été viré, j’ai quitté le club et le club d’Örgryte m’a contacté et j’ai trouvé que c’était un projet intéressant, avec un club qui a connu beaucoup de difficultés, mais avec un potentiel que je trouvais intéressant.

Est-ce que, comme un joueur qui trace un plan de carrière idéal, vous vous êtes fixés un plan dans cette nouvelle fonction ? Un club ou un championnat où vous aimeriez travailler ?

Non pas forcément, je suis à 100% concentré sur le travail que je fais ici en ce moment et puis on verra bien pour la suite. Je me sens bien ici, on a un projet intéressant comme je vous l’ai dit, en espérant qu’on continue à progresser en tant que club. Personnellement aussi, je veux continuer à progresser avec le club. Pour le moment, je n’ai aucune ambition d’être ailleurs. On verra plus tard. Chaque jour est un défi intéressant, chaque jour j’apprends et chaque jour je progresse dans mon rôle. 

“J'ai la possibilité de trouver quelques joueurs en France, comme je l’ai fait avec Madiou Keita (Auxerre)”

Est-ce qu’avec votre vécu en France, c’est un marché que vous suivez attentivement pour renforcer votre équipe ?

Peut-être que j’ai la possibilité de trouver quelques joueurs en France par rapport à mon réseau comme je l’ai fait avec Madiou Keita en prêt depuis Auxerre jusqu’en juin dernier, ça me donne un petit avantage même s’il y a beaucoup de paramètres pour un transfert. On a aussi eu Abdoulaye Faye, qui est aujourd’hui à Lorient. 

J’ai la possibilité avec mon réseau d’avoir un peu d’avance en France. Je sais qu’il y a de supers joueurs en France, même s’ils ne sont pas forcément en Ligue 1. Il y a des possibilités pour nous, parce que la Suède peut être un bon tremplin. Certains joueurs n’arrivent pas forcément à monter tout en haut dans les meilleurs championnats et la Suède peut les aider à se développer. 

Avez-vous des joueurs du championnat de Suède que vous pourriez conseiller à des clubs de Ligue 1 ?

Ici, il y a pas mal de joueurs qui ont des qualités. Il y a eu un record de ventes depuis la Suède vers l’étranger. Il y a de plus en plus de joueurs intéressants dans notre championnat. Ibrahim Diabaté (GAIS) est intéressant oui, un buteur. Je sais qu’il y a eu le RC Lens sur le milieu Fredrik Hammar, de Hammarby, qui est finalement parti en Belgique (transféré à Malines pour 1 M€ en janvier 2025). 

Je dirais peut-être l’ailier Abdoulie Manneh, qui joue actuellement à Mjallby, leader du championnat de première division avec 10 points d’avance un peu à la surprise générale comme Leicester en Premier League à l’époque. Il est vraiment fort je trouve. 

Pontus Farnerud
Crédits photo – IconSport

Un mot sur la sélection de Suède. Vous comptez 11 sélections. Vous étiez au Mondial 2002 et Euro 2004 mais vous n’avez pas joué. Y a-t-il des regrets avec du recul ?

Des petits regrets bien sûr, surtout les années où j’étais au meilleur de mon jeu, j’aurais aimé avoir un peu plus de matchs en sélection. Mais à cette époque-là, la Suède avait vraiment une équipe très forte. Pour le Mondial en 2002 et l’Euro 2004, on avait vraiment de supers joueurs. C’était difficile la concurrence, les coachs ne changeaient pas trop le onze titulaire. Il n’y avait pas non plus autant de matchs internationaux qu’il y en a aujourd’hui. Mais j’aurais bien sûr voulu avoir plus de matchs avec la sélection. 

“Alexander Isak a toutes les qualités pour réussir à Liverpool”

Jouer avec votre frère Alexander  sous le maillot suédois, ça représente quoi ? 

On fait toujours une tournée en janvier avec les joueurs qui jouent en Scandinavie et on a joué ensemble oui. Ça fait plaisir, surtout à nos parents ! Il aurait lui aussi pu avoir plus de sélections vu les clubs où il a joués et la carrière qu’il a eue. Mais c’est comme ça. On a eu de belles carrières et on a joué de grands matchs, dans de grands clubs, dans de sacrées compétitions et dans de beaux stades.

Un petit mot sur Zlatan Ibrahimovic, que vous avez côtoyé en sélection et plus tard comme consultant lorsque vous couvriez le Paris SG ?

On a joué en Espoirs en même temps et on a commencé tous les deux plus ou moins même temps en sélection A. On est resté proche à ce moment-là. Sa carrière a pris une route un peu différente de la mienne ! Je l’ai recroisé en Ligue des Champions avec le Sporting CP contre l’Inter. 

Par rapport à mon histoire en France, quand Zlatan Ibrahimovic a signé au PSG, tout le monde s’est intéressé à la Ligue 1 beaucoup plus que quand j’y étais. C’était le championnat à suivre pour les Suédois. Mon expérience en France m’a permis de travailler pour la télé suédoise sur les matchs du PSG presque chaque week-end. Il était parmi les meilleurs joueurs du monde. 

Ça a eu un impact sur le peuple suédois par rapport à sa personnalité et le joueur qu’il était. Je me souviens de son dernier match avec le PSG, on a été obligé de faire 24-48h de live depuis Paris pour suivre l’évènement, intervenir sur différentes chaînes. C’était vraiment un retentissement énorme. Aujourd’hui, les Suédois sont beaucoup moins intéressés par la Ligue 1.

Pontus Farnerud
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Un mot sur le transfert d’Alexander Isak à Liverpool, qui a déchaîné les passions durant tout le mercato d’été. 

Je crois qu’il a toutes les qualités pour réussir au plus haut niveau en Europe dans l’une des meilleures équipes d’Europe en ce moment. C’est un joueur que j’aime beaucoup pour sa capacité à se déplacer entre les lignes, son toucher de balle, sa vision de jeu et sa finition, je crois qu’il va réussir à Liverpool. 

Cela n’a pas été facile de suivre toutes les problématiques liées à son mercato. Mais on sait que ça peut arriver dans le monde du football ce genre de problèmes. Mais je sais que c’est un super mec, avec de bonnes valeurs. Pour moi, c’est le plus important. Parfois, l’entourage fait qu’on a une certaine impression d’un joueur mais je sais que c’est un super mec et un super joueur.

A la manière de la France, y a-t-il des débats liés au choix de sélection des binationaux en Suède ?

Non. Cela n’a jamais été un débat. La question était plutôt de savoir si la Fédération aurait pu faire plus pour convaincre certains joueurs qui ont choisi de défendre d’autres sélections. Les jeunes qui ont la possibilité de jouer pour deux sélections et que la Suède a parfois perdus. Mais sinon pas le même genre de débats qu’en France. 

Entretien réalisé par A.P.