Pape Diakhaté : “quand je signe à l’OL, je voulais rester à l’ASSE” [Exclu]
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Prêté successivement à l’AS Saint-Etienne puis à l’Olympique Lyonnais en 2010, Pape Diakhaté fait partie des rares joueurs passés “directement” d’un rival à l’autre. L’ex-roc de 41 ans, qui se reconvertit comme entraîneur et a récemment été nommé manager général de l’US Ouakam au pays, a accordé un entretien exclusif à Top Mercato. L’occasion d’évoquer ses souvenirs avec les deux clubs, et de rétablir des vérités avec Cris et Claude Puel.
Pape Diakhaté en bref
41 ans, ex-défenseur central et international sénégalais (39 sélections entre 2005 et 2012)
Carrière :
2001-2007 : AS Nancy-Lorraine
2007-2011 : Dynamo Kiev
2010 : AS Saint-Étienne (prêt)
2010-2011 : Olympique lyonnais (prêt)
2011-2014 : Grenade
2014 : Kayseri Erciyesspor (prêt)
2015-2016 : Kayseri Erciyesspor
2016 : AS Nancy-Lorraine
2017-2018 : FC Lunéville
Entretien réalisé par A.P.
Pape Diakhaté, revenons sur votre parcours en club. Comment ne pas évoquer Nancy ? Quel souvenir gardez-vous de cette époque faste pour le club lorrain ? Avec la montée de L2 en L1 puis la victoire en Coupe de la Ligue en 2006, le parcours en Coupe de l’UEFA la saison suivante puis votre retour en fin de carrière.
Une très grande fierté. Je suis souvent associé au club. Je suis un enfant du club. Même si je ne suis pas né ici, j’ai été adopté comme un petit Lorrain. Le fait d’être arrivé jeune, d’avoir progressé en même temps que le club, d’avoir connu autant toutes ces victoires-là, d’avoir redoré le blason de Nancy, ce n’est que du bonheur ! À Nancy, je ne retiens que de bons souvenirs !
Avez-vous suivi la remontée et le bon début de saison en Ligue 2 sous les ordres de Pablo Correa, qui était déjà votre entraîneur il y a plus de 20 ans ? Êtes-vous surpris par sa longévité ?
J’ai suivi ça oui ! Pour moi, Pablo est fait pour entraîner dans ce club-là. Il connaît le club, l’institution. Il a joué pour le club, l’a entraîné plusieurs fois. Il a vécu dans la ville pendant très longtemps. Il connaît le fonctionnement en interne, c’est aussi plus facile. Les expériences qu’il a eues ailleurs lui permettent aussi de mieux connaître cette nouvelle génération et de composer avec. Quand il est revenu, j’avais dit à un ami qu’il allait réussir. Et j’avais raison ! Il est vraiment fait pour ce club je pense.
Comment ne pas évoquer non plus votre passage à l’ASSE, où vous signez un retour tonitruant après votre passage en Ukraine ? C’était comment là-bas ?
Mis à part Nancy, c’est la meilleure expérience humaine et footballistique que j’ai connue. Je suis arrivé dans un club familial, où les gens sont d’une extrême gentillesse, c’est rare aujourd’hui. Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, je me suis tout de suite senti chez moi. Et tout s’est bien goupillé avec des belles performances et des résultats.
Et l’ambiance à Geoffroy Guichard ?
C’est abusé ! Pour mon premier match, on était 17es et je vois le stade blindé, je me dis que ce n’est pas possible ! Quand tu gagnes, tu as l’impression que le stade tremble. Quand j’étais adversaire, je ne le vivais pas comme ça, c’était chaud évidemment, mais quand tu es dans cette équipe-là, c’est extraordinaire. Pour moi, Geoffroy-Guichard c’est une des plus belles ambiances du monde, c’est extraordinaire.
“Je ne pense pas qu’avoir été à Sainté avant ait été un problème pour moi dans le vestiaire à Lyon”
Christophe Galtier, Dimitri Payet et Blaise Matuidi, que vous avez côtoyés là-bas, les imaginiez-vous aller aussi haut ?
Oui, bien sûr ! Blaise, quand tu as un milieu défensif tentaculaire comme lui devant toi, tu es tranquille en tant que central. Il te fait je ne sais pas combien de kilomètres par match, il te gratte plein de ballons, il absorbe tout ce que tu peux lui dire sans jamais râler, il est toujours de bonne humeur.
Dimitri, au niveau qualité technique et vision du jeu, j’ai rarement joué avec des joueurs aussi forts en Ligue 1. Il a les deux pieds, il est adroit, il n’a pas peur de prendre ses responsabilités donc forcément on savait. Il lui fallait juste un déclic pour comprendre qu’il pouvait aller au-dessus. Loïc Perrin et moi, on lui disait d’arrêter les bêtises pour ne pas gâcher quelque chose de grand. C’est ce qu’il a fait.
Galtier, lui, m’a marqué par sa franchise, son professionnalisme et sa connaissance du jeu. C’est un entraîneur qui avait une lecture des matchs très pointue, c’est quelque chose de fort. Ça ne m’a pas surpris qu’il aille si haut.
Puis vous partez immédiatement après chez l’ennemi juré, à l’Olympique Lyonnais. Le transfert a-t-il été délicat à gérer ? Et l’intégration a-t-elle été plus difficile à cause de ça ?
Je voulais rester à Sainté mais le club traversait des grosses difficultés financières. Je l’ai compris mais avec beaucoup d’amertume parce que je voulais vraiment rester là-bas. Quand je suis parti à Lyon, je me suis vite intégré. J’ai joué dès la première semaine, contre Valenciennes. Je ne pense pas qu’avoir été à Sainté avant ait été un problème pour moi dans le vestiaire à Lyon.
Quel bilan faites-vous de votre passage à l’OL ?
Franchement bon. Le seul bémol, c’est qu’on a souvent parlé de problèmes de concurrence, ce qui était faux. Quand je suis arrivé, Cris était blessé donc je jouais avec Dejan Lovren, on s’entendait bien en dehors parce que sa femme s’entendait très bien avec la mienne, et on formait une bonne paire sur le terrain.
On m’avait interrogé sur ça dans la presse et Cris avait mal pris ma réponse. Il y avait un malaise. J’avais réglé mes comptes dans le vestiaire avec lui, en demandant l’autorisation au coach de crever l’abcès devant le groupe. Je lui ai dit qu’on devait régler ça entre hommes, soit en discutant soit en se battant. Il m’a dit qu’il n’y avait aucun souci et c’était réglé.

Y a-t-il des joueurs qui vous ont particulièrement marqué là-bas, vous qui avez joué avec Lisandro, Miralem Pjanic, Michel Bastos, Alexandre Lacazette ?
Tous ceux que vous avez cité ! Il y avait aussi Clément Grenier et Maxime Gonalons. Jérémy Toulalan m’a marqué aussi. C’était un super joueur mais un super mec aussi. Yoann Gourcuff, très bon gars aussi. On avait une très bonne équipe, avec beaucoup d’ego.
“Ceux qui font un procès à Claude Puel, c’est parce qu’ils ont bénéficié des largesses de ses prédécesseurs, c’est tout”
On a parfois entendu que c’était compliqué avec Claude Puel. Vous confirmez ?
Ceux qui lui font ce procès-là, c’est parce qu’ils ont bénéficié des largesses de ses prédécesseurs, c’est tout. Moi, il m’a marqué aussi. Comme coach aujourd’hui, je le comprends. Chaque joueur doit être traité de la même façon. Il est juste et ça m’a marqué. Il est très honnête, très exigeant. C’est un coach pour qui j’éprouve beaucoup de respect parce qu’il a toujours été honnête et droit.
Quel est votre regard sur l’OL d’aujourd’hui ?
La capacité de l’OL à renaître de ses cendres, ça m’impressionne. Je n’avais pas l’impression qu’ils pourraient se relever de leurs problèmes et pourtant ils l’ont fait. Ça en dit long sur leur capacité d’adaptation. Pour autant, ça ne me surprend pas. C’est l’un des clubs les mieux organisés par lesquels je suis passé.

“Je savais que Moussa Niakhaté ferait du bien à l'OL”
Un mot sur Moussa Niakhaté, votre compatriote.
Quand il est arrivé l’été dernier, je me suis dit qu’il leur ferait du bien. Il a connu le très haut niveau en Angleterre, à Nottingham Forest. C’est un leader, avec son statut d’international, il dégage beaucoup de sérénité. Je ne suis pas surpris qu’il ait pris une place aussi importante dans cette équipe.
Vient ensuite votre passage en Espagne, à Granada. Vous avez connu le grand Real, avec Benzema, Ramos ou Higuain, Özil et le grand Barça, avec Neymar, Fabregas, Iniesta. Sur le terrain, c’est vraiment beaucoup plus dur ?
C’est deux mondes différents, là on se frotte à la crème du football. Ça se sent dans le jeu. Je n’exagère pas ! Quand je les ai joués, ces joueurs-là ne font pas de mauvaises passes, pas de mauvais contrôles, ils savent s’orienter, c’est fluide, c’est très rapide, c’est très clinique. Ils n’en font pas des tonnes. Tu gagnes en humilité quand tu joues contre eux. Benzema, sa justesse technique m’a impressionné. Ses contrôles sont toujours réussis, il anesthésie le ballon ! Mais on joue au foot pour vivre ces matchs-là.
Vous avez aussi évolué en Turquie, à Kayseri. C’est vraiment autre chose en termes d’ambiance comme tout le monde le dit ? Et si oui pourquoi ?
Je confirme ! Ils sont fous de foot. Ils vivent ça à 2 000%. Même à Kayseri, qui est un petit club, il y a de supers installations, des médias qui parlent toute la journée de football. Quand tu joues à Besiktas, tu as limite mal à la tête à cause du bruit. Tu ne peux pas parler à ton collègue. Une fois, en Europe, j’avais joué à Istanbul avec Kiev, contre Besiktas, on ne s’entendait pas.
Entretien réalisé par A.P.