Neeskens Kebano : “je pense que je méritais plus au PSG” [Exclu]

Né en région parisienne et formé au Paris Saint-Germain, Neeskens Kebano fait partie de ces titis qui ont quitté le club de la capitale au début de l’ère QSI. Dans cet entretien accordé à Top Mercato, l’international congolais, qui joue désormais à Qadsia SC au Koweït, revient sur son passage au PSG, ainsi que sur l’actualité du club de la capitale. Le milieu offensif de 33 ans s’exprime aussi sur le Ballon d’Or d’Ousmane Dembélé ou encore sur ses souvenirs avec Presnel Kimpembe.

Neeskens Kebano en bref

33 ans, milieu offensif, international congolais (35 sélections, 6 buts)

Carrière :

2011-2013 : Paris Saint-Germain — 9 matchs (1 but)
2012-2013 : Caen (prêt) — 16 matchs (2 buts)
2013-2015 : Sporting Charleroi — 72 matchs (23 buts)
2015-2016 : Genk — 46 matchs (9 buts)
2016-2023 : Fulham — 160 matchs (24 buts)
2021 : Middlesbrough (prêt) — 18 matchs (1 but)
2023-2025 : Al Jazira — 58 matchs (12 buts)
Depuis 2025 : Qadsia SC

Entretien réalisé par A.P.

Neeskens Kebano, comment avez-vous vécu la victoire du PSG en Ligue des Champions la saison passée ? 

J’ai kiffé ! J’ai regardé le match dans une salle de cinéma carrément ! On était avec des amis, dont des supporters marseillais qui étaient pour l’Inter. Ils ont quitté la salle très très vite !

Est-ce le meilleur PSG de l’histoire ? 

On ne peut pas dire ça. Ils ont eu le trophée qu’on attendait tant, mais “le meilleur PSG de l’histoire”, sincèrement, c’est difficile à dire. Tu peux avoir la meilleure équipe de l’histoire et ne pas gagner la Ligue des Champions. Collectivement, c’est vrai, tout le monde était au four et au moulin, personne ne marchait, tout le monde courait, tu pouvais voir Dembélé aller presser, tacler, pareil pour Kvara ou Barcola. Il y a vraiment un équilibre très respecté de ce que demande Luis Enrique par les joueurs. 

Après, moi, j’aime bien le spectacle, les joueurs qui sortent de l’ordinaire, comme Neymar. Il a eu des périodes incroyables à Paris. Quand il arrive à Paris, il marche sur le championnat. Le Final 8. C’est vrai qu’il s’est beaucoup blessé ensuite, mais tu ne peux pas dire qu’il n’a rien fait, surtout vu son rendement. C’était grave. 

Pour moi, le meilleur joueur du monde, ça reste Lionel Messi. Je peux comprendre que les gens aient été déçus de son passage à Paris parce qu’ils s’attendaient à voir le Messi de 25 ans, qui faisait des crimes avec le Barça chaque week-end. Mais comme je le dis, Messi n’a pas rien fait non plus à Paris. Il faut prendre l’âge en considération aussi, d’autres paramètres. Il faut apprécier aussi, simplement. 

Senny Mayulu qui marque le dernier but en finale de C1, Presnel Kimpembe qui soulève la coupe, ça a dû vous procurer de sacrées émotions en tant que joueur formé au club ? 

Presnel, je l’ai connu très tôt à ses débuts, c’est quelqu’un avec qui je suis toujours en contact, donc ça m’a fait quelque chose de le voir avec la coupe. J’étais très content, très heureux pour lui. Mais en tant que footballeur, même s’il était content, il aurait préféré participer. Il y a un petit goût d’amertume. Tout compétiteur est comme ça. 

Mayulu qui marque, ça récompense la formation parisienne. J’en ai vu beaucoup jouer contre Lille ce dimanche (le 5 octobre, en Ligue 1, 1-1, ndlr), avec Ethan Mbappé, un ancien titi, qui marque pour le LOSC. Voir autant de titis parisiens sur le terrain, ça fait plaisir. C’est une récompense par rapport à la formation parisienne. 

Ousmane Dembélé Ballon d’Or, pas de débat ?

Aucun débat ! Il n’y a même pas matière à discuter ! Il fallait forcément faire en sorte qu’il y ait un concurrent. Mais pour moi, il n’y avait pas de suspense. Honnêtement, si Lamine Yamal avait pris le Ballon d’Or, ça aurait été un gros scandale. 

“Si Lamine Yamal avait pris le Ballon d’Or, ça aurait été un gros scandale”

Et Achraf Hakimi seulement 6^e ?

Pour moi, c’est un scandale, bien sûr. Personnellement, je le mets dans les 4 premiers. Logiquement, Raphinha, vu la saison, aurait dû finir devant Yamal. Mais bon…

Vous avez fait toute votre formation là-bas et vous étiez chez les pros au moment de la bascule avec QSI. Comment l’avez-vous vécu de l’intérieur ? 

Je suis passé d’une saison avec Coupet, Giuly et Makélélé, avec mes premières apparitions en pro à, l’année d’après, avec Javier Pastore, Momo Sissoko, Nicolas Douchez, Siaka Tiéné, Milan Bisevac, Salvatore Sirigu, Blaise Matuidi, etc. qui arrivent. Le niveau grimpe. D’autres changements ? Nous, les jeunes, on ne portait plus les buts aux entraînements ! Il y avait plus de moyens, de staff. Tu ressentais que l’ambition du club avait grandi, que c’était le moment d’aller chercher plus. 

Vous aviez eu quelques petites opportunités la saison précédente sous Antoine Koumbouaré. Est-ce que vous avez tout de suite senti que cela allait être plus compliqué pour vous désormais ? 

Tu sais que les places étaient déjà chères la saison précédente. Et là, en deux mercatos, ils ont pris une dizaine de joueurs et pas des moindres. Donc les premières têtes les plus faciles à couper, ça va être les jeunes. Tu sais que le temps de jeu va se réduire, tu essaies de prendre ce qu’il y a à prendre, mais c’est difficile. 

Antoine Kombouaré se fait virer en janvier, alors qu’on est premier si je me souviens bien. Carlo Ancelotti arrive. J’ai envie de me faire prêter. J’en parle avec Leonardo, qui me dit qu’il doit voir avec Carlo d’abord. On a une réunion tous les trois pendant laquelle il me dit qu’il préfère que je reste car j’allais plus bénéficier de la qualité des entraînements à Paris que d’un prêt dans un autre club. J’ai dit d’accord. C’est vrai que tu dois hausser ton niveau de jeu pour jouer avec ces joueurs-là aux entraînements, mais toi, tu ne le ressens pas forcément vraiment la progression, parce que tu ne peux pas le reproduire en match. 

“Le PSG va venir jouer le Trophée des Champions au Koweït, ce sera peut-être l’occasion de voir Nasser Al-Khelaïfi”

Quel est votre meilleur souvenir à Paris ? 

C’est le club de mon cœur, depuis que je suis petit. Ça a été quelque chose de fort d’avoir pu y jouer, même si ça n’a pas été autant que je l’aurais voulu, d’avoir pu marquer avec mon père présent dans les tribunes. C’est vraiment ça que je retiens, j’en suis vraiment fier. 

Pensez-vous que vous méritiez un peu plus à Paris ?

Moi, je pense que je méritais plus, mais je peux comprendre aussi que le club basculait dans une autre catégorie. Ils sont plus dans le quantitatif que le qualitatif. Ils n’ont pas forcément le temps de post-former un jeune joueur pour qu’il s’aguerrisse, il faut trouver d’autres solutions, comme un départ en prêt, comme d’autres l’ont fait. 

Quel est le joueur le plus fort que vous avez connu au PSG ?

Zlatan Ibrahimovic. Mais j’aime bien citer aussi Mathieu Bodmer. C’était un joueur qui m’impressionnait. À l’entraînement, c’était trop grave, il ne perdait jamais la balle. Tu lui donnais le ballon sous pression, avec un rebond, deux rebonds, trois mecs derrière lui, il ne perdait pas la balle et faisait généralement toujours le geste juste, pied droit ou pied gauche. C’était trop grave. Il m’a marqué. 

Quelle est votre relation avec le club aujourd’hui ?

Je suis en contact avec certaines personnes de la formation, mais pas de la direction. Ils vont venir jouer le Trophée des Champions au Koweït, ce sera peut-être l’occasion de voir Nasser Al-Khelaïfi et d’anciennes personnes qui étaient là pendant mon passage. Je suis déjà retourné au centre d’entraînement pour voir Presnel, certains intendants qui étaient là quand j’y étais. 

Un tout petit mot sur la situation de Caen où vous avez évolué. Ça vous attriste ? Quel est votre regard sur les critiques à l’encontre de Kylian Mbappé et ses équipes ?

Je n’ai pas pu suivre de près. Je sais que ça a été compliqué l’année dernière, mais je n’en sais pas plus pour cette année, c’est difficile de suivre. 

Entretien réalisé par A.P.