Neeskens Kebano : “j’aurais pu revenir en Ligue 1 plusieurs fois, l’OL s’était renseigné” [Exclu]
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Après avoir été formé au Paris Saint-Germain, s’être révélé en Belgique et avoir connu son prime avec Fulham, Neeskens Kebano a quitté le football européen en 2023. Passé par Al-Jazira aux Emirats Arabes Unis avant de rejoindre Qadsia SC au Koweït, l’ailier de 33 ans revient dans cet entretien exclusif accordé à Top Mercato sur son parcours, les conditions de son départ des Cottagers et sur les possibilités qu’il a eues de revenir en Ligue 1.
Entretien réalisé par A.P.
Neeskens Kebano, au moment de partir à Al Jazira, vous avez 31 ans et vous sortez d’une expérience à Fulham où vous avez fait vos preuves. Y a-t-il d’autres options pour vous lors de ce mercato ?
Je commence la saison 2022/23 titulaire à Fulham, tout se passe bien. Je suis en fin de contrat en juin 2023, donc je sais qu’il faut carburer et que tout viendra naturellement. Tout se passe très bien et, boom, je me fais une rupture du tendon d’Achille (novembre 2022). À ce moment-là, je ne pense qu’à ma situation contractuelle. Mon coach Marco Silva me rassure, me dit qu’il me soutient et qu’il va aller voir le club pour me faire prolonger parce que je suis important pour eux et que je suis un bon joueur.
Une blessure comme ça, c’est entre 6 et 9 mois et ça peut même être plus long encore, on l’a vu avec Presnel Kimpembe par exemple. Donc ce discours me rassure et me laisse le temps de me remettre bien. Je me fais opérer à Paris, je reste un mois chez mes parents à Paris, je suis en béquilles. Puis je reviens à Londres. Je demande au coach s’il a des nouvelles. Il est étonné que le club ne soit pas revenu vers moi et me rassure encore. Le temps passe, la Coupe du monde au Qatar passe. Au mois de décembre, je demande à aller faire une partie de ma rééducation à Dubaï, au FIFA Center, sur les conseils du professeur qui m’a opéré, pour changer d’environnement et voir autre chose. Ça m’a fait énormément de bien. Je suis resté trois semaines. J’ai évolué très rapidement là-bas, chose qui n’aurait pas été possible à Londres, même avec les meilleurs physios. La météo joue énormément. Je suis parti là-bas en béquilles et je suis revenu en marchant.
“J’ai répondu à Fulham que, s’ils voulaient me garder, il fallait vraiment le montrer”
Au club, ils voient que j’ai bien progressé, mais moi, je ne vois toujours rien venir. Je vais voir le coach à la fin du mercato d’hiver, en février, pour lui demander où ça en est. Il me dit que ce n’est pas normal, qu’il va relancer la direction. En parallèle, mon agent discute avec le directeur sportif, qui lui fait comprendre qu’ils ne me proposeront rien en l’état, parce qu’ils ne savent pas dans quel état je vais revenir. Ça me met un petit coup parce que je m’étais préparé à prendre mon temps vu le discours que l’on m’avait tenu, alors que là on me dit qu’il va falloir être prêt très vite. Je me suis retrouvé dos au mur, je n’ai rien laissé au hasard, j’ai travaillé dur et, au final, je suis en avance sur mon protocole et je suis revenu au bout de 5 mois prêt à jouer un match.
Comment s’est passé ce retour sur les terrains ?
Je fais ma première entrée en jeu, le stade est en presque en ébullition. Les supporters sont contents de me revoir. J’ai une relation particulière avec eux, avec le club. Ça a fait du bruit. Après ça, le directeur sportif m’appelle et me dit de dire à mon agent de l’appeler. Le propriétaire du club, Shahid Khan, milliardaire, m’a dit à la fin du match qu’il était content de me revoir. Ça fait du bien de voir combien les gens t’aiment. Mon agent appelle donc le directeur sportif et il nous fait une proposition. Une offre d’un an. Cette proposition-là, s’ils me l’avaient faite au moment de ma blessure, j’aurais accepté. Mais là, en m’ayant poussé à revenir plus vite et plus fort, je refuse.
Je parle avec le coach en fin de saison, il me dit qu’il compte sur moi pour la saison suivante et que le club va revenir vers moi avec une autre proposition. On a un bon échange. Pendant les vacances, rien ne vient, jusqu’à une nouvelle proposition, mais sur les mêmes bases, un an. Ils savaient que j’aime le club, que j’étais très bien à Londres, que ma famille aussi. Mais là, vu la situation, j’ai dit non et répondu que, s’ils voulaient me garder, il fallait vraiment le montrer. Entre temps, je reçois d’autres propositions, dont celle d’Al-Jazira. Mon agent me présente le projet, un contrat de deux ans. La plupart des clubs hésitent à cause de ma blessure récente, ce que je peux comprendre. Mais Al-Jazira me donne deux ans et me sort les arguments pour me faire venir. Alors mon choix s’est porté sur eux, sachant que j’arrivais à 31 ans, que j’avais déjà passé 7 ans à Fulham, où j’ai passé de supers moments.
Neeskens Kebano en bref
33 ans, milieu offensif, international congolais (35 sélections, 6 buts)
Carrière :
2011-2013 : Paris Saint-Germain — 9 matchs (1 but)
2012-2013 : Caen (prêt) — 16 matchs (2 buts)
2013-2015 : Sporting Charleroi — 72 matchs (23 buts)
2015-2016 : Genk — 46 matchs (9 buts)
2016-2023 : Fulham — 160 matchs (24 buts)
2021 : Middlesbrough (prêt) — 18 matchs (1 but)
2023-2025 : Al Jazira — 58 matchs (12 buts)
Depuis 2025 : Qadsia SC
L’Angleterre, qu’est-ce qu’il y a de si différent, de si spécial là-bas ?
C’est l’euphorie, l’amour des supporters, ils te défendent mais comme pas possible quand ils t’aiment. Tu sens qu’ils ont ça dans le sang. Ils sont supporters de générations en générations, c’est une affaire de famille. C’est toute la partie show aussi. Les moyens qu’ils mettent à disposition des clubs, de la ligue pour faire des gros transferts. C’est tout ça. Par rapport à ce que j’ai pu connaître personnellement, niveau foot, c’est au-dessus. Après, je peux comprendre qu’il y ait des gens qui trouvent ça surcoté au regard de ce qu’on en dit. Pour moi, ça reste le meilleur championnat du monde, même s’il n’est peut-être pas si loin devant les autres que ce que l’on peut dire.
“Je ne me voyais pas revenir en France”
Marco Silva, un top coach selon vous ?
Il a toujours été honnête avec moi, depuis le début. On s’est revu au mois de juillet, ils étaient en camp d’entraînement. On a discuté un petit peu. Il m’a fait une blague en me disant que je pouvais revenir comme j’étais sans contrat à ce moment-là. Je lui souhaite vraiment le meilleur. C’est un super coach en devenir. Il est encore jeune. Il a déjà fait de très belles choses. Il peut aller encore plus haut je pense. C’est vraiment le genre de coach que chaque joueur qui souhaite progresser a envie d’avoir. Il n’hésite pas à faire jouer les meilleurs, les joueurs en forme. Il est honnête. C’est tout ce que j’aime chez un entraîneur.
Quel est votre meilleur souvenir de votre passage à Fulham ?
Je dirai le titre. Quand on remporte le Championship (2022), le trident offensif, c’est Aleksandar Mitrovic, Harry Wilson et moi. Cette saison-là, je mets 9 buts et 7 passes décisives. Wilson doit mettre 12 buts et 10 passes décisives, quelque chose comme ça. Et Mitrovic termine la saison avec 43 buts. On est injouable. Ça a été un grand moment. On soulève le trophée logiquement. C’était vraiment un très bon moment.
Avez-vous eu la possibilité de revenir à un moment en Ligue 1 ? Est-ce que ça vous aurait plu ?
Oui, j’aurais pu revenir en Ligue 1 plusieurs fois, mais je ne me voyais pas revenir en France. Ce n’était pas ce que j’attendais. Je sais qu’à un moment donné, j’ai eu Montpellier. Quand j’étais à Fulham, j’avais eu vent que l’Olympique Lyonnais s’était renseigné sur mon profil. Il y a eu Brest aussi à un moment donné.
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En parlant de l’OL, des nouvelles de Nabil Fekir, qui était votre coéquipier à Al-Jazira ?
J’étais avec lui oui, il est toujours en forme, je me suis régalé avec lui sur le terrain sérieusement. On avait une excellente entente sur et en dehors des terrains. On a fait de bonnes choses. On s’est bien amusés. Ça aurait même pu être mieux si on ne s’était pas blessé tous les deux, mais on en a bien profité quand même !
Un petit mot également sur la Belgique. À Charleroi d’abord, où vous êtes élu Soulier D’Ébène en 2015. Puis à Genk ensuite. Du pur kiff ?
Ce n’était que du bonheur. J’ai dû prendre une décision parce que je ne pouvais pas rester dans la même situation. J’ai fait le choix de partir en Belgique sans trop savoir ce qui allait advenir de moi, mais quand je regarde en arrière, c’est l’une des meilleures décisions que j’ai prise de ma carrière. Ça m’a permis de me mettre en valeur, d’avoir du temps de jeu, de m’aguerrir et de montrer ce dont j’étais capable. J’ai fait aussi de très belles rencontres. J’ai trouvé un coach qui m’a beaucoup aidé dans ma carrière, Felice Mazzu. J’étais nerveux, impatient, brut de décoffrage, j’étais jeune et il m’a fait grandir sur beaucoup d’aspects.
Entretien réalisé par A.P.