Passé par l’Olympique de Marseille entre 2013 et 2015, Modou Sougou a inscrit un but en 16 matchs sous les couleurs du club phocéen. Retraité depuis 2020, l’ex-attaquant de 40 ans est revenu sur son passage à l’OM dans cet entretien accordé à Top Mercato. L’international sénégalais se remémore aussi ses anecdotes savoureuses avec Joey Barton et Marcelo Bielsa.

Entretien réalisé par A.P.

Modou Sougou, tout d’abord, comment allez-vous ?

Ça va bien, merci ! On se maintient comme on dit !

Vous êtes actuellement entraîneur des U16 d’Amiens. Comment est née cette opportunité ? Comment cela se passe-t-il ? 

Ça fait trois ans que je suis à Amiens. Le club cherchait un ancien joueur, qui venait de s’arrêter, qui pouvait transmettre son expérience et qui avait envie de se former. On m’a proposé de venir encadrer et accompagner les attaquants du centre de formation, sur et en dehors du terrain. Il y a la partie transmission de l’expérience et la partie préparation de séances spécifiques. C’est ma porte d’entrée à Amiens. Après ça a évolué. L’année dernière, j’ai commencé à passer mes diplômes d’entraîneur et c’est là où j’ai commencé à coacher une équipe. J’étais avec les U15 l’année dernière et cette saison, j’ai pris les U16.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce rôle ?

Sincèrement, ça me plaît, je prends énormément de plaisir à venir tous les matins, à être là, à faire mon travail au quotidien. C’est la voie que je me suis tracée, après on verra ce que ça va donner. Mais pour le moment, ce que je suis en train de faire me plaît énormément. 

Pourquoi coach ? Quelles sont vos ambitions dans ce domaine-là ?

Je me suis toujours dit qu’il fallait faire attention dans le milieu du football. Le plus important, c’est de saisir les opportunités quand elles se présentent, de bien se comporter et de bien faire son travail. Il y a de l’ambition, mais ça reste dans un coin de ma tête. Et comme on dit, l’appétit vient en mangeant. Il faudra voir les opportunités. Le fait d’être entraîneur, d’être dans un staff, c’est quelque chose qui me plaît, que j’ai toujours eu envie de faire, même lorsque j’étais joueur. Je savais que c’était la voie que je suivrai en arrêtant ma carrière.

Y a-t-il un entraîneur en particulier dans votre carrière qui a éveillé cette vocation en vous ? 

Je ne dirai pas un entraîneur. J’ai beaucoup voyagé pendant ma carrière de joueur, j’ai évolué dans beaucoup de pays, j’ai côtoyé beaucoup de profils d’entraîneurs. Après, ce que je peux dire, c’est que j’ai pris un peu de chaque entraîneur que j’ai eu. J’ai des modèles. Mais chaque entraîneur m’a appris quelque chose de positif. Pascal Dupraz m’a marqué, j’ai pris beaucoup de choses chez lui. André Villas-Boas aussi, j’ai travaillé avec lui au Portugal. Jorge Costa, qui nous a récemment quittés, et Marcelo Bielsa aussi.

Voyez-vous un changement de motivation chez les jeunes par rapport à votre époque de joueur ?

Avant, on n’avait pas les mêmes outils. Ils ont des informations à gogo aujourd’hui. On était plus curieux à notre époque parce qu’on n’avait pas ces outils-là. Je ne pense pas que ce soit un manque de passion ou d’envie. Ils s’intéressent aussi. Je ne vois pas énormément de différences sur le plan du travail.

Revenons sur votre carrière de joueur, notamment votre passage à l’Olympique de Marseille. Quel souvenir en gardez-vous ?

J’en garde un souvenir positif. On est vice-champion de France derrière le Paris-SG de Carlo Ancelotti avec Zlatan Ibrahimovic, David Beckham, Javier Pastore. Ils avaient une belle équipe. C’est l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière. 

Jouer à Marseille, c’est quelque chose de grand parce que c’est mon club de cœur, comme je l’ai déjà dit partout. C’était un rêve d’enfant de jouer là-bas. Le fait de côtoyer des joueurs tels que Mathieu Valbuena, André-Pierre Gignac, les frères Ayew, Souleymane Diawara, Steve Mandanda, Rod Fanni, Joey Barton, Benoît Cheyrou, Benjamin Mendy, Jérémy Morel, Dimitri Payet… Il y avait de bons joueurs, c’était une belle expérience.

“On a dit à Gignac qu’il ne fallait pas s’attaquer à Barton !”

Vous n’aviez pas eu énormément de temps de jeu. Mais vous aviez tout de même apporté votre contribution à la belle 2e place accrochée par le club en championnat. Quel bilan sur le plan sportif ?

Il faut mettre les choses dans leur contexte. Moi, je suis arrivé en cours de saison, au mercato d’hiver, au mois de janvier. L’équipe tournait bien. Ils m’ont pris pour renforcer l’équipe, car il y avait beaucoup de matchs et étoffer l’effectif. Je suis venu avec Alayxis Romao et Foued Kadir. On savait qu’il y avait déjà des joueurs en place, qu’on n’allait pas jouer les premiers rôles du jour au lendemain. N’empêche, la plupart du temps, je rentrais. Le coach Élie Baup me disait que j’étais important pour la profondeur de banc. 

Une équipe, un groupe, c’est un tout. Et c’est pour ça qu’on a terminé deuxième. Il n’y avait pas d’états d’âme. Le coach ne changeait pas beaucoup les joueurs. Après, c’est déjà bien d’être dans un effectif comme Marseille, de faire son travail au quotidien et que les gens soient contents de toi. Mes entrées étaient positives aussi. Soit c’était pour changer un résultat négatif, soit pour maintenir un résultat positif. Il faut prendre ça en compte aussi.

Il y avait de sacrés joueurs dans cette équipe, les Gignac, les frères Ayew, Valbuena, Barton, N’Koulou, Mandanda, etc… Vous avez des anecdotes ?

C’est un groupe qui vivait bien ! Ça chambrait beaucoup dans le bon sens du terme. Surtout quand tu as un joueur comme Joey Barton dans le groupe. Ça, c’est typiquement anglais, ils sont comme ça. 

Moi, je me souviens qu’on est parti en déplacement. Je ne sais pas ce que Gignac avait fait à Barton mais une fois arrivé à l’hôtel la veille du match, il est parti demander la clé de Gignac à la réception. Je peux vous dire qu’il a pris un ciseau, il a tout coupé, il a mis du dentifrice partout, il a massacré la chambre. Quand Gignac est revenu dans sa chambre, il a crié comme un fou. On lui a dit qu’il ne fallait pas s’attaquer à Barton ! C’est un groupe qui vivait vraiment bien, dans une ambiance bon enfant. C’est ça qui te motive à aller tous les jours aux entraînements avec le sourire. Il y avait une bonne vie de groupe.

“Bielsa, c’est un personnage, mais c’est fort”

Pourquoi partez-vous au bout de six mois ?

Moi, je suis un compétiteur. Je savais que, pour avoir le temps de jeu que je voulais, c’était mieux pour moi d’aller me faire prêter. C’est pour ça que j’ai pris la décision de partir en prêt à Évian. Et quand je suis allé à Évian, j’ai joué quasiment tous les matches comme titulaire. Alors je ne regrette absolument pas.

Modou Sougou, OM
Crédits photo : IconSport

Vous avez côtoyé Marcelo Bielsa lors de votre premier retour de prêt à l’OM ? Quel souvenir ?

On a fait la préparation avec lui, pendant environ un mois. Bielsa, c’est fort. Je pense que c’est l’un des meilleurs au monde, sur sa perception du football, sa manière d’aborder le football, ses séances d’entraînement. Il a toujours la bonne lecture d’un joueur ou du scénario d’un match. C’est un personnage, mais c’est fort. Avec les joueurs, il était cool, tu pouvais discuter avec lui. Parfois, il n’a pas envie de parler. Parfois, il te surprend et te parle de ta vie personnelle. Ça dépend des jours.

Votre expérience à l’ETG,  quels souvenirs en gardez-vous ? 

À l’ETG, c’était un autre projet. C’est une équipe qui joue le maintien. Et jouer le maintien en France, c’est difficile physiquement, mentalement. Il faut serrer les dents, se remobiliser sans cesse. Je n’avais pas connu ça avant, j’ai découvert ça en France. Ça m’a forgé mentalement. 

Ma première saison, on a joué le maintien sur un match, en déplacement sur la pelouse du Sochaux de Hervé Renard, et on avait gagné 0-3. Il ne faut pas dévaloriser une équipe comme l’ETG qui se maintient en Ligue 1. Les efforts du club, du staff, des joueurs et de la ville, il ne faut pas dévaloriser ça. Le fait de se maintenir, c’était beau. 

Y a-t-il des joueurs qui vous ont particulièrement marqué ?

J’ai côtoyé Olivier Sorlin, Cédric Barbosa, Aldo Angoula, les anciens. J’ai joué avec Kévin Bérigaud, Daniel Wass, le Danois, un très très très bon joueur. Il y avait « la garde noire » de Pascal Dupraz comme il aimait l’appeler, avec Cédric Mongongu, John Mensah, “Djakis” Koné, Eric Tié Bi. Ça vivait bien, c’était une équipe familiale, il n’y avait pas la même pression qu’à Marseille. Ça jouait au perudo à la fin des entraînements. 

Entretien réalisé par A.P.