Arnaud Nordin : “après la Ligue 1, j’avais besoin de connaître un autre football” [Exclu]
Formé à l’AS Saint-Etienne, avec qui il a évolué jusqu’en 2022, Arnaud Nordin a ensuite quitté Montpellier pour Mayence en janvier 2025. Près d’un an après son arrivée en Bundesliga et alors que son club, avant-dernier du classement, traverse des heures délicates, l’ailier de 27 ans a accordé un entretien à Top Mercato pour faire un premier bilan de son expérience allemande. Le Français revient aussi sur sa participation aux Jeux Olympiques en 2021 et sur le retour en grâce de son ex-coéquipier, Florian Thauvin.
Entretien réalisé par A.P.
Arnaud Nordin, tout d’abord, comment allez-vous ?
Ça va très bien physiquement. Je touche du bois, je n’ai pas de pépin physique. Moralement, ça va toujours. C’est vrai qu’on est dans une situation un peu particulière, mais on va dire que c’est encore le début de saison et il y a encore pas mal de points à aller prendre, donc je pense que ça va le faire.
On en est à 11 journées en Bundesliga et Mayence pointe à la 17e place au classement avec seulement 2 victoires et déjà 7 défaites. Comment expliquez-vous ces difficultés depuis le début de la saison ?
C’est vrai que le championnat allemand est très difficile, il y a beaucoup de bonnes équipes, c’est toujours compliqué de gagner. On a eu aussi la Coupe d’Europe à jouer. On joue maintenant tous les 3-4 jours et ça enchaîne. Il faut très vite switcher entre Conference League et Bundesliga . Et justement, on est en train de travailler sur ça, pour être à la fois bons en Bundesliga et en Conference League (où Mayence est 3e du classement avec 3 victoires en autant de matchs, ndlr).
Sur le plan personnel, vous avez démarré la saison comme titulaire puis votre temps de jeu a progressivement diminué (12 apparitions dont 6 titularisations toutes compétitions confondues). Comment vivez-vous cette situation ?
C’est sûr que, en tant que joueur, on a toujours envie de jouer et d’être titulaire. Mais maintenant, quand on est sur le banc, on a envie de rentrer, de pouvoir essayer d’aider l’équipe. Mais je ne m’en fais pas, je continue à travailler à l’entraînement, à essayer de montrer mes qualités au coach et à mes partenaires. Une saison, c’est très très long et je pense qu’on aura besoin de tout le monde.
Est-ce que cela pourrait, si cela continue ainsi, vous pousser à vous interroger sur votre avenir lors du mercato d’hiver malgré un contrat courant jusqu’en juin 2028 ?
Non, non. Je me sens très bien ici. Ça ne fait même pas un an que je suis ici. Ça fera un an fin janvier. Forcément, il faut du temps. C’est un nouveau pays. Il y a un temps d’adaptation. Une nouvelle langue aussi. Il y a plein de choses à comprendre pour ensuite être performant sur le terrain. J’étais titulaire en début de saison. Là, je joue un peu moins, mais j’essaie de me donner un maximum pour que le coach fasse davantage appel à moi. On a un bon groupe, on travaille bien à l’entraînement, tout le monde fait en sorte d’être performant pour que le coach ait du mal à faire ses choix.
“La première fois où on a affronté le Bayern Munich avec Michael Olise…”
Quel bilan faites-vous de ces premiers mois en Allemagne ? Sur le plan football mais aussi en dehors des terrains ?
Sur le plan du foot, j’arrive à un âge, 27 ans, où je ne suis plus le jeune de 18 ans qui démarre ou l’ancien de 34-35 ans sur la fin. J’arrive à un âge où j’avais besoin de connaître un autre football, de voir autre chose. La Bundesliga pour moi est le 1er ou le 2e meilleur championnat au monde avec l’Angleterre. En tant que compétiteur, j’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait de jouer dans les plus grands championnats.
Personnellement, ça permet aussi de me faire grandir. C’est une autre langue. Je me débrouille bien en anglais, ça va. J’essaie aussi d’apprendre l’allemand, je connais quelques mots. C’est dur forcément, mais ça ressemble à l’anglais sur quelques mots. Personnellement, c’est enrichissant, ne serait-ce que d’aller faire ses courses, découvrir de nouveaux produits par rapport à ce qu’on a en France, voir ce qu’il n’y a pas ici.
La Bundesliga est dernièrement très bien vue en France. Comment trouvez-vous ce championnat de l’intérieur ?
C’est un championnat qui va très vite, où les arbitres laissent beaucoup jouer aussi. Sur ce qu’on appelle les micro-fautes, qu’on siffle en France, ici en Allemagne, ça joue, ça n’est pas sifflé du tout. C’est assez spécial, surtout que je suis un joueur qui aime bien le dribble, le un contre un, donc quand je prends ces risques-là, ce n’est pas toujours sifflé. C’était un peu frustrant au début mais on s’y habitue. C’est un championnat qui va vite, où ça met pas mal de coups. C’est intéressant. Ça nous permet aussi de changer un peu notre façon de jouer. Il faut rentrer dedans aussi, sinon on se fait écraser.
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Quelles sont les principales différences avec la Ligue 1 que vous connaissez sur le bout des doigts ?
L’intensité, c’est vraiment le premier point qui m’a fait tilt. C’est beaucoup plus élevé ici. En match, comme à l’entraînement. On doit mettre aussi pas mal d’intensité à l’entraînement ici, ça se rentre bien dedans, ça nous prépare au match. On joue comme on s’entraîne, c’est vraiment le cas.
Y a-t-il des joueurs qui vous ont particulièrement marqué depuis votre arrivée en Allemagne ?
La première fois où on a affronté le Bayern Munich, Michael Olise avait fait un très gros match, comme il en fait beaucoup d’ailleurs ! Il avait vraiment été bon contre nous et ça m’a fait tilt comme il est français. Chez nous, il y a Kaishu Sano, un Japonais, franchement quel joueur ! C’est vrai qu’au milieu, avec Nadiem Amiri, qui est en sélection d’Allemagne, et lui, on a quand même beaucoup de qualité, c’est assez impressionnant.
“Aux JO de Tokyo, j’étais dans la chambre avec André-Pierre Gignac, Téji Savanier et Florian Thauvin”
Parlons sélection. Qu’avez-vous ressenti lors que vous avez disputé les Jeux Olympiques de Tokyo avec l’équipe de France en 2021 ?
C’est toujours une fierté de jouer en équipe de France, mais là c’est vrai que j’ai ressenti un peu plus d’émotions parce que les Jeux, c’est quelque chose fort, qu’on regarde quand on est petit, la finale du 100 mètres, la finale du lancer de javelot… C’est un peu la Coupe du monde du Sport, avec toutes les disciplines. Pour moi, c’était limite un rêve de pouvoir me dire que j’ai participé aux JO. C’est historique pour moi. Malheureusement, le parcours, ça n’était pas trop ça. Mais ça reste une fierté. Et je serais très content de dire à mes futurs enfants, j’espère, que leur papa a participé aux Jeux Olympiques !
Quel souvenir gardez-vous de cette compétition malgré la période COVID ?
Un super souvenir. On a eu la chance en plus d’être au village olympique, contrairement à l’équipe de France de foot aux JO de Paris en 2024. Le village olympique, c’est incroyable, il y a quasiment tous les athlètes. Les salles pour manger font 4 500 places. C’est énorme ! C’est une petite ville.
Vous aviez joué aux côtés d’André-Pierre Gignac et Florian Thauvin, des A à l’époque. Qu’est-ce que cela vous avait apporté ?
Beaucoup d’expérience. Ils m’ont appris pas mal de choses. En plus, j’étais dans leur chambre. On avait une chambre avec André-Pierre Gignac, Téji Savanier, Florian Thauvin, Pierre Kalulu, Melvin Bard et moi. C’était enrichissant, ce mélange des générations, c’était super drôle. Ce sont des mecs en or. J’ai beaucoup appris de Gignac, Thauvin et Téji, que j’ai eu la chance de retrouver à Montpellier un an après.
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Florian Thauvin, parlons-en, est revenu en France cet été et ça lui réussit plutôt bien du côté du RC Lens, puisqu’il est même revenu chez les Bleus. Est-ce que c’est un exemple qui vous parle ?
Forcément, Florian Thauvin, c’est un exemple d’abnégation. Ça faisait 6-7 ans qu’il n’était pas revenu en équipe de France. Il a connu des périodes compliquées aussi. Et voilà, il n’a jamais rien lâché. Il est revenu en Italie, il a été très bon sur la fin de saison. Ça a été un très bon joueur, il a porté l’équipe, il a même été capitaine. Le fait de signer à Lens, je pense qu’il est dans la continuité de ce qu’il était en train de faire, c’est-à-dire remonter au très haut niveau. Ça lui a permis de regoûter à l’équipe de France. Je suis super content pour lui.
Que peut-on vous souhaiter pour la fin de saison ?
La santé, il n’y a rien de plus important dans la vie que la santé. Le reste, je fais le métier de mes rêves, je vis de ma passion. Forcément, j’ai envie de jouer encore plus, donc il faut que je travaille encore plus, c’est comme ça. Mais je ne pourrais pas travailler si je n’ai pas la santé. Donc le plus important, c’est la santé !
Entretien réalisé par A.P.