Opposé ce mardi à l’Olympique de Marseille en Ligue des champions, Newcastle a été racheté en octobre 2021 par l’Arabie Saoudite. Quatre ans plus tard, que pensez de ce projet pour quels résultats sur le terrain ?

5e de Premier League, Newcastle décrochait sa qualification pour la Ligue des champions à l’issue de la saison 2024-2025. Après quatre matchs et en attendant leur déplacement à Marseille mardi soir, les Magpies d’Eddie Howe occupent la sixième place de la saison régulière grâce à trois victoires en quatre rencontres et rêvent d’une qualification directe en huitièmes de finale. Un club anglais qui, faut-il le rappeler, est entré dans une nouvelle dimension en octobre 2021 avec son rachat par le Fonds souverain d’Arabie Saoudite (PIF) pour un montant estimé à 352 M€.

Lorsque le rachat très attendu de Newcastle a finalement été conclu en 2021, les supporters des clubs rivaux craignaient, voire s’attendaient, à ce que les Magpies deviennent la nouvelle superpuissance du football anglais, tant sur le plan financier que sur le terrain“, nous rappelle le journaliste de Sportmole, Ben Knapton.

Une coupe, la Ligue des champions et… une bonne longueur de retard sur les cadors pour Newcastle

Quatre ans plus tard, quel bilan tirer de la venue des Saoudiens à St James’ Park ? “Le club a dépensé plus de 500 millions d’euros pour recruter de nouveaux joueurs, dont beaucoup ont eu un impact significatif – Tonali, Guimaraes, Woltemade – et ont aidé Newcastle à se qualifier deux fois pour la Ligue des champions au cours des trois dernières saisons“, met en avant Knapton. Reste que Newcastle n’a jusque-là jamais été un candidat au titre de champion d’Angleterre depuis la venue du PIF.

11es de Premier League en 2022 alors qu’ils étaient relégables au moment de leur rachat, les Magpies enchaînent depuis les places d’honneur (4e en 2023, 7e en 2024, 5e en 2025) mais à bonne distance des cadors. Le succès décroché la saison dernière en Carabao Cup aux dépens de Liverpool, premier trophée majeur du club depuis des décennies, redonne un peu de crédit au projet mais pas de quoi perturber la domination des Manchester City, Arsenal et Liverpool.

Bruno Guimaraes Newcastle
Crédit photo : Icon Sport

Pourquoi Newcastle n’enflamme pas le mercato

Sans surprise très actif sur le marché des transferts, Newcastle est pourtant très loin d’être le club le plus dépensier du Vieux Continent. Depuis la saison 2022-2023, près de 700 M€ ont été déboursés lors des différents marchés des transferts ce qui ne situe Newcastle qu’à la 8e place des clubs les plus dépensiers selon Transfermarkt, derrière Chelsea, Manchester United, le Paris Saint-Germain, Manchester City, Arsenal, Tottenham et Liverpool. Une tendance qui ne s’est pas vraiment inversée l’été dernier. Si près de 280 M€ de dépenses ont été enregistrés, Newcastle s’est montré moins dépensier que Liverpool, Chelsea et Arsenal. Difficile de bouleverser l’ordre établi dans ces conditions…

Alors, comment expliquer que le PIF ne mette pas davantage la main au portefeuille ? Premier obstacle : le Profit and Sustainability Rules, le fair-play financier à l’anglaise, qui limite les possibilités, d’autant que les revenus commerciaux de Newcastle restent loin de ceux des cadors et qu’il est compliqué de pouvoir les augmenter en recourant à des sponsors directement liés au PIF. Seules d’éventuelles ventes de joueurs permettent donc d’équilibrer la balance. Or, les Magpies ont globalement peiné sur ce point.

L’équilibre financier a été difficile à atteindre“, souligne Knapton. “À mi-parcours du dernier mercato d’été, Newcastle n’avait récolté qu’environ 170 millions d’euros grâce à la vente de joueurs depuis la finalisation de son rachat, même si la vente record d’Alexander Isak à Liverpool pour 145 millions d’euros a permis à Newcastle de décupler ses recettes. La disparité entre les sommes dépensées pour les nouveaux joueurs et celles gagnées grâce aux ventes de joueurs a été un facteur crucial dans le manque d’investissements significatifs perçu à Newcastle.”

Quel avenir pour Newcastle ?

Au-delà de ces difficultés, la volonté même du PIF interroge. Si 127 M€ ont à nouveau été injectés dans les caisses du club en septembre dernier pour un investissement total estimé à 529 M€, ce dernier chèque ne sera pas forcément utilisé pour les transferts. Son propriétaire saoudien ne semble pas disposé à en faire davantage d’où le sentiment d’un projet qui stagne depuis quelques temps.

Régulier mais à distance des places fortes de la Premier League, Newcastle donne l’impression de ne pas en faire suffisamment en coulisses pour franchir un nouveau cap, se contentant de son statut actuel. Et le constat est un peu le même sur le terrain. “L’équipe d’Eddie Howe a été décevante par son manque de régularité jusqu’à présent cette saison, en particulier à l’extérieur. Cependant, leur victoire en finale de la EFL Cup contre Liverpool et leur récente victoire contre Manchester City ont prouvé qu’ils pouvaient encore rivaliser avec les meilleurs les jours où tout leur réussit, et si ces jours deviennent plus fréquents, l’équipe de Howe pourrait bientôt se retrouver en tête du classement de la Premier League“, conclut Knapton. En attendant cet éventuel happy end, Newcastle, seulement 14e de Premier League après 12 journées, fait figure de mastodonte aux ambitions limitées.