Ce soir, Israël se déplace au Pirée pour affronter la Grèce, en match éliminatoire de l'Euro 2012. Dans le groupe F, les Israéliens se situent à la quatrième place, à trois points du leader croate. Le bilan de Luis Fernandez n'est pas catastrophique : une victoire face à Malte (3-1), un nul contre la Géorgie (0-0) et une défaite, samedi dernier, face à la Croatie (1-2). Pourtant, le technicien français est déjà menacé de licenciement en cas de défaite ce soir face aux Grecs. Une situation qu'il a déjà vécue à plusieurs reprises par le passé.
Avant la contre-performance des Israéliens face aux Croates, la tête du natif de Tarifa (Espagne) était déjà ” mise à prix “. Dans une tribune du quotidien Maariv, mercredi dernier, le célèbre commentateur Avi Ratzon s'est adressé directement à l'ancien entraîneur du PSG, en lui demandant de ” ne pas faire entrer sur le terrain une équipe incohérente comme les dernières fois “. ” En cas de défaite, monsieur Fernandez, il sera temps de dire adieu et de faire vos valises “, a averti le rédacteur en chef du supplément sportif local. Dans L'Equipe de ce mardi, l'ancien milieu de terrain préfère évacuer cette pression. ” J'ai choisi de revenir sur le terrain pour être fidèle à un projet de jeu et à mes idées. Être sélectionneur, ce n'est pas prolonger le job de celui qui était là avant moi. Mon but, c'est de construire et de rendre cette équipe compétitive pour les grands tournois. L'Euro 2012 est un objectif, mais je ne fais pas un château de cartes, je bâtis. Et il me faut du temps. La défaite (contre la Croatie, 1-2), elle fait partie du jeu. Mais on n'a pas à rougir “, affirme-t-il.
Le PSG ” tatoué ” à vie
Depuis seize ans, Luis Fernandez est le seul entraîneur français à avoir permis à un club hexagonal, le PSG, de soulever une coupe d'Europe (la défunte coupe d'Europe des vainqueurs de coupe en 1996). A cette époque, le jeune technicien (il n'avait alors que 36 ans) était déjà décrié. Certaines mauvaises langues ont même été jusqu'à dire que c'est grâce à Yannick Noah, venu soutenir les joueurs parisiens quelques jours avant la finale face au Rapid de Vienne, que le club de la capitale est parvenu à remporter le trophée. Fernandez quittera Paris à l'issue de cette saison, avant de revenir en décembre 2000, pour remplacer Philippe Bergeroo. Son deuxième passage dans la capitale sera encore plus critiqué que le premier, en raison notamment de ses rapports tendus avec la star de l'équipe de l'époque : Nicolas Anelka (les deux hommes sont alors souvent caricaturés par Les Guignols de l'Info, sur Canal +). A l'été 2001, Ronaldinho arrive au PSG et Luis Fernandez le fait souvent assoir sur le banc des remplaçants. Une fois de plus, les critiques pleuvent. A l'issue de la saison 2003, son aventure francilienne se termine. Malgré tout, le technicien ne cesse de clamer son amour et son intérêt pour le PSG, comme il le fait régulièrement dans son émission radio sur RMC, ” Luis Attaque “.
Le ” pompier de service “
A partir de novembre 2003, l'ancien joueur du Matra Racing se voit proposer un nouveau défi : sauver l'Espanyol Barcelone de la relégation. Un challenge qu'il parviendra à relever. Une ” étiquette ” va alors lui être ” collée sur le front ” et ce type de mission lui sera à nouveau réclamée par le Bétis Séville en décembre 2006 (il est remercié lors de l'avant dernière journée de Liga alors que le club espagnol n'est plus relégable). En 2009, c'est en Ligue 2 qu'un autre défi de la sorte lui est proposé, à savoir sauver Reims de la relégation en National. Six mois après son arrivée, il échoue. Après quasiment une année sans entrainer, il signe un contrat de deux ans avec la Fédération d'Israël de football pour devenir sélectionneur de cette nation, en mars 2010. Au cours de son parcours, il passera également cinq mois à la tête du club qatari d'Al Rayyan Club (de juin à novembre 2005), avant de rester quelques mois au poste de manager général du Betar Jérusalem, sans convaincre.
Des activités annexes incompatibles avec la fonction d'entraîneur ?
A quelques heures de la rencontre face à la Grèce, Fernandez se montre optimiste. ” Il restera assez de matches pour aller chercher un billet, même après ce match en Grèce où, malgré l'absence de Benayoun (tendon d'Achille), nous avons nos chances. Personnellement, je n'ai peur de rien. Il ne manquerait plus que ça, à mon âge ! Je savais, en acceptant le poste, que ce serait compliqué. Je suis sur la bonne voie. À la fin du match contre la Croatie, malgré la défaite, le public s'est levé et a applaudi nos jeunes joueurs parce que, physiquement et tactiquement, on avait relevé le défi. La polémique, c'est le problème des médias, pas le mien “, prévient-il dans L'Equipe. Lundi après-midi, le technicien était en duplex par téléphone sur RMC, pour présenter son émission Luis Attaque. Une activité qu'il a entamée en septembre 2003, mais dont la compatibilité avec la fonction d'entraîneur en activité laisse à débattre. Au cours de sa carrière, Luis (comme ses auditeurs ont coutume de l'appeler) ne s'est pas contenté de la radio. Il a également été consultant pour la télévision (Canal +, TF1, Eurosport puis Orange Sport) et a écrit un livre d'entretien (aux éditions Hugo et Compagnie) avec le journaliste Daniel Riolo, paru en mars 2008. Une polyvalence presque antinomique avec la quasi-exclusivité que réclame son actuelle activité principale. Celle de sélectionneur d'une équipe nationale, faut-il le préciser ?