Exclu TM : l’interview de Kevin-Prince Boateng !

Pour sa quatrième saison en Italie, le milieu de terrain germano-ghanéen Kevin-Prince Boateng sera l'un des cadres d'une équipe du Milan AC en plein processus de rajeunissement. Considéré comme l'un des joueurs les plus réguliers de Serie A, le numéro 10 des Rossoneri revient pour TopMercato sur la préparation de son équipe et se projette sur la saison à venir. Il parle également de son rôle dans le groupe et du problème du racisme dans le football. Entretien.

Kevin-Prince Boateng, comment se passe la pré-saison du Milan AC jusqu'à présent ?

On travaille plutôt bien et le groupe monte en puissance. Il nous reste encore une dizaine de jours avant que les choses sérieuses ne commencent. Nous sommes parfaitement dans les temps pour être prêt pour les premières échéances de la saison. Même si les résultats des matches de préparation ne sont pas exceptionnels, je trouve que le collectif se met bien en place. C'est sûr que nous avons eu quelques “trous d'air”, comme face à Manchester City lors de la Audi Cup par exemple on nous avons pris cinq buts en 30 minutes, mais je peux vous assurer que nous serons parfaitement au point pour le premier match officiel de la saison face au PSV Eindhoven en tour préliminaire de la ligue des champions.

L'équipe a arraché cette qualification pour le tour préliminaire de la C1 lors des ultimes minutes de la dernière journée du championnat la saison passé…

Je me rappellerai de ce match toute ma vie. La saison dernière avait été très éprouvante et nous avions du aller chercher cette troisième place en puisant dans nos dernières ressources. La pression était à son comble car la Fiorentina était à l'affût en cas de défaite de notre part. Philippe Mexès marque le but de la victoire et tout le monde a ressentit un gros soulagement lors du coup de sifflet final. Nous allons essayer d'éviter de vivre ce genre de frayeur cette saison !

Justement que peut-on attendre du Milan AC pour cette nouvelle saison de Serie A ?

Le Milan AC va lutter pour les places de tête. Notre équipe est solide et je suis persuadé que l'on va au moins terminer sur le podium. Beaucoup de gens pensent que l'équipe n'est pas aussi compétitive que par le passé, mais ils se trompent. C'est sûr qu'il y a moins de stars qu'avant, mais notre effectif compte tout de même des joueurs de très grands talents, comme Stephan El-Sharaawy, Mario Balotelli et Ricardo Montolivo par exemple. Que les gens se rassurent, le Milan AC est toujours là.

La Juventus de Turin et Naples, qui ont effectué un recrutement de haut vol, partent tout de même favoris dans la course au Scudetto…

C'est vrai que ces deux équipes ont effectués un recrutement impressionnant, mais je pense que d'autres formations, dont la nôtre, auront également leur mot à dire cette saison. La Juve et Naples ne vont pas se “balader” cette année, loin de là. Notre équipe, tout comme l'AS Roma, l'Inter de Milan, la Lazio de Rome, et la Fiorentina – qui a tout de même recruté Mario Gomez, l'un des meilleurs attaquants d'Europe -, vont se mêler à la course au titre. Les points vont être très difficile à prendre, personne ne voudra rien lâcher. Je pense que ce sera l'une des saisons de Serie A les plus passionnantes de ces dernières années.

Avant le début de la saison en Serie A, le Milan AC affrontera le PSV Eindhoven en tour préliminaire de la Ligue des champions. Comment prévoyez-vous cette double confrontation ?

Il faudra faire très attention car le PSV est une formation solide. Elle pratique un football offensif et compte beaucoup de jeunes talents dans ses rangs. Le tirage au sort nous est légèrement favorables car le match retour aura lieu à San Siro, ce qui nous donne un petit avantage sur eux. Nous sommes dans l'obligation de nous qualifier pour la Ligue des champions. Notre équipe fait partie du gotha européen et doit participer à cette compétition tous les ans. La ligue des champions fait partie de l'ADN du Milan AC.

Pour votre quatrième saison sous le maillot des Rossoneri vous vous affirmez définitivement comme l'un des tauliers de l'équipe. Est-ce un rôle qui vous convient ?

Oui, car je suis un joueur qui a besoin de responsabilité sur et en dehors du terrain. Etre l'un des leaders de l'équipe est quelque chose qui me tient à coeur et je pense pouvoir assumer ce rôle-là sans problème. Dans l'effectif actuel, il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont passé autant de temps que moi ici, c'est donc aussi pour cela que je suis considéré comme l'un des cadres du vestiaire. Avec les autres leaders que sont Cristian Abbiati, Ricardo Montolivo ou Nigel De Jong, nous essayons de mettre notre expérience au service de l'équipe afin d'aider ce groupe qui compte beaucoup de jeunes joueurs.

Vous avez débuté votre carrière au poste de milieu défensif, mais vous évoluez aujourd'hui plus souvent au poste de numéro 10 ou d'attaquant de soutien…

C'est vrai que mon jeu a tendance à être porté vers l'avant depuis quelques années. Avant d'arriver à Milan, je jouais quasiment tout le temps au poste de milieu défensif ou de numéro 8. Mais depuis que je suis en Italie, je joue aux postes de milieu axial, de numéro 10 voire de second attaquant. Cela ne me dérange pas parce que je suis avant tout au service du collectif et j'évolue là où l'entraineur me le demande. Malgré tout, je sais que je dois encore progresser sur certains aspects de mon jeu, comme la finition par exemple. Je ne marque pas assez de buts, et je dois être plus décisif de ce côté-là. Je travaille dur à l'entrainement pour améliorer mon efficacité offensive.

En parlant de buteurs, vous partagez votre quotidien avec deux des plus grands attaquants italiens du moment, Mario Balotelli et Stephan El-Sharaawy. Que pensez-vous de vos deux coéquipiers ?

Ce sont des cracks, de très grands joueurs. Ils sont le futur de l'équipe nationale d'Italie et du Milan AC. Stephan est un attaquant très malin. Il lit parfaitement bien le jeu et possède un sens du placement largement au-dessus de la moyenne. Il a réussi une très belle saison l'an passé et je suis sûr qu'il va confirmer cette année. Quant à Mario, c'est un phénomène. Il est très athlétique et technique. Ce qui est le plus hallucinant chez lui c'est qu'il peut lui-même se créer ses propres occasions de but. Il est arrivé en Janvier dernier mais il a quand même marqué 12 buts en 13 matches de Serie A lors de la seconde partie de la saison, ce qui est énorme. Mario va encore hausser son niveau de jeu cette saison et va nous aider à réaliser un superbe exercice 2012-2013.

Votre coéquipier Kevin Constant a fait l'objet, tout comme vous il y a quelques mois, de chants et d'insultes racistes…

C'est quelque chose de terrible. Il faut lutter contre ce fléau et le faire disparaître au plus vite. Ce qui s'est passé à Kevin et à moi-même est tout simplement honteux. C'est une expérience que je ne souhaite à personne. Il est urgent de réfléchir à des solutions mais aussi à des sanctions pour éliminer le racisme des stades de football. Je ne sais pas si la solution passe par le retrait de points, mais il faut agir et vite.