Ce samedi, Manchester City et l’Inter Milan seront aux prises pour s’adjuger la 68ème Ligue des Champions de l’histoire et ainsi succéder au Real Madrid. En exclusivité pour TopMercato, Rolland Courbis a décrypté cette opposition entre deux équipes qui ont marqué la saison 2022-2023.
Au stade olympique Atatürk d’Istanbul ce samedi, Manchester City va tenter de décrocher la première Ligue des Champions de son histoire et ainsi réaliser un sensationnel triplé. Un triplé qu’aucune formation n’a réalisé depuis 1999 et la grande équipe de Manchester… United, dirigée par Sir Alex Ferguson. Sur sa route, se dressera une redoutable formation de l’Inter Milan, que l’on aurait tort de sous-estimer du côté Citizens. Les hommes de Simone Inzaghi ne sont pas là par hasard, comme tient à le rappeler Rolland Courbis : “N’oublions pas que dans la poule, l’Inter était avec le FC Barcelone et le Bayern Munich“, souligne simplement le consultant.
L’ancien entraîneur de l’Olympique de Marseille et des Girondins de Bordeaux reconnaît que “le City de cette année, avec l’arrivée d’Haaland, est pratiquement injouable“, pour autant, il estime que la donne pourrait être différente lors de cette finale, avec une formation de l’Inter capable de contrecarrer le jeu mis en place par Pep Guardiola. “Sur un match, c’est différent, reconnaît-il. On n’est pas sur un match aller-retour ou même en cas d’accident, Manchester City pourrait se rattraper. En un seul match, la seule équipe qui peut emmerder le City version 2022-2023, c’est l’Inter, par son organisation défensive et sa solidité. De plus, les Milanais ont un gardien qui fait souvent la différence, une gestion des trois attaquants que je trouve absolument parfaite. Tous les joueurs du milieu sont bons, les changements d’Inzaghi rentrent toujours parfaitement dans l’organisation. Les joueurs de côtés sont également très solides, quand tu vois un garçon comme Gosens qui rentre en cours de match alors qu’il pourrait être titulaire dans toutes les équipes ! J’attends ce match-là avec impatience et je serai déçu si l’Inter ne posait pas des problèmes à Manchester City.”
Ne surtout pas reproduire les mêmes erreurs que le Real Madrid
Pour analyser l’opposition tactique entre les deux formations, le technicien français a décidé de se replonger dans la demi-finale retour entre Manchester City et le Real Madrid. Selon le consultant RMC, les Merengue ont présenté un visage beaucoup trop offensif sur la pelouse de l’Etihad Stadium.
Une erreur que ne devra pas reproduire Simone Inzaghi : “Quand on voit ce qu’il s’est passé contre le Real Madrid, l’Inter doit faire absolument le contraire ! C’est un match totalement raté par les Merengue, ce qui est assez étonnant avec un gars aussi expérimenté et talentueux que Carlo Ancelotti. Voir quasiment sept joueurs offensifs, à l’extérieur, sur la pelouse de Manchester City, je me suis demandé s’il n’y avait pas un problème ou peut-être qu’il sortait d’un anniversaire, je ne sais pas. La composition de départ, pour moi, c’est celle qui doit finir le match si tu es mené 1-0 ou 2-0 et que la tactique de départ n’a pas marché. Face à City, jouer avec autant d’éléments offensifs, ce n’est pas du courage, c’est du suicide !”
Guardiola va-t-il encore déjouer comme en 2021 ?
Dix ans après son dernier succès en Ligue des Champions avec le FC Barcelone, Pep Guardiola et Manchester City se présentent face au Chelsea de Thomas Tuchel en finale, le 29 mai 2021. Un moment choisi par le technicien espagnol pour innover et jouer sans le moindre milieu défensif (il aligne Gündogan à ce poste, à la place de Rodri ou Fernandinho, ndlr). Après la défaite des siens (1-0), ce choix lui avait valu les critiques de la presse britannique. The Sun avait notamment écrit : “Pep Guardiola a franchi l’étroite frontière entre le génie et la folie, et a décidé qu’une finale de Ligue des champions était le moment adéquat pour réaliser une de ses expériences de professeur fou.”
Doit-on s’attendre à une nouvelle fantaisie de la part de l’ancien entraîneur du Barça ? Rolland Courbis n’y croit pas, lui qui voit un Pep Guardiola plus “sobre” cette année : “On progresse à tout âge, estime le consultant. Même Guardiola, avec le talent qu’il a, a eu par le passé quelques originalités qui malheureusement n’ont pas marché, mais cette année, nous avons un Guardiola beaucoup plus sobre. Il a consolidé défensivement son équipe, la présence d’Haaland et son côté athlétique, avec tous ces bons joueurs autour, est également un gage de sûreté. Je ne pense pas que lors de cette finale, le technicien espagnol va nous sortir quelque chose de son chapeau comme le fait de jouer sans n°6 comme il avait pu le faire face à Chelsea en 2021 ou avec un faux n°9. Là, il va jouer avec de vrais joueurs, une vraie organisation qui marche sur pratiquement toutes les équipes depuis le début de la saison.”
La clé du match : la solidité défensive de l’Inter
Comme l’a expliqué le célèbre “Coach Courbis”, l’Inter devra donc s’appuyer sur ses forces et ne pas vouloir prendre City à son propre jeu, comme a essayé de le faire le Real Madrid. L’organisation défensive des Nerazurri, qui ont encaissé moins d’un but par match toutes compétitions confondues cette saison (55 buts en 56 rencontres), est, selon lui, la clé de leur finale.
Mais le natif de Marseille ne veut surtout pas réduire les Milanais à leurs qualités défensives. Il les estime capables d’être dangereux même face à une armada comme celle de Manchester City : “La bataille du milieu de terrain entre autres sera l’une des clés, mais plus globalement, ce sera la solidité de l’Inter, qui, à la moindre occasion, est capable de marquer un but à n’importe qui. Les Italiens sont très solides défensivement, mais malgré ça, ils ne seront évidemment pas favoris dans la mesure où City a énormément de joueurs de talents, avec des qualités différentes. La première étape pour les Nerazzurri sera de tenir jusqu’à la mi-temps. Il ne faut surtout pas réduire les Italiens à leur qualité défensive non plus, je le répète : l’Inter peut marquer à tout moment !”
L’idée de bloquer individuellement certains joueurs, comme Erling Halaand ou Bernardo Silva n’a, à l’inverse, pas trouvé écho chez le technicien français : “Rien ne sert de bloquer tel ou tel joueur des Citizens, il y a un danger à tous les postes. Il faudra une solidité collective, mais cette solidité, l’Inter l’a.”
Un match fermé en perspective ?
Malgré la dynamique exceptionnelle dans laquelle se trouve Manchester City à l’aube de cette finale de Ligue des Champions après avoir remporté la Premier League et la FA Cup, les Citizens peuvent-ils être pris par l’enjeu dans la peau de l’ultra favori ? Si l’on en croit Rolland Courbis, Pep Guardiola parviendra à trouver les mots pour éviter tout excès de confiance : “Peut-être, mais ils vont préparer le match aussi là-dessus, estime-t-il. Ce qui est sûr, c’est qu’ils n’auront pas un Real Madrid aussi stupide en face. Je suis persuadé que Guardiola va mentionner dans son discours que l’Inter va opter pour quelque chose de bien différent que les Merengue.”
Les amateurs de football espèrent en tout cas que cette 68ème finale de la Ligue des Champions tiendra ses promesses et que le spectacle sera une nouvelle fois au rendez-vous à Istanbul, théâtre d’une finale d’anthologie entre Liverpool et le Milan AC en 2004-2005 (3-3, 3-2 tab). Pour rappel, les trois derniers matchs pour le titre n’ont pas été très gourmands en buts et se sont soldés par une victoire 1-0 du Bayern Munich (face au PSG), de Chelsea (contre Manchester City donc) et du Real Madrid (face à Liverpool). S’il ne se risque pas à un pronostic (sacré Rolland !), Coach Courbis voit une finale assez fermée, avec peu de buts : “Même si c’est rarement le cas avec Manchester City, je vois tout de même un match assez fermé, conclut le consultant. Je peux me tromper, mais j’imagine très mal une rencontre avec beaucoup de buts, du style un 3-3 ou quelque chose comme ça.”
Place au jeu !