La crise qui frappe l’Olympique de Marseille depuis le début de semaine a conduit Marcelino à quitter son poste d’entraîneur, après seulement un mois et demi de compétition. De quoi rentrer dans les livres d’Histoire. Voici le classement des cinq entraîneurs ayant eu les mandats les plus courts en Provence.
Recruté le 23 juin dernier, Marcelino ne laissera pas une trace indélébile dans la mémoire des supporters olympiens. Éliminé dès le troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions contre le Panathinaïkos aux tirs au but, le technicien espagnol n’a pas vraiment brillé par la qualité du jeu proposé jusqu’à sa démission, avec un 4-4-2 qui était loin de faire l’unanimité.
Déterminé à faire progresser l’équipe, qu’il jugeait en progrès encore ce week-end après le nul face à Toulouse (0-0) au stade Vélodrome, Marcelino n’aura pas l’occasion d’aller au bout de ses convictions puisqu’il a décidé de jeter l’éponge après que sa direction ait subi les foudres de certains groupes de supporters.
Ce mercredi soir, l’ex-entraîneur de Bilbao a justifié sa décision par l’intermédiaire d’un communiqué : “Nous pensons qu’a été porté atteinte ici au respect minimum dû à l’égard des personnes et professionnels qui dirigent le club, ceux-là qui nous ont accordé leur confiance et nous ont choisis pour diriger l’équipe. La situation instable d’aujourd’hui indique clairement que le projet sportif pour lequel nous avons été recrutés ne peut être mené à bien, déplore l’ex-manager de l’Athletic Bilbao. Les volontés d’intimidation et les attaques personnelles dont le président et son comité directeur ont été la cible lundi, alors que le championnat n’en est qu’à sa 5e journée, laissent augurer des lendemains incertains au cours desquels les conditions de travail ne sont pas les plus appropriées pour exercer notre profession avec sécurité et dans la normalité habituellement inhérente à un club de football. Le retrait du président et de son comité directeur dû aux graves menaces, injures et calomnies qu’ils ont reçues, ajouté au climat de haute tension qui est arrivé dans ce laps de temps de deux mois, tout cela en dépit du professionnalisme et de l’implication du staff technique, font que notre maintien à l’OM devient impossible.”
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— Marcelino Garcia Toral (@Marcelino) September 20, 2023
Après les adieux, regardons d’un peu plus près où se trouve Marcelino dans la hiérarchie des entraîneurs ayant réalisé un passage éclair dans la cité phocéenne.
5. Philippe Troussier (nov. 2004 – juin 2005) : 23 matchs
Nous parlons ici d’un entraîneur qui, à ce jour, a connu pas moins de 22 expériences différences sur un banc, entre 1983 et 2023. Au milieu de tout ça, Philippe Troussier a été choisi par les dirigeants olympiens en novembre 2004, devant des candidats comme Jean Tigana ou Rudi Völler, pour succéder à José Anigo.
Le technicien est jugé très autoritaire par les cadres du vestiaire, la mayonnaise ne prend pas malgré des résultats relativement corrects puisque l’OM finit cinquième de la saison 2004-2005 et se qualifie pour la Coupe Intertoto. Ce n’est pas suffisant pour pour que Troussier sauve sa tête.
Lors d’un entretien accordé à nos confrères de Foot Marseille, Johnny Ecker s’était d’ailleurs livré sur les méthodes de celui qui s’est révélé avec la sélection japonaise entre 1998 et 2002 : “C’est un entraîneur que personne ne connaissait, il n’avait eu que la sélection japonaise où, de par la culture, les joueurs sont très disciplinés, s’était remémoré Ecker. Il est arrivé à l’OM en voulant être le tout-puissant, mais il a oublié qu’il avait beaucoup d’internationaux. C’était quelqu’un de très arrogant et j’ai fait partie de ceux qui se sont accrochés avec lui au même titre que Bixente Lizarazu ou Péguy Luyindula.”
Toujours en activité, Philippe Troussier est actuellement sélectionneur du Vietnam depuis février 2023.
🇨🇮 Côte d'Ivoire
🇳🇬 Nigeria
🇧🇫 Burkina Faso
🇿🇦 Afrique du Sud
🇯🇵 Japon
🇶🇦 Qatar
🇲🇦 Maroc
🇻🇳 VietnamUne nouvelle sélection pour Philippe Troussier (67 ans). L'ancien entraîneur de l'OM devient sélectionneur du Vietnam. En 2023, il fête ses 40 années de coaching ! pic.twitter.com/Y3Elyi94gZ
— 90football (@90footballFr) February 27, 2023
4. Albert Emon (déc. 2001 – juin 2002) : 21 matchs
Ancien joueur de l’Olympique de Marseille au milieu des années 70, Albert Emon a officié à plusieurs reprises en tant qu’entraîneur. Outre ces petits dépannages de quelques matchs que l’on mettra de côté, il a également été positionné en tant que coach principal pendant plusieurs mois.
C’était notamment le cas en décembre 2001, après la démission de Tomislav Ivic. Le natif de Berre-L’Étang passe de la réserve à l’équipe première et se voit confier le poste jusqu’à la fin de la saison 2001-2002. En fin d’exercice, il présente un bilan à l’équilibre avec 8 victoires, 5 nuls et 8 défaites en 21 matchs et termine l’année à la 9ème place au classement avant de laisser sa place à Alain Perrin dont il deviendra ensuite l’adjoint.
🔵⚪️ Albert Emon a 70 ans aujourd’hui, joyeux anniversaire ⚽️#TeamOM #OM pic.twitter.com/EhLgIrCSt1
— BAWOAWA (@BAWOAWWA) June 24, 2023
3. Tomislav Ivic (avril 2001 – nov. 2001) : 15 matchs
Le prédécesseur d’Albert Emon se trouve également dans ce classement. L’illustre entraîneur yougoslave (désormais Croate), champion dans cinq pays différents, avait déjà posé ses valises à l’Olympique de Marseille en 1992, avec qui il sera d’ailleurs titré. Titré, en effet, bien qu’il ait été limogé par Bernard Tapie dès le mois d’octobre pour un style de jeu jugé trop défensif. Le grand public se souvient davantage de celui qui a terminé la saison, Raymond Goethals.
À la demande de Robert-Louis Dreyfus, le natif de Split fait son retour à l’OM en avril 2001 avec pour mission de maintenir le club dans l’élite. Un challenge qu’il parvient à relever dans les deux derniers mois de la saison. En raison de problèmes de santé, il décide de se mettre en retrait en fin d’exercice, avant finalement de revenir jusqu’en novembre de la même année. Cette fois-ci, ses soucis vont définitivement l’écarter des terrains, puisque son retour à Marseille sera sa dernière expérience en carrière.
“Ivić, pour moi, c’est le numéro 1 mondial de l’entraînement. Personne ne sait mieux que lui tirer le maximum de ses hommes“, déclarait Tapie à l’époque.
Tomislav Ivić pic.twitter.com/jJCR9OJcgH
— Cromos FC Porto (@jorgegsoares) April 2, 2021
2. Javier Clemente (nov. 2000 – avril 2001) : 15 matchs
Après avoir effectué l’intégralité de sa carrière en Espagne et être notamment passé par l’Athletic Bilbao, Javier Clemente débarque pour la première fois dans un pays étranger à la fin de l’année 2000. Ça ne vous rappelle rien ? Tout comme Marcelino, son aventure à Marseille sera courte et très terne puisque l’ancien sélectionneur de l’Espagne, de la Serbie ou encore du Cameroun va boucler sa saison avec l’OM à la 15ème place du championnat, soit en tant que premier non-relégable.
Il y a quelques années, le natif de Barakaldo était d’ailleurs revenu sur son expérience compliquée dans la cité phocéenne : “Je suis allé à Marseille quand ils étaient en bas du classement. Je suis arrivé en milieu de saison. Le club était menacé de relégation. Je devais tout faire pour éviter ça. Il y avait une belle équipe, mais politiquement et sportivement, le club était fou. Les joueurs se sont comportés comme des vauriens. Ils n’étaient pas pros et n’avaient aucune ambition. Leur classement n’était pas surprenant, car les joueurs ne répondaient pas aux normes de ce qu’on peut attendre d’un groupe. Très sincèrement, le comportement de certains joueurs de cette époque était très incorrect. J’ai été surpris par le football français à cet égard.”
Javier Clemente (66) .. the former manager of #Bilbao #Español #OM #Sociedad #Betis #Atletico #Spain & #Serbia pic.twitter.com/Fntd66JtQ1
— Classic Football (@classic_1863) March 12, 2016
1. Marcelino (juin 2023 – septembre 2023) : 7 matchs
Il est, de loin, le numéro un de ce classement des coachs éphémères à l’OM avec seulement sept petits matchs au compteur. Proche de Pablo Longoria, qui l’a côtoyé du côté du FC Valence il y a quelques années, Marcelino traversait pour la première fois les Pyrénées depuis le début de sa carrière.
Le natif de Villaviciosa n’était, à l’origine, pas le numéro un de la liste des dirigeants olympiens pour devenir le successeur d’Igor Tudor. Comme plusieurs médias l’ont affirmé à l’époque, confirmés depuis par les entraîneurs eux-mêmes, Pablo Longoria et Javier Ribalta étaient notamment en contact avec Paulo Fonseca, Marcello Gallardo et même Fabio Grosso, qui a récemment rejoint l’Olympique Lyonnais.
Si Marcelino disposait toujours du soutien de sa hiérarchie, c’est bien l’Espagnol lui-même qui a décidé de mettre les voiles en raison du climat de tension qui gangrène le club depuis le début de la saison. Le technicien de 58 ans quitte donc l’OM avec un bilan de 3 victoires, 3 nuls et une défaite et pourra se targuer d’être invaincu en Ligue 1.
Il a malgré tout reçu le soutien de Pablo Longoria : “Marcelino est mon ami, mais c’est un entraîneur de football, explique le président de l’OM. Prenez ses dernières expériences : à Villarreal, il a pris l’équipe en milieu de classement de deuxième division, l’a fait monter tout de suite et l’a qualifiée toutes les saisons en coupe d’Europe, au point de disputer une demi-finale de Ligue Europa contre Liverpool. Il a pris Valence 12e. Lors de sa première saison, il a fini 4e, avec de très bons résultats, puis 4e aussi la deuxième saison en gagnant la Coupe du Roi. Il y a également joué une demi-finale de Ligue Europa. Il a ensuite qualifié Bilbao en finale de coupe et gagné la Supercoupe. Dire que je prends un entraîneur parce qu’il est mon ami, c’est me manquer de respect. Je ne suis pas ici pour faire venir des amis, mais pour mettre les gens les plus compétents en place. Il s’en va, car comme nous, il n’accepte pas de travailler dans ce contexte de menaces. Le niveau de tension n’est pas acceptable. Ce n’est pas normal à la 5e journée du championnat. Ce n’est pas une question sportive, ni de football. On parle d’autres choses beaucoup plus fortes.”
Crédits photo : IconSport
Entre 2000 et 2005, la valse
Comme on peut le constater dans ce classement, le début des années 2000 a été extrêmement chaotique à l’Olympique de Marseille avec des entraîneurs qui se succédaient quasiment tous les six mois. Sur cette période, pas moins de 13 entraîneurs ont été recrutés, pour une réussite quasiment similaire.
D’après une statistique d’Opta, l’OM est même le club ayant connu le plus d’entraîneurs depuis le début du 21ème siècle avec 21 coachs devant le FC Nantes et son président Valdemar Kita, connu pour changer d’entraîneur comme de chemise. La preuve que l’instabilité régulièrement reprochée à Pablo Longoria existait sur la Canebière bien avant l’arrivée de l’Espagnol !
21 – Entraîneurs différents en Ligue 1 au 21e siècle :
🥇 – Marseille (21)
🥈 – Nantes (20)
🥉 – Bordeaux et Monaco (16)Rengaine. pic.twitter.com/BoIlXJ10tX
— OptaJean (@OptaJean) September 19, 2023
Classement des entraîneurs éphémère de l’OM
- 1. Marcelino : (juin 2023 – septembre 2023) : 7 matchs
- 2. Javier Clemente :(nov. 2000 – avril 2001) : 15 matchs
- 3. Tomislav Ivic (avril 2001 – nov. 2001) : 15 matchs
- 4. Albert Emon (déc. 2001 – juin 2002) : 21 matchs
- 5. Philippe Troussier (nov. 2004 – juin 2005) : 23 matchs