Gennaro Gattuso s’est longuement exprimé sur les incidents survenus avant le match OM-OL dimanche. L’entraîneur italien a rappelé que Fabio Grosso aurait pu perdre un œil.

Dimanche, une délégation marseillaise s’est rapidement rendue auprès de Fabio Grosso dans le vestiaire lyonnais pour prendre de ses nouvelles. Elle était composée de Jean-Pierre Papin, Pablo Longoria et Gennaro Gattuso. L’Italien connaît parfaitement le technicien lyonnais avec qui il a remporté le Mondial 2006. Le coach de l’OM a parlé des événements survenus dimanche lors d'une conférence de presse.

Le Calabrais n’a pas mâché ses mots. Pour Gattuso, le football est le grand perdant après l'agression du bus : « Ce match contre Lyon est une défaite pour tout le monde, pour mon équipe, pour l'OL. Voir des enfants pleurer au Vélodrome parce que le match n’a pas pu être joué est très difficile à accepter. C'est une défaite pour le football en général. Je suis triste que cela arrive à Marseille. »

L’ancien milieu de terrain de l’AC Milan déplore l'image que cela renvoie de Marseille : « Depuis mon arrivée il y a un mois, de nombreuses personnes m'ont contacté, pensant que des problèmes surviennent constamment ici. Nous travaillons bien, ma famille se promène paisiblement, nous vivons bien ici. Je ne souhaite pas m'attarder sur ce qui s'est passé. C'est un échec dû à quatre ou cinq individus qui ne représentent pas les supporters du club, et qui ont pris une décision irréfléchie. Cela nous a tous laissés sans voix. »

« À quelques centimètres près, il aurait pu perdre un œil »

Gattuso a raconté la soirée depuis les coulisses : « Il y a eu un moment d’inquiétude. Je n’avais pas vu les premières images de Fabio Grosso ensanglanté. On pensait que ce n'était pas si grave. Je l'ai vu environ 1h30 plus tard. Disons qu'il a eu de la chance. Avoir 15 points de suture au visage n'est pas anodin. »

L'entraîneur marseillais a discuté avec son homologue lyonnais le lendemain : « Nous nous sommes appelés en visio. Je n’ai pas beaucoup parlé avec lui juste après l'incident. Le jour suivant, nous avons eu l'occasion d'échanger longuement. Je suis vraiment désolé pour lui, mais j'aurais été désolé pour n'importe qui. Je suis vraiment attristé par la tournure des événements. (…) Aucun des supporters ne devrait se sentir représenté par ces agresseurs. Ça aurait dû être une fête, donc on l'a mal vécu. Avec Fabio, on a discuté de sa chance ; à quelques centimètres près, il aurait pu perdre un œil. »

« Si l’on doit fermer une route pendant cinq minutes… »

Le Calabrais a commenté les difficultés de la police à sécuriser le trajet : « Je suis entraîneur, pas maire ou préfet. Je ne veux pas qu’on pense que je donne des leçons. La distance entre l’hôtel des Lyonnais et le stade est de six minutes en bus. Si l’on doit fermer une route pendant cinq minutes, cela ne devrait pas poser problème. Normalement, il devrait être possible de mettre en place une sécurité adéquate. Si un match est à risque, des mesures devraient être prises, que ce soit à Marseille ou ailleurs. »

Gattuso pense que les autorités devraient s’inspirer des mesures mises en œuvre dans les pays où le hooliganisme a été éradiqué : « Je pose une question à mon tour. Ce genre d'incidents ne se produit pas uniquement en France, mais aussi en Italie et ailleurs. Lorsqu’on pense aux mesures de Thatcher contre les hooligans en Angleterre, elles avaient fonctionné. Je me demande donc pourquoi il n’y a pas de lois adaptées, pourquoi doit-on attendre qu'il y ait un accident pour réagir. La communauté européenne compte des pays qui ont déjà adopté des mesures en la matière. Peut-être qu'il faut mettre en place des règles précises pour les matchs à haut risque. »

Arrivé à la suite de la réunion mouvementée du 18 septembre, durant laquelle les dirigeants marseillais auraient été menacés, Gennaro Gattuso débute vraiment dans un contexte singulier…