Alors que l’OM continue d’avancer ses pions pour tenter d’arracher l’Argentin Valentin Carboni à l’Inter Milan, le club italien demanderait 30 millions d’euros pour céder son jeune milieu offensif de 19 ans. Mais vaut-il réellement une telle somme ? 

Après 5 petites apparitions avec l’Inter durant la saison 2022-2023, c’est à Monza que Carboni a réalisé sa première saison complète dans le monde professionnel l’an passé. Un exercice relativement concluant, au cours duquel il a inscrit 2 buts et offert 4 passes décisives. Toutefois, en 31 rencontres disputées, l’Argentin n’a été titulaire qu’à 10 reprises en Serie A pour un faible total de 1159 minutes jouées. Une implication fatalement limitée, bien qu’importante dans l'étonnante saison du promu Monza qui a bouclé son Championnat à la douzième place. Mais alors que sa jeunesse et son manque d’expérience naturel peuvent expliquer son temps de jeu relatif, est-il logique que Valentin Carboni soit valorisé à hauteur de 30 millions d’euros par les Nerazzurri après seulement 36 rencontres disputées en Serie A au cours de sa jeune carrière ?

Quel type de joueur est-il ?

Mesuré à 1,85 mètre et gaucher, Carboni est un meneur de jeu élégant, comme l’Argentine a l’habitude d’en produire. Particulièrement mobile balle au pied, le milieu de l’Inter est un joueur tranchant et vertical. La saison passée, parmi les milieux des cinq grands championnats, il se trouvait dans le pourcentage le plus élevé des joueurs qui ont réussi le plus de dribbles par match et dans celui qui ont réalisé le plus de courses progressives par 90 minutes. Des chiffres impressionnants qui témoignent d’une facilité à gagner des mètres et à ouvrir des espaces balle au pied, qui sont toutefois nuancés par un apport relatif au niveau des passes. C’est d'ailleurs peut-être ce qui peut expliquer son alternance entre le poste de milieu offensif axial et celui d'ailier droit l’an passé, Carboni étant aujourd'hui plus apte à faire progresser le jeu via un changement de direction dans un espace réduit que par une passe verticale.

Encore trop peu impactant au moment de servir ses partenaires, Carboni devra progresser dans sa connexion avec ses coéquipiers pour varier ses aptitudes, qui lui permettent jusqu’ici essentiellement d'exister individuellement. Néanmoins, malgré cette lacune collective, le joueur de l’Inter est investi défensivement. S’il manque encore de justesse et de continuité dans son apport défensif, Carboni figurait l’an passé parmi les 3% des milieux des cinq grands championnats qui ont le plus taclé. Un facteur qui le rapproche encore un peu plus de l’Argentin typique, mais qui peut parfois encore lui faire défaut à l’heure de défendre intelligemment, sans se jeter. 

Enfin, malgré une taille importante, Carboni n’existe pas dans les duels aériens comme il le devrait. Parce qu’il n’en dispute que très peu et qu’il les perd la plupart du temps, le jeune offensif n’est ni un soutien de poids pour ses partenaires ni une menace pour ses opposants dans la surface adverse.

Valentin Carboni Monza
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Un profil parfait pour Roberto De Zerbi

Italo-argentin et fils d’Ezequiel Carboni, ancien footballeur professionnel, Valentin a tout du profil parfait pour son potentiel futur entraîneur, Roberto De Zerbi. Parce qu’il parle la même langue, qu’il a une expérience avec la Serie A et qu’il pratique un football que l’ancien entraîneur de Brighton apprécie, le jeune milieu semble plaire au nouveau technicien phocéen. De plus, techniquement, tout concorde. De Zerbi apprécie les profils verticaux au milieu, c’est le cas de Carboni. De Zerbi apprécie les joueurs volontaires au pressing, c’est le cas de Carboni. De Zerbi apprécie les jeunes joueurs à fort potentiel technique, c’est le cas de Carboni. Enfin, si l’Argentin correspond à De Zerbi, l’inverse est aussi une réalité. Parce qu’il a fait éclore plus d’un joueur à fort potentiel dans sa carrière et qu’il est capable de sublimer ce type de profil au cœur de son 4-2-3-1 fétiche, un système que Carboni a connu la saison dernière, l'entraîneur italien pourrait être un formidable relais pour le jeune milieu de l’Inter. Sur le papier donc, tout semble les lier.

Toutefois, à Marseille, Carboni pourrait se heurter à la concurrence d’Amine Harit, seul milieu offensif capable de faire des différences au sein de l’effectif olympien. Si le potentiel de l’Argentin dépasse assez largement celui du Marocain, le reléguer sur le banc durablement pourrait ne pas être une tâche facile, l’ancien Nantais étant à l’OM depuis 2021. Cependant, pour espérer en arriver là, Pablo Longoria et Mehdi Benatia devront débourser une somme proche des 30 millions d’euros. Un montant colossal pour un joueur sans références, auteur d’une bonne saison sans être titulaire chez un promu italien, bien qu'il ait montré certaines promesses évidentes. Ces dernières ont d’ailleurs poussé l’Argentine à le sécuriser en le sélectionnant pour la dernière Copa America – qu’il a remportée malgré seulement 13 minutes disputées – afin de griller la politesse à l’Italie, dont il a défendu les couleurs en U17 (11 sélections, 4 buts). Néanmoins, malgré des qualités certaines, le prix demandé par l’Inter pour Carboni semble aujourd'hui largement gonflé, en témoigne son évaluation à 15 millions d’euros par Transfermarkt.

Roberto De Zerbi, OM Marseille, entraîneur
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En outre, Valentin Carboni est un joueur fortement prometteur. Néanmoins, cette notion de potentiel ne suffit pas à expliquer un tel investissement, surtout lorsqu’il s'agit de l’Olympique de Marseille. Un an et demi après l’échec Vitinha, les dirigeants marseillais vont devoir peser le pour et le contre entre offrir un joueur adapté au football de De Zerbi et la possibilité qu’il ne confirme jamais ses aptitudes. Séduit par l'opportunité olympienne selon L'Équipe, Carboni pourrait rallier l'OM en prêt avec option d'achat. Les Phocéens tentent en tout cas de négocier cette formule moins risquée qu'un transfert sec et qui permettrait de lever l'option si l'Argentin est convaincant, ou de le laisser à l'Inter s'il ne parvient pas à faire ses preuves la saison prochaine.