Antoine Griezmann a pris sa retraite internationale. Après le choc de l'annoncée, très inattendue en début de saison, et après le rassemblement de septembre, vient l'heure des explications.

Sur RMC, Christophe Dugarry a synthétisé – à sa manière… – le sentiment général concernant le retrait prématuré de l'équipe de France de l'attaquant de l'Atlético Madrid : “Je suis dégoûté. Je pense qu'un joueur comme ça mérite autre chose que finir par un tweet. (…) Si Grizou décide d'arrêter, c'est qu'il y a quelque chose d'important qui s'est passé. Il va falloir que les langues se délient, que les choses soient dites.”

Avant que le Tricolore de 33 ans ne prenne la parole – et si le natif de Mâcon le fait un jour, ce qui n'est pas sûr -, revenons ensemble sur les cinq raisons pouvant expliquer la retraite internationale d'un élément majeur de l'histoire des Bleus.

Le capitanat, la première incompréhension

Après la retraite d'Hugo Lloris, le capitaine de l'équipe de France, en janvier 2023, Didier Deschamps a eu un choix à faire dès le mois de mars : qui pour porter le brassard de capitaine, après le portier du Los Angeles FC ? Hésitant entre Antoine Griezmann et Kylian Mbappé, le sélectionneur national s'est tourné vers le second, pourtant bien plus jeune – 24 ans contre 32 ans à l'époque -, ce qui n'est jamais vraiment la tendance pour ce type de rôle où l'expérience est de mise.

Mais l'ancien Parisien est la star de l'équipe, et est adoubé par l'entraîneur, devant Antoine Griezmann, qui a mal vécu ce déclassement symbolique. Désormais, Kylian Mbappé est publiquement devant le joueur de l'Atlético Madrid chez les Bleus. Une nouvelle certainement très dur à encaisser, avec un fond d'injustice de ne pas récompenser, même symboliquement, un élément majeur du groupe depuis bien plus longtemps que le natif de Bondy.

Un statut fragilisé

Ce déclassement, d'abord symbolique avec le capitanat, est devenu plus concret durant l'Euro 2024. Après avoir porté les Bleus lors de la Coupe du monde 2022 jusqu'en demi-finales, avant que Kylian Mbappé prenne ensuite le relais en finale contre l'Argentine, Antoine Griezmann a perdu de sa superbe lors de la dernière compétition, en Allemagne.

Moins performant malgré une saison brillante à l'Atlético Madrid, le natif de Mâcon a goûté le banc à deux reprises durant l'Euro 2024, contre la Pologne (0-0) en phase de groupes, puis l'Espagne (2-1) en demi-finales. Une situation impensable en décembre 2022, lors du Mondial qatari.

L'Euro vu du banc

Si, traditionnellement, le troisième match de groupes d'une grande compétition sert à faire joueur les remplaçants, le déclassement d'Antoine Griezmann contre la Pologne ne se justifiait pas avec cette raison, car Didier Deschamps a aligné son onze type, la rencontre étant décisive pour la qualification.

Une baisse dans la hiérarchie confirmée ensuite en demi-finales, quand Didier Deschamps a pris la décision de sortir une nouvelle fois l'attaquant de 33 ans du onze de départ pour un match ultra-capital, et pour privilégier un milieu travailleur – N'Golo Kanté, Adrien Rabiot, Aurélien Tchouaméni – et une attaque rapide – Kylian Mbappé, Randal Kolo Muani, Ousmane Dembélé.

Antoine Griezmann a dû très mal vivre cette décision du sélectionneur face à son pays adoptif, l'Espagne. D'autant que cela n'a pas été payant – défaite 1-2. Entré en jeu en seconde mi-temps, le Tricolore n'a pas fait de différence.

Pas titulaire à Lyon

Le déclassement s'est poursuivi après l'Euro 2024, lors de la rencontre de Ligue des Nations contre la Belgique. Titulaire face à l'Italie quelques jours plus tôt (défaite 3-1), Antoine Griezmann a été écarté par le sélectionneur des Bleus, alors que la rencontre se disputait au Groupama Stadium de Lyon, non loin de sa ville de naissance (Mâcon).

Une énième déception pour le Tricolore, qui avait par ailleurs salué seul le public du Parc des Princes, après la défaite contre l'Italie. Comme pour dire au revoir ?

Varane, Giroud, Lloris et les autres

Outre un déclassement d'abord subtil puis très clair au sein du groupe France, ce dont l'intéressé s'était plaint de manière voilée au micro de Téléfoot il y a peu, Antoine Griezmann a également vécu un changement de génération au sein des Bleus. Cette donnée, qui ne doit pas perturber, en théorie, un joueur de son niveau, a finalement pu jouer sur sa prise de décision.

Après Hugo Lloris en 2023, et Raphaël Varane un peu avant – juste après le Mondial 2022 -, ce fut au tour d'Olivier Giroud de dire au revoir à l'équipe de France, après l'Euro 2024. Des joueurs – surtout le buteur et le portier – proches du cadre de l'Atlético Madrid, qui a vu ses potes s'en aller un à un, après l'obtention du titre mondial en 2018.

Finalement, le Français a voulu imiter ses anciens proches chez les Bleus, plutôt que de rester dans un groupe de joueurs où son importance n'était ni vraiment reconnu par le sélectionneur, ni par les autres cadres, plus proches en âge de Kylian Mbappé. Et voilà comment on dit adieu à la France après 137 sélections.