AJ Auxerre : les 5 transferts marquants de la présidence de Gérard Bourgoin

Chef d'entreprise et homme politique, Gérard Bourgoin, décédé le 2 mars, a dirigé la LFP (2000-2002) mais a surtout présidé la destinée de l'AJ Auxerre de 2011 à 2013. Retour sur sa période auxerroise.

Supporter et longtemps proche de l'AJA, le dirigeant a sponsorisé le maillot du club français avec son groupe de volaille dans les années 70, 80 et 90 : “Duc” en rouge sur la poitrine des Auxerrois, c'est grâce à lui. Vice-président de 1978 et 2000, Gérard Bourgoin a directement mené les affaires du club durant deux saisons, entre 2011 et 2013.

Des périodes sportivement peu brillantes pour l'actuel 12e de Ligue 1, qui a connu la descente en L2 et a vu passer trois entraîneurs sur son banc de touche : Laurent Fournier, Jean-Guy Walemme et Bernard Casoni. Pour les transferts, cinq moments marquants peuvent ressortir de la période 2011-2013. Les voici.

Les départs de Benoît Pedretti et Jean-Pascal Mignot : la fin des ambitions

3ᵉ de L1 lors de la saison 2009-2010, l'AJA fait une apparition rapide en Ligue des Champions – élimination en phase de poules – la saison suivante, et baisse le pied en L1 (9ᵉ). C'est à la fin de cette saison-là (2010-2011) que Gérard Bourgoin débarque dans le club, au poste de président. Son début de mandat, à l'été 2011, est marqué par les départs de deux joueurs importants : Benoît Pédretti et Jean-Pascal Mignot.

Benoit Pedretti, ASNL, Nancy
Benoît Pedretti, ancien joueur de l'AJA, de l'OM et de l'OL. Crédits photo : IconSport

Le premier, passé par l'OM (2004-2005) et l'OL (2005-2006), quitte Auxerre après cinq saisons, et à un an de la fin de son contrat, pour le LOSC. Or, le milieu voulait rester : “On ne m'a jamais parlé d'une prolongation. J'aurais espéré un signe des dirigeants”. Interrogé par Eurosport, l'international regrette le manque d'ambition du club français durant la saison en C1, notamment sur le mercato – “L'année dernière, on était plusieurs à espérer du renfort. Mais on n'a rien vu venir”. Son départ acte un peu plus cette perte de prestige de l'AJA.

Pour le second, Jean-Pascal Mignot, l'effet n'est pas le même, notamment car le défenseur n'a jamais vu les Bleus. Mais c'est un pan de l'histoire du club qui s'en va : le Français, formé à Auxerre, est arrivé en 1995, avant de s'en aller après 14 ans et 260 rencontres.

Valter Birsa, Ireneusz Jelen et consorts : libérés, délivrés

Et si Benoît Pédretti et Jean-Pascal Mignot ont rapporté de l'argent à l'AJ Auxerre – respectivement 1,5 M€ et 2 M€ -, ce n'est pas le cas de cadres importants de l'effectif, comme Valter Birsa et Ireneusz Jelen, ou, à un degré moindre, de Julien Quercia, de Rémy Riou et de Frédéric Sammaritano.

Rémy Riou, Caen
Rméy Riou, sous le maillot du SM Caen. Crédits photo : IconSport

Un manque à gagner de 12,8 M€ selon les valeurs marchandes cumulées des joueurs cités, calculées par le site spécialisé Transfermarkt. Une fortune assez considérable, qui acte un manque de vision de la direction sportive, dominé par Gérard Bourgoin dès mai 2011.

Jemaâ, Rudy Haddad et Ben Sahar : déceptions en cascade

Pour remplacer tous ces éléments, l'AJA plonge sur le marché des transferts à la recherche d'éléments à moindre coût. L'expérimenté Edouard Cissé (33 ans) arrive gratuitement après une pige à l'OM (2009-2011). Le club casse sa tirelire – 2 M€ – pour faire venir l'attaquant du RC Lens, Issam Jemaâ. Souvent remplaçant, le Tunisien marque deux buts, avant de partir à Valenciennes durant l'hiver.

Rudy Haddad passe de Châteauroux au banc d'Auxerre – pour 800 000 euros -, alors que l'international israélien Ben Sahar, prêté, marque 4 buts. Le recrutement, complètement raté, plombe l'équipe, qui ne survit pas : après 18 défaites et 13 nuls, l'AJA, 20e, descend.

Alain Traoré et Delvin Ndinga : vendre pour survivre

Les comptes sont dans le rouge, et lors de l'été 2012, Auxerre doit impérativement vendre, alors que la DNCG menace immédiatement le club d'une relégation administrative. Gérard Bourgoin libère des gros salaires qui n'ont pas voulu baisser de moitié leurs émoluments – Issam Jemaâ ou Georges Mandjeck -, et l'AJA vend Alain Traoré au FC Lorient pour 5 M€ et Delvin Ndinga à l'AS Monaco pour 4 M€.

Un an plus tôt, en 2011, Gérard Bourgoin déclare concernant ce dernier, courtisé par l'OL : “Si l’on me propose 9 millions, je répondrais que je ne suis pas un mendiant. Après, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis”. Bien vu…

Auxerre se sépare également de Soualiho Meïté, Roy Contout ou Anthony Le Tallec pour environ 4 M€. Le club est déplumé, mais sauvé. Du moins sur le plan financier.

Hugo Colace, Marco Ramos et Henri Ndong : bons plans gratuits ?

Sportivement, par contre, l'AJ Auxerre ne va pas bien loin en Ligue 2 : le club, dirigé par l'ancien Marseillais Bernard Casoni, finit à la 9ᵉ position. Il faut dire que le recrutement n'a pas été particulièrement brillant. Sans argent, Gérard Bourgoin et son équipe se concentrent sur des joueurs gratuits.

Terence Makengo arrive de l'AS Monaco en prêt sans option d'achat, pour citer le nom le plus connu. Avec lui, Rémy Ebanega et Henri Ndong, deux joueurs de l'US Bitam, un club du Gabon, débarquent libres à Auxerre, comme l'Argentin Hugo Colace, venu tout droit de Tecos au Mexique, et Marco Ramos, un latéral de Braga. Ce n'est pas brillant, mais jeunes formés au club montrent le bout de leur nez, dont Sébastien Haller, 18 ans, 2 buts et 2 passes décisives.

Sébastien Haller Côte d'Ivoire Afrique du Sud
Sebastien Haller avec le maillot de sa sélection nationale, la Côte d'Ivoire. Crédits photo : IconSport

En fin de saison, en 2013, Gérard Bourgoin quitte la présidence de l'AJ Auxerre sur ce maigre bilan sportif et en termes de mercato. Rideau.

Maxime Brun
Rédacteur et fan de l'OM, j'aime les numéros 10 et les jolies passes.