Au sortir d'une saison XXL, notamment en Ligue des champions, le gardien Gianluigi Donnarumma se retrouve doucement mais sûrement poussé vers la sortie par le Paris Saint-Germain sur ce mercato, faute d'accord pour prolonger. Tandis que Lucas Chevalier est déjà prêt à arriver pour lui succéder, ce dossier a-t-il vraiment été bien géré par Paris ?

Si le Paris Saint-Germain est enfin parvenu à décrocher la Ligue des champions tant convoitée, il le doit évidemment à l'année 2025 exceptionnelle d'Ousmane Dembélé, aux trois poumons d'Achraf Hakimi et à l'hyperactivité de Vitinha. Mais les parades décisives de Gianluigi Donnarumma ont aussi pesé de tout leur poids dans ce parcours, qu'elles ont rendu possible quand le chemin devenait parfois sinueux.

Donnarumma, meilleur gardien de la saison

Vivement critiqué depuis son arrivée, pour sa propension à flancher dans les matchs qui comptent, et jusqu'au 8e de finale aller contre Liverpool (0-1) lorsque la comparaison avec Alisson Becker avait fait mal, le portier italien s'est ensuite complètement métamorphosé.

Auteur de deux arrêts face aux Reds lors de la séance de tirs au but au retour, héroïque au tour suivant lorsque le PSG se trouvait au bord du précipice au match retour contre Aston Villa et à nouveau déterminant en demi-finales face à Arsenal, le dernier rempart de 26 ans devrait se rapprocher du top 10 du classement du prochain Ballon d'Or. D'autant que Gianluigi Donnarumma a poursuivi sur sa lancée durant la Coupe du monde des clubs, notamment en quarts de finale contre le Bayern Munich (2-0) puis en demi-finales face au Real Madrid (4-0). Sans contestation possible, Donnarumma est assurément le meilleur gardien de la saison 2024-2025.

Le PSG ne fera pas d'exception salariale pour Donnarumma

Bref, le PSG tenait enfin son grand gardien, celui qui lui permettait de toucher de nouveaux horizons qui se refusaient jusqu'alors à lui. Et puis il a fallu que la saison se termine et que la question du contrat de l'ancien Milanais revienne sur le devant de la table. En fin de bail dans un an, en juin 2026, Gianluigi Donnarumma ne parvient pas, depuis des mois, à s'entendre autour d'une prolongation avec son employeur. Et c'est logique : alors que le natif de Castellammare di Stabia est au sommet de son art et courtisé par une meute de prétendants, le PSG lui propose pour seule perspective de baisser son salaire (850 000 euros mensuels brut actuellement) et de soumettre celui-ci à une part variable de l'ordre de 33%.

Au nom du projet collectif mis en place depuis l'arrivée de Luis Enrique en 2023, le PSG campe fermement sur ses positions et refuse de faire une exception pour son gardien, qui deviendrait sinon le deuxième salaire le plus élevé de l'effectif. Si cette nouvelle philosophie a largement porté ses fruits au cours des derniers mois, est-ce que faire une fleur à Donnarumma nuirait-il tant que cela à l'unité du vestiaire ? Rien n'est moins sûr. D'abord parce que Paris a d'autres dossiers chauds du même genre qu'il lui faudra régler avec Ousmane Dembélé, Bradley Barcola et Désiré Doué qui veulent être augmentés. Le problème va donc bien au-delà du gardien d'1m96. D'autre part, c'est surtout la politique de starification, les caprices et les querelles d'ego entre Neymar, Lionel Messi et Kylian Mbappé et leur pouvoir dans le vestiaire face aux coachs qui ont fait si mal au PSG au début des années 2020, plus que le montant de leur salaire. Prolonger Donnarumma “à son tarif” ne reviendrait donc pas forcément à reproduire les erreurs du passé.

Une cohabitation Donnarumma-Chevalier, le pire des scénarios ?

Quoi qu'il en soit, Paris a tranché et Lucas Chevalier va prochainement débarquer dans la capitale en provenance de Lille, moyennant 40 millions d'euros. A 23 ans, le néo-international français est évidemment prometteur et il a déjà fait ses preuves en Ligue des champions notamment. Reste que le Dogue n'a pas la même expérience que l'Italien (seulement 10 matchs joués en C1, soit 4 fois moins) qu'il va découvrir un nouvel environnement avec beaucoup plus de pression et qu'il est difficile de croire qu'il pourra dès la saison prochaine se hisser au niveau qu'affiche actuellement Donnarumma.

Lucas Chevalier, Gianluigi Donnarumma, PSG
Lucas Chevalier souffre d'un déficit d'expérience face à Gianluigi Donnarumma – Crédit photo : IconSport

En plus de perdre au change à court terme, le PSG risque de créer une potentielle poudrière puisqu'aux dernières nouvelles, Donnarumma ne compte pas partir cet été et envisage d'aller au bout de son bail malgré l'arrivée de Chevalier. Pour des questions d'image et en vertu des services rendus, le champion d'Europe en titre ne prévoit pas de son côté d'écarter Donnarumma pour le pousser à partir. On se dirige donc tout droit vers une cohabitation Donnarumma-Chevalier. Un format qui n'a jamais fait bon ménage à Paris comme en attestent les précédents Keylor Navas-Donnarumma ou encore Kevin TrappSalvatore Sirigu. En refusant de faire une petite entorse à sa nouvelle politique salariale pour un cadre majeur de l'effectif, le PSG vient peut-être d'ouvrir la Boîte de Pandore…