Actuellement co-meilleur buteur du championnat suédois, Ibrahim Diabaté a vu son nom circuler en Ligue 1 du côté de l’AJ Auxerre et du Havre lors du dernier mercato. Dans cet entretien accordé à Top Mercato, l’attaquant de 25 ans s’est exprimé sur ces rumeurs sans langue de bois. L’Ivoirien revient aussi sur son parcours et sur ses ambitions pour l’avenir.

Entretien réalisé par A.P.

Ibrahim Diabaté, tout d’abord, comment allez-vous ?

Ça va bien, super bien même ! On est là et on essaie de finir la saison en beauté !

Vous êtes actuellement le meilleur buteur du championnat de Suède, avec 15 réalisations en 25 matches sous les couleurs de GAIS. Comment expliquez-vous cette superbe réussite cette saison ?

Je suis ex aequo avec l’attaquant de Hammarby (Nahir Besara, ndlr). Je pense que c’est le fruit du travail et de la confiance. Quand tu es un avant-centre, tu as besoin de ça et de patience aussi. La saison passée (20 apparitions en Allsvenskan, 9 titularisations, 1 but) a été super compliquée. Cette année, on a travaillé, on a essayé de reprendre confiance et voilà ! On est content de ce qu’on arrive à faire avec GAIS.

Sur les buts que vous inscrivez, vous faites très peu de touches de balle, une voire deux, vous êtes toujours bien placé et vous finissez vite. Peut-on dire que c’est votre marque de fabrique, votre patte ?

Oui, je pense qu’on peut dire ça. J’ai travaillé individuellement et collectivement. C’est quelque chose que j’avais en moi depuis très longtemps. Mais la saison passée, par exemple, ce n’est pas venu par manque de confiance. Cette saison, les choses ont bien marché. J’ai beaucoup travaillé cet aspect de mon jeu quotidiennement.

“Le championnat suédois est très physique, comme en Ligue 1”

Quel est votre regard sur le championnat suédois, qui est peu médiatisé et connu ?

Je pense que c’est un bon championnat, d’un bon niveau, très physique, comme en Ligue 1 aussi, où c’est très physique. Il faut jouer des épaules, répéter les efforts. C’est un championnat qui a franchement un bon niveau.

Dans votre saison, il y a eu des moments très forts, comme ce triplé contre Halmstad, ce doublé contre Hammarby et cette série de 11 buts en 9 matches entre mai et juillet. Qu’avez-vous ressenti sur ces matchs-là ?

Sincèrement, ça fait du bien ! C’est une sensation assez difficile à expliquer. C’était trop cool, trop bien. J’étais en pleine confiance, concentré sur chaque match et je suis content de ce que j’ai fait.

Il y a aussi eu une période de doutes, avec 6 matches sans but entre début août et fin septembre. Que s’est-il passé ? Sentez-vous que les défenses ont étudié votre jeu et vous serrent davantage ? Était-ce lié au mercato ?

Je pense que c’était lié à ce qui s’est passé cet été. J’étais finalement un peu touché moralement, c’est logique et finalement, sur le terrain, ça s’est ressenti. Avec le club et mon représentant, on a mis les choses au clair. Je me suis repris et je me suis remis à remarquer récemment. Donc c’est reparti, ça va.

En parlant mercato justement, votre nom a été cité plusieurs fois en France, du côté du Havre et d’Auxerre. Qu’en était-il réellement ?

Il y avait un intérêt de ces deux clubs. J’ai même parlé avec les dirigeants du Havre. Ça devait se faire, mais finalement ça ne s’est pas fait. C’est le football. J’ai continué à travailler, d’autres opportunités se présenteront et voilà. Auxerre était de son côté en contact avec le club directement.

Ibrahim Diabaté, GAIS
Crédits photo : IconSport

Est-ce que évoluer en Ligue 1 vous plairait ?

Oui, bien sûr ! Comme tous les Africains ! En plus, je parle français. J’aurais beaucoup d’avantages dans l’adaptation, ça me plairait oui. Il n’y a pas un club en particulier, c’est le championnat qui m’intéresse. C’est un très bon championnat.

Il y a également eu des intérêts du Lech Poznan en Pologne, de Genk et de l’Union SG en Belgique, mais aussi d’Allemagne… 

Oui, c’est vrai. Mais j’ai une petite préférence pour la France, pour la langue, qui faciliterait l’adaptation. On verra aussi les projets sportifs qui seront présentés. C’est très important pour moi.

Que peut-on dire de votre situation par rapport au marché à venir ?

Je suis là aujourd’hui, on est à la lutte avec le club pour une place européenne. À la fin de la saison, on verra bien ce qu’il en est. Il restera beaucoup de temps avant le mercato. On verra bien ce qui va se passer.

“A l’Atletico, Luis Suarez, Moussa Dembélé et Thomas Lemar m’ont pris sous leur aile”

Comment vivez-vous toute cette agitation vous qui avez connu des débuts plutôt discrets en Espagne, dans les réserves de Majorque, Séville et l’Atlético Madrid ?

Dans le football, chaque joueur a son temps. Je suis un garçon qui travaille beaucoup. Sur les qualités, les gens n’ont pas de doutes. C’est pour ça que j’ai eu la chance de passer par les réserves de Séville et de l’Atlético, parce que j’avais de la qualité. Après, les opportunités n’ont pas suivi. Quand c’est comme ça, on reste patient, on continue à travailler et tu attends ton tour et voilà !

Ces débuts en Espagne justement, racontez-nous ces expériences ? Vos plus beaux souvenirs ? Qu’a-t-il manqué pour aller un peu plus haut ?

Je pense que, de mon côté, j’ai fait pratiquement tout mon possible pour y arriver, notamment à Majorque. Quand tu es attaquant, on te demande de marquer des buts. C’est ce que j’ai fait avec la réserve, j’ai fini une saison avec 25 buts marqués, je termine meilleur buteur, mais l’entraîneur de l’équipe première voulait autre chose. Donc je n’ai pas vraiment eu ma chance, même si j’ai eu deux apparitions avec les professionnels en Segunda. Ça m’a beaucoup frustré. C’est là où j’ai été le plus près de l’équipe première. 

À Séville et Madrid, j’étais seulement prêté, parce que Majorque ne voulait pas me perdre. Séville avait tout fait pour me garder, mais Majorque n’a pas accepté, c’était pendant le COVID. Tout le monde était content de moi à Séville, où j’avais eu la chance de m’entraîner avec Jules Koundé à l’époque, mais ça ne s’est pas fait parce que Majorque voulait que je revienne à la maison. À Madrid, j’ai eu la chance de participer à des séances avec Luis Suarez, Moussa Dembélé ou Thomas Lemar, qui m’ont pris un peu sous leur aile comme je parlais français. C’était comme des grands frères !

Comment aviez-vous géré le passage de l’Espagne à la Suède sur le plan du football et du climat ?

Ce n’était franchement pas facile. J’avais passé six ans en Espagne. Tu arrives en Suède, le temps est gris, il fait froid… Mais je me suis dit que je devais m’adapter. Ce n’était pas facile au début mais finalement, on est là ! Il fait déjà très froid ici. Mais on est dans une belle ville, à Göteborg, la deuxième ville du pays, c’est bien ici. La vie est bien ici, c’est carré comme on dit !

Avez-vous un modèle ou une source d’inspiration à votre poste ?

J’aime bien Sehrou Guirassy, j’aime trop ces déplacements et c’est un très grand finisseur. Je regarde beaucoup de ses vidéos. Ce qu’il est en train de faire, c’est absolument incroyable.

Entretien réalisé par A.P.