OM : le Top 5 des joueurs formés au club

À l'occasion du quart de finale retour d'Europa League contre le Benfica Lisbonne, Jean-Louis Gasset a fait appel à Gaël Lafont (17 ans) et Raimane Daou (19 ans), deux purs produits de la formation marseillaise. Souvent raillé pour ne sortir aucun jeune depuis une décennie, l'Olympique de Marseille commence à rectifier le tir. Par le passé, plusieurs joueurs formés au club ont malgré tout laissé leur empreinte dans la cité phocéenne.

Il fallait donc une hécatombe de blessés pour que les jeunes du centre de formation de l'OM aient leur chance en équipe première. Depuis son arrivée à Marseille mi-mars, Jean-Louis Gasset doit composer avec une infirmerie pleine à craquer. Lors de la double confrontation face au Benfica, seuls 14 joueurs du groupe professionnel étaient disponibles, ce qui a contraint le coach de 70 ans à piocher chez les U19 et au sein de l'équipe réserve.

Les jeunes apportent de la fraîcheur, confiait l'entraîneur olympien à propos de l'arrivée des deux jeunes dans le groupe. Ils sont très bien acceptés dans le groupe pour apporter de la qualité. L’accueil du Vélodrome pour ces jeunes a été phénoménal. Il s’agit d’une génération dorée. Être premier du championnat et en demi-finale de Gambardella, ce n’est pas donné à tout le monde.

Le plus dur pour les deux minots sera évidemment de continuer leur progression pour s'imposer dans la durée au sein du groupe marseillais. Les joueurs formés à l'OM ne sont pas légion à avoir laissé une trace au club. L'idée n'est donc pas de hiérarchiser les joueurs ayant eu la plus belle carrière, mais bien ceux qui ont connu le passage le plus faste en Provence depuis le début des années 2000.

5. Mathieu Flamini (2003-2004)

Au début des années 2000, la formation marseillaise est à la traîne et ne sort quasiment aucun joueur. L'arrivée de Mathieu Flamini dans le groupe professionnel, lui le natif de la cité phocéenne, est un vent de fraîcheur. Le milieu de terrain rejoint le club dès son plus jeune âge et effectue sa grande première en Ligue 1 le 20 décembre 2003 contre Toulouse.

Le Français parvient même à gagner sa place dans le onze de départ lors de la fin de la saison sous les ordres de José Anigo. Preuve de la confiance que lui accorde son entraîneur à l'époque, Flamini figure dans le onze de départ de la finale de la Coupe de l'UEFA face au FC Valence. Il dispute au total 24 matchs toutes compétitions confondues. Malheureusement pour l'OM, celui qui a 20 ans à l'époque n'hésite pas à tourner le dos à son club formateur dès la fin de la campagne 2003-2004 en signant son premier contrat professionnel avec Arsenal. “C'est une belle trahison, avait lancé Anigo à propos de la décision du milieu de terrain. Il s'est bien servi de moi. C'est bien pour l'argent qu'il n'a pas signé pro chez nous. Son argument sportif comme quoi il craignait de moins jouer ne tient plus la route. À moins bien-sûr qu'il ne mette Viera sur la touche. Ca me fiche un coup au moral, parce que la formation c'est tout ce que j'aime. Mais mon regard là-dessus ne sera plus jamais le même.

Quelques années plus tard, Mathieu Flamini s'était exprimé sur son départ, mettant en avant la responsabilité du club dans sa décision. “Beaucoup de choses ont été écrites. Mais la vérité, c'est qu'eux n'ont pas cru en moi. Seul José Anigo m'avait soutenu, mais ça n'avait pas suffi“, avait-il simplement expliqué. Pour rappel, le joueur avait donné son accord verbal à l'OM pour signer un contrat pro en cours de saison, avant de faire volte-face quelques mois plus tard.

Après son départ du club, l'ex-international français (3 sélections) avait effectué quatre saisons sous la tunique d'Arsenal avant de rejoindre le Milan AC (2008-2013), puis de revenir chez les Gunners (2013-2016). Flamini a mis fin à sa carrière après deux courts passages à Crystal Palace (2016-2017) et à Getafe (2018-2019).

4. Cédric Carrasso (2001-2008)

À la différence de Mathieu Flamini, Cédric Carrasso n'a pas tourné le dos à son club formateur. Né à Avignon, le gardien de but entre au centre de formation de l'OM à l'âge de 11 ans avant d'intégrer, à 19 ans, le groupe professionnel. Le portier doit cependant patienter avant de faire ses grands débuts au stade Vélodrome. Lors de la saison 2001-2002, il est prêté du côté de Crystal Palace, pensionnaire de Championship (deuxième division anglaise) à l'époque.

La saison suivante, il occupe le poste de doublure de Vedran Runje et ne prend part qu'à deux rencontres, dont sa première sous le maillot marseillais face à Montpellier le 2 novembre 2002. Son début de carrière se complique encore davantage lorsqu'il est victime d'une rupture des ligaments croisés lors d'un match amical contre France 98. Après une saison blanche, il retrouve enfin les terrains… du côté de Guingamp où il est envoyé de nouveau en prêt.

Ce n'est qu'en 2005 qu'il retrouve enfin du temps de jeu à Marseille grâce à la suspension de Fabien Barthez, auteur d'un crachat sur un arbitre marocain lors d'un match amical. Solide durant son intérim, il est enfin considéré comme le n°1 lors du départ du champion du monde à l'issue de la saison. Il démarre la saison 2006-2007 en tant que titulaire et n'est pas étranger à la très bonne saison de l'OM qui voit les hommes d'Albert Emon terminer dauphin de l'Olympique Lyonnais en Ligue 1 et finaliste de la Coupe de France (perdue aux tirs au but face à Sochaux).

Mais cette belle saison de Cédric Carrasso sera malheureusement sans lendemain. Dès l'été qui suit, il se blesse gravement au tendon d'Achille et reste sur le flanc durant six mois. Période durant laquelle un certain Steve Mandanda, recruté lors de l'intersaison, va prendre sa place pour ne plus jamais la lâcher. Le portier français est donc contraint de quitter la cité phocéenne en 2008, direction Toulouse. Entre rôle de doublure et graves blessures, Carrasso n'aura disputé que 85 matchs en sept ans avec l'OM.

3. Boubacar Kamara (2016-2022)

Né à Marseille et arrivé à l'OM dès l'âge de 5 ans, Boubacar Kamara est l'une des plus grandes réussites du centre de formation. Le milieu de terrain défensif gravit tous les échelons chez les jeunes en obtenant régulièrement le brassard de capitaine. En 2017, il dispute la finale de la Coupe Gambardella.

Dès fin 2016, moins d'un mois après ses 17 ans, il effectue ses premiers pas en professionnel lors d'une rencontre de Coupe de la Ligue et signe son premier contrat professionnel à l'issue de la saison. Lors de la campagne 2017-2018, Rudi Garcia lui offre un vrai rôle, notamment en Europa League, et devient le plus jeune olympien titularisé sur la scène européenne. Au fil des mois, Kamara prend de l'importance au sein de l'équipe et sa polyvalence lui permet d'enchaîner les titularisations. Le minot est tout aussi performant dans un rôle de milieu défensif (son poste de prédilection) qu'en défense centrale. Même s'il n'est pas dans le onze de départ lors des demi-finales et de la finale de C3, puisque Garcia préfère aligner Frank Zambo-Anguissa et Morgan Sanson au milieu, son temps de jeu est important dans un club qui n'est pas connu pour donner facilement du temps de jeu aux jeunes joueurs.

Ses bonnes performances poussent la direction phocéenne à prolonger son contrat et lui permettent également d'être convoqué par Didier Deschamps en équipe de France pour la première fois en mai 2022. Les clubs étrangers flairent également la belle affaire puisque Kamara arrive en fin de contrat au mois de juin 2022. Malgré plusieurs propositions de prolongation, l'OM voit sa pépite partir libre après 170 matchs en Provence, direction Aston Villa.

Une décision du joueur qui passe mal auprès des dirigeants, mais également des supporters, qui reprochent au milieu de terrain de ne pas respecter son club de toujours. “Je crois pouvoir dire aujourd’hui qu’il y avait trois propositions de contrat, avec des formules très différentes, dont une où le salaire était très, très élevé. Kamara a été respecté par Pablo Longoria, respecté par le club“, avait notamment confié Jacques Cardoze, directeur de la communication à l'époque.

2. Samir Nasri (2004-2008)

Il est intrinsèquement le meilleur joueur à être sorti du centre de formation de l'OM, mais Samir Nasri est bel et bien devancé pour la place de n°1 dans ce classement. À l'image de Boubacar Kamara, le “Petit Prince” effectue tout son parcours de formation au club phocéen et intègre l'équipe première tout juste passé ses 17 ans.

Lancé lors de la saison 2004-2005, Nasri ne tarde pas à devenir un taulier de l'équipe puisqu'il dispute pas moins de 24 matchs de Ligue 1 dès sa première campagne, avant sa majorité. Très vite, il montre de la maturité dans le jeu et se positionne comme le joueur le plus technique de l'effectif, capable de créer des différences par sa vision du jeu et sa qualité de passe. Lors des quatre saisons qu'il effectue sous la tunique olympienne, il est le maître à jouer de l'équipe, que ce soit dans un rôle de relayeur ou de n°10. Collectivement, l'OM progresse, passant notamment de la 5ème place (2005, 2006) et au podium (2ème en 2007 et 3ème en 2008) et Nasri n'y est évidemment pas étranger. Lors de sa dernière saison en Ligue 1, il inscrit 6 buts et délivre 10 offrandes, ce qui fait de lui le meilleur passeur du championnat.

À 21 ans, il décide de mettre les voiles, mais pour une fois, l'OM parvient à réaliser une vente avec l'un de ses jeunes. Samir Nasri est cédé à Arsenal pour un peu moins de 17 millions d'euros. A la différence de Mathieu Flamini ou Boubacar Kamara, l'international français avait prolongé son contrat juste avant de quitter la Canebière. “Quand j'ai signé à Arsenal, je pouvais y signer libre. Mais c'était impossible pour moi. Marseille c'est ma ville, c'est mon club, j'ai été formé là-bas, je ne pouvais pas partir comme ça pour 0€ et dire ‘Ciao, je me suis servi de vous'. C'était impossible. J'étais obligé de prolonger et de faire gagner une indemnité à mon club“, confiait-il récemment.

Son bilan en quatre saisons est de 178 matchs, 14 buts et 29 passes décisives toutes compétitions confondues. Le natif de Marseille a également remporté la Coupe Intertoto en 2005 et a été finaliste à deux reprises de la Coupe de France (2006, 2007).

1. André Ayew (2007-2015)

Comme son père Abedi et son frère Jordan quelques années plus tard, André Ayew a marqué l'Olympique de Marseille de son passage entre 2007 et 2015. Le natif de Seclin termine sa formation dans la cité phocéenne et effectue une première saison avec la réserve avant de rejoindre l'équipe première en 2007.

Lors de la saison 2007-2008, il est régulièrement utilisé par Erik Gerets et dispute 15 matchs toutes compétitions confondues, dont trois en Ligue des Champions. Malgré de belles promesses avec le club olympien pour ses débuts en professionnel, André Ayew est prêté deux années consécutives du côté du FC Lorient (22 matchs, 3 buts et une passe décisive) puis à Arles-Avignon (25, 4 buts et 2 passes décisives). Avec le club acéiste, le Ghanéen passe un gros cap et n'est évidemment pas étranger à la formidable saison de l'ACAA, qui monte pour la première fois de son histoire en Ligue 1 à l'issue de la campagne 2009-2010.

Lorsque le milieu de terrain fait son retour à l'OM, même s'il n'a pas pu participer à la conquête du titre de champion de France, il est un joueur beaucoup plus mature, ce qui lui permet de s'imposer très rapidement comme un joueur clé de Didier Deschamps. Les chiffres ne mentent pas : l'international ghanéen dispute pas moins de 37 matchs de Ligue 1 ainsi que les huit matchs de Ligue des Champions. Cette année-là, il effectue sa meilleure marque statistique dans le championnat avec 11 buts et 3 passes décisives.

La saison suivante, c'est en Ligue des Champions qu'il montre toute l'étendue de son talent. Alors que les Olympiens sortent d'une poule composée du Real Madrid et de l'Ajax Amsterdam, l'OM affronte l'Inter Milan en huitièmes de finale. Au match aller, André Ayew délivre le stade Vélodrome grâce à un but de la tête dans le temps additionnel. Au retour, un contrôle du dos de Brandao entré dans la légende permettra aux Phocéens de rallier les quarts de finale. En 9 matchs de C1, André Ayew avait signé pas moins de 4 buts.

Ses trois campagnes suivantes sont du même acabit, dans un rôle toujours aussi important. Le fils d'Abedi Pelé déçoit très rarement et répond toujours présent dans les grands rendez-vous, en témoigne cette statistique : durant son passage à l'OM, Ayew a été décisif plus d'un match sur trois en Ligue des Champions. En six saisons en Provence, celui qui évolue désormais du côté du Havre (et qui a d'ailleurs été buteur face au Paris Saint-Germain ce week-end) a disputé 209 matchs toutes compétitions confondues pour 60 buts et 18 passes décisives.

Avant de traverser la Manche pour rejoindre Swansea, il a également étoffé son palmarès dans la cité phocéenne avec deux Coupes de la Ligue (2011 et 2012) ainsi que deux Trophées des Champions (2010 et 2011). Son aventure ne s'est malheureusement pas terminée comme prévu, puis Ghanéen souhaitait poursuivre l'aventure, mais a été poussé vers la sortie en raison des problèmes financiers du club. Au moment de son retour en Ligue 1 cet hiver, il n'avait d'ailleurs pas caché ses regrets quant à son départ. “Mon départ de Marseille a été très difficile à avaler. Ce n'était pas une période où je pensais quitter le club, mais il avait des soucis financiers et la majorité des joueurs clés ont dû partir. Au début, dans ma tête, si je revenais en France, c'était à l'OM. Mais l'OM ne m'a jamais recontacté“, avait-il confié début mars.

Les autres joueurs qui auraient pu intégrer le Top 5

Plusieurs joueurs auraient pu prétendre à une place dans ce classement. Mehdi Benatia tout d'abord. L'actuel directeur sportif de l'OM a eu une très belle carrière avec des passages à l'AS Rome, au Bayern Munich ou à la Juventus, mais le Marocain n'a pas disputé la moindre rencontre avec le club phocéen.

Si vous avions réalisé un Top 6, Maxime Lopez aurait été dedans. Formé à Marseille entre 2010 et 2016, le minot a disputé pas moins de 150 matchs sous la tunique marseillaise, régulièrement utilisé dans un rôle de titulaire. Le milieu relayeur a notamment participé à l'aventure européenne qui a mené le club en finale de l'Europa League en 2018.

Romain Alessandrini a également effectué une partie de sa formation en Provence, mais c'est le FC Gueugnon qui le lance en professionnel. Il reviendra tout de même à l'OM entre 2014 et 2017, notamment sous la houlette de Marcelo Bielsa.

Mathieu Dumas
Arrivé dans le métier sur un coup de tête à la Peter Crouch, j'ai fait mes gammes chez la Fédération Française de la Lose (FFL) avant d'explorer, par la suite, un monde autre que celui de la défaite. Au fil des expériences, j'ai pris de la bouteille comme Sidney Govou, en gardant toujours la même passion. Mon mantra : produire des analyses au moins aussi bonnes que Jean-Marc Ferreri.