Thiago Almada est attendu à l'Olympique Lyonnais vendredi pour passer sa visite médicale. L'Argentin de 23 ans sera prêté gratuitement par Botafogo jusqu'en fin de saison. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui et le quartier de ses origines.

La trajectoire du milieu offensif n'est pas linéaire. Le champion du monde 2022 est passé de Velez Sarsfield, son club formateur, à Atlanta United (MLS) en février 2022, avant de changer d'écurie deux ans plus tard, en signant à Botafogo au Brésil à l'été 2024, pour la somme de 19,5 millions d'euros.

Et, ce vendredi, à l'occasion du mercato d'hiver, le prodige de Buenos Aires va rejoindre la France et la Ligue 1, au sein d'une autre formation de la galaxie Eagle Football de John Textor : Lyon. En raison des difficultés financières qui frappent le club rhodanien, dont le recrutement est encadré par les sanctions de la DNCG, l'homme d'affaires américain s'est arrangé pour que le jeune talent ne coûte pas à un centime à l'OL pour l'instant.

Récemment, l'offensif s'était prononcé sur son avenir, confiant vouloir “vraiment jouer en Europe”. Son rêve lui tend donc les bras, et la carrière de l'intéressé pourrait exploser prochainement, alors que ce dernier vient d'un quartier particulièrement difficile, où il n'est jamais simple de sortir par le haut.

Après Carlos Tévez, Thiago Almada

Comme écrit dans une longue enquête par le site brésilien Trivela, à Buenos Aires et dans le monde du football, quand on parle de Fuerte Apache (“Fort Apache“), on pense avant tout à Carlos Tévez. Mais, depuis peu, un autre nom émerge de ce quartier, l'un des plus défavorisés d'Argentine : Thiago Almada. En effet, le futur Lyonnais provient également de cette zone géographique, souvent marquée par la violence.

Thiago Almada
Thiago Almada, brandissant sa médaille et la Coupe du monde 2022. Crédits photo : Instagram.

Le quartier a vu le jour au début des années 1970 sous la forme d'un lotissement, créé pour loger les habitants des villages pauvres situés près du centre de Buenos Aires. Officiellement, le quartier s'appelle Ejercito de los Andes. Mais depuis 1992, il est connu sous le nom de Fuerte Apache. Ce nom a été donné par un journaliste argentin à la suite d'une fusillade intense entre des criminels et la police. Pour certains, ce nom est péjoratif. Mais il a fini par devenir populaire.

Le lotissement s'est transformé en quartier, et on estime aujourd'hui qu'environ 60 000 personnes y vivent.

Thiago Almada, l'idole des jeunes

Le joueur argentin a connu un début de carrière fulgurant au sein de son pays, entre démarrages professionnels avec Vélez en 2018, à seulement 17 ans, jusqu'au titre de champion du monde en 2022, à 21 ans. Ses succès ont rapidement fait de l'offensif l'une des fiertés de Fuerte Apache. Aujourd'hui, où que l'on aille dans le quartier, on peut voir des références au joueur de Botafogo dans des graffitis et des peintures murales.

Au Club Santa Clara, issu du quartier, des hommages au joueur sont également inscrits sur les murs. Sur l'un d'entre eux, une œuvre représente le meneur de jeu portant encore son ancien maillot de Vélez.

Thiago Almada Velez
Un graffiti à l'effigie de Thiago Almada, dans le quartier de son enfance, Fuerte Apache. Crédits photo : Gabriel Rodrigues/Trivela

Les graffitis de Fuerte Apache sont également dédiés à Carlos Tévez ou encore à Diego Armando Maradona. Mais il ne fait aucun doute qu'Almada a pris de plus en plus de place parmi les références ultimes de Fuerte Apache. Selon Esteban Daniel, président du Club Santa Clara, la réussite sportive du jeune homme est une source d'inspiration :

“C'est important pour tout le monde. Voir que Thiago (Almada) est venu d'un club du quartier, où nous sommes souvent victimes de discrimination sociale, et qu'il est arrivé là où il est maintenant, un champion du monde, est un miroir très important pour les enfants, qui peuvent l'égaler ou devenir meilleurs que lui”.

Thiago Almada, un joueur au grand cœur

Même physiquement loin de Buenos Aires, Thiago Almada est présent tous les jours à Fuerte Apache. L'international aux 6 sélections a en effet récemment ouvert un restaurant populaire au sein du quartier. L'établissement, Comedor El Guayo, sert des repas gratuits aux habitants du quartier, en particulier aux enfants. Le restaurant, qui tire son nom du surnom d'enfance de Thiago Almada – Guayo -, a ouvert juste en face de l'immeuble dans lequel le joueur a été élevé. La famille et les amis de Thiago y travaillent.

Timide et loin de l'ostentation qui règne dans le monde du football, Thiago Almada aime par ailleurs revenir à ses racines. Lorsque le joueur est en vacances, ou en congé prolongé, ce dernier se rend toujours à Fuerte Apache. Aujourd'hui encore, certains membres de la famille du joueur vivent dans le quartier. Le numéro 23 de Botafogo a également de nombreux amis dans la région. Deux de ses neveux essaient même de suivre la même voie que lui, en jouant pour Santa Clara.

Thiago Almada graffiti
Un mur du quartier Fuerte Apache, en Argentine, à la gloire de Thiago Almada. Crédits photo : Gabriel Rodrigues/Trivela

Récemment, lors de retrouvailles avec des amis du coin, le champion du monde a distribué des maillots de Botafogo. Par ailleurs, ce dernier continue de jouer au football avec ses amis de Santa Clara, tout en faisant même des barbecues dans la rue. Selon Daniel Esteban, “il vient toujours ici quand il est en vacances. C'est un garçon très, très humble. Il vient encore, reste avec nous, avec les gens, avec les enfants.”

Son futur transfert à l'Olympique lyonnais devrait ralentir la fréquence de ses retours vers ses racines, mais en attendant que ce mouvement survienne : si quelqu'un veut rencontrer Thiago Almada, Fuerte Apache est le bon endroit pour le faire.