Portugal-France : 3 forces, 2 faiblesses… Ce qui attend les Bleus contre la Seleção !

Opposé à l’équipe de France en quarts de finale de l’Euro 2024, le Portugal de Roberto Martinez est considéré comme l’un des favoris de la compétition. Capable de confisquer le ballon mais de s’exposer en transition, il sera un adversaire redoutable pour les Bleus. Voici ce qu’il faut savoir sur la Seleção.

Parmi les 24 équipes qualifiées pour l’Euro, le Portugal est la seule équipe à avoir fait carton plein durant la campagne de qualification. Dix matches, dix victoires. Si le faible niveau du groupe force à relativiser (Portugal, Slovaquie, Luxembourg, Islande, Bosnie, Liechtenstein), la performance reste malgré tout à saluer. Alors au moment d’aborder la compétition, la Seleção faisait logiquement partie des cinq favoris avec l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Angleterre. Deux semaines plus tard, après quatre premiers matches abordables, le Portugal a démontré certaines qualités mais aussi quelques lacunes. Les voici.

Une défense de fer

Alors que l’équipe de France peut logiquement être considérée comme une défense solide, le Portugal semble lui aussi particulièrement robuste. Avec 8 tirs cadrés subis sur l’ensemble du tournoi, le plus faible total à égalité avec l’Allemagne, l’équipe de Roberto Martinez ne s’expose que très peu. Une résistance qu’ils doivent à leur possession, déjà, 68% en moyenne, plus que toute autre équipe de l’Euro, ce qui leur permet d’avoir le ballon et donc de ne pas concéder. De plus, certaines individualités sont aussi parvenues à se mettre en valeur. Diogo Costa a démontré face à la Slovénie (0-0, 3-0 TAB) qu’il était un des meilleurs gardiens de la compétition, Ruben Dias et Pepe sont une des meilleures charnières pour défendre leur surface et João Palhinha n’a que peu d’égal dans son poste de milieu récupérateur. Si elle a jusqu’ici excellé pour ne pas s’exposer face à des équipes modestes, reste à voir comment la défense portugaise se comportera face à des individualités plus remuantes.

Un rythme de sénateur 

Alors que la possession chère au Catalan Roberto Martinez est un outil pour défendre et s'installer dans le camp adverse, elle peut cependant parfois se révéler nocive pour son équipe. Face à la Tchéquie (2-1), à la Géorgie (0-2) et à la Slovénie, le Portugal s’est heurté à des blocs bas et a montré beaucoup de lacunes au moment de les fracturer. À cause d’un rythme relativement faible et d’un nombre de touches de balles trop élevé, les adversaires sont rarement déséquilibrés et ont le temps de coulisser ou de s’adapter. Lacune à laquelle il faut ajouter l’irrégularité de Rafael Leão, principal joueur de déséquilibre offensif portugais dans le dernier tiers, ou le profil de Bernardo Silva, plus à l’aise pour contrôler que pour percuter.

Roberto Martinez Portugal
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Une machine à centrer

Avec 120 centres tentés, le Portugal est la première nation du tournoi dans l’exercice, loin devant les 91 centres de l’Autriche. Un chiffre qui démontre parfaitement la volonté de contourner plutôt que de percer et qui vise aussi à alimenter Cristiano Ronaldo dans la surface. Grâce à des joueurs explosifs comme Nuno Mendes, Rafael Leão, Pedro Neto ou encore Francisco Conceição, la Seleção est capable de créer un premier décalage sur un côté pour s’ouvrir une position de centre ensuite. Une faculté qu’elle peut aussi exploiter lorsque le rythme ralentit, grâce au bon pied de Bruno Fernandes, João Cancelo ou Bernardo Silva pour centrer à partir d'une position statique. Si Ronaldo a jusqu’ici manqué de réalisme dans la surface et qu’il accuse le poids de ses 39 ans au moment de disputer certains ballons aériens, il reste une menace dans le domaine. D’autant plus face aux Bleus qui, malgré une charnière fiable jusqu'ici, peuvent parfois s’exposer grâce à des erreurs d’inattention de William Saliba ou de Dayot Upamecano.

Cristiano Ronaldo Portugal
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Vulnérables dans l’espace 

S’ils profitent d’une défense de surface fiable, les Portugais peuvent toutefois s’exposer face à la mobilité de leurs adversaires. Kvicha Kvaratskhelia avait ouvert le score sur une transition, Benjamin Sesko a envoyé valser Pepe en pleine course quelques minutes avant son face-à-face manqué… Alors au moment d’affronter Kylian Mbappé, Roberto Martinez doit forcément douter. Plus que les 41 ans de Pepe qui se font ressentir, c’est la composition du côté droit qui pose question. Très offensif face à la Slovénie, João Cancelo est un excellent latéral pour attaquer mais médiocre pour défendre. Alors pour faire face à l'attaquant du Real Madrid, il ne serait pas étonnant de voir Diogo Dalot prendre sa place ou de constater une adaptation collective de Martinez pour limiter l’ouverture de certains espaces.

Kylian Mbappé Equipe de France
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Un banc déterminant

João Félix, Diogo Jota, Pedro Neto, Francisco Conceição, Gonçalo Ramos… Offensivement, le banc du Portugal est impressionnant. Parce qu’il dispose de plusieurs joueurs qui seraient titulaires dans bon nombre de sélections à l’Euro, déjà, et qu’il permet au sélectionneur portugais de compter sur des profils singuliers. Les ailiers Neto et Conceição peuvent être précieux pour dynamiter une rencontre fermée à l’image de leurs entrées face à la Tchéquie, Gonçalo Ramos peut apporter un poids supplémentaire dans la surface, Diogo Jota des courses vers l’avant et João Félix du liant et une capacité à faire des différences dans l’axe. Si Martinez semble disposer d’un onze type qu’il ne semble pas vouloir ébranler, les options pour s’adapter en cours de match sont nombreuses et pourraient permettre au Portugal de renverser une situation mal embarquée ou de tirer profit d’un avantage déjà acquis. 

Francisco Conceição Portugal
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Peu convaincant face au bloc regroupé de la Slovénie en huitièmes de finale, le Portugal pourrait retrouver en quarts une physionomie similaire alors que les Bleus de Didier Deschamps aiment se replier pour mieux se projeter. Néanmoins, les occasions subies face à la Belgique (1-0) démontrent que la solidité française est à nuancer, ce qui pourrait offrir certaines opportunités au Portugal. Pour espérer une qualification, les Portugais devront cette fois être clinique en plus de ne pas relancer la machine offensive tricolore, eux qui ont concédé 3 buts sur les 8 tirs cadrés subis. 

Matthias Ribeiro
Journaliste passionné par le jeu et la tactique passé par So Foot, Coparena et L'Équipe.