Approché par l’Olympique de Marseille pour succéder à Jonathan Clauss au poste de latéral droit, le Français Killian Sildillia aurait d’ores et déjà conclu un accord contractuel avec le club phocéen. Mais pourquoi le jeune joueur de Fribourg (22 ans) plaît-il autant à Roberto De Zerbi et Mehdi Benatia ?

Formé à Metz et parti à l’âge de 18 ans en Allemagne, à Fribourg, Kiliann Sildillia fait partie de la caste des joueurs tricolores expatriés relativement méconnus en France. Si sa présence comme titulaire dans l’équipe de France olympique de Thierry Henry devrait lui apporter un brin de lumière, signer à l’OM pourrait permettre à Sildillia d'obtenir l'exposition nécessaire pour véritablement faire décoller sa carrière. Une trajectoire qui, en cas de bonnes performances, pourrait même rapidement lui permettre d’accrocher le wagon des Bleus, le poste de latéral droit étant soumis à une faible concurrence. Pour y parvenir, le Mosellan devra d'abord faire ses preuves dans le système de Roberto De Zerbi, qui voit en lui le successeur idéal de Jonathan Clauss, transféré à Nice pour 5 millions d’euros hors bonus.

Quel type de latéral est-il ?

En participant à 38 rencontres toutes compétitions confondues avec Fribourg lors de ses deux dernières saisons – pour un temps de jeu autour des 2500 minutes à chaque fois –, Sildillia a engrangé de l’expérience. À 22 ans, le Français est aujourd’hui évalué à 15 millions d’euros par Transfermarkt. 

Techniquement, le Français est un latéral qui se distingue grâce à trois qualités majeures. La première et principale se trouve dans son approche défensive. Mesuré à 1,86 mètre, l’ancien messin dispose d’un gabarit impressionnant pour un joueur à son poste, ce qui lui permet d’être un atout considérable dans la défense de sa surface. L’an passé, en Bundesliga, seuls 9% des latéraux remportaient plus de duels aériens que lui, seuls 4% bloquaient plus de tirs que lui et seuls 11% effectuaient plus de dégagements que lui. Une efficacité sans ballon incontestable qu’il devra toutefois canaliser, Sildillia ayant été exclu une fois en Championnat lors de ses deux premières saisons complètes en Allemagne.

De plus, le latéral de Fribourg dispose d’un bon pied. S’il n’est pas particulièrement impressionnant dans le jeu court, le Tricolore l’est dans le jeu long. Une faculté qui lui permet essentiellement de jouer rapidement vers l’avant pour trouver des partenaires lancés, Sildillia n’étant encore pas un centreur affirmé. Néanmoins, sa palette pourrait rapidement s’épaissir dans une équipe plus dominante, qui lui offrira plus de ballons à négocier proche de la surface adverse, alors que Fribourg a terminé à la dixième place de Bundesliga l’an passé.

Enfin, Kiliann Sildillia affiche une petite curiosité. Il semblerait que le probable futur latéral de l’OM dispose d’une excellente main sur les touches. Capable d’allier puissance et précision, le Français est redoutable dans l’exercice et permet à son équipe de se créer des situations dangereuses à partir de rien ou presque. Qu’il soit proche de la surface adverse ou dans son premier tiers, le bras de Sildillia participe régulièrement à offrir des opportunités à son équipe par les mètres qu’il est capable de gagner sur son lancer.

Killian Sildillia, Fribourg
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La comparaison avec Jonathan Clauss

Vous l’aurez compris, le profil de Kiliann Sildillia est radicalement différent de celui de Jonathan Clauss. L’un est d’abord un défenseur, l’autre un attaquant. L’un n’est pas un bon centreur, l’autre dispose d’une superbe patte. L’un gagne des mètres majoritairement par des passes longues, l’autre par ses percées balle au pied. À titre de comparaison, il semblerait que les aptitudes de Sildillia se rapprochent plus de celles d’Amir Murillo, qui devrait rester numéro deux en cas d’arrivée du Français.

Enfin, plus qu’un changement certain dans le profil souhaité à droite, avec Sildillia, l’OM pourrait passer d’un latéral de 31 ans à un latéral de 22 ans. Un facteur important pour la valorisation de l’effectif ainsi que pour Roberto De Zerbi, qui aspire à faire progresser ses jeunes joueurs. 

Son rôle avec Roberto De Zerbi

Ce changement de direction drastique au poste de latéral droit témoigne avant tout d’une volonté particulière du nouvel entraîneur de l’OM, Roberto De Zerbi. Parce que l’Italien est pleinement investi dans le recrutement marseillais et qu’il souhaite des profils particuliers dans son football de précision, il semblerait que la piste Sildillia lui convienne parfaitement. Mais pourquoi ?

Déjà, parce que son style de jeu offensif ouvre fatalement certains espaces et qu’il semble pertinent d'avoir quelques joueurs plus conservateurs pour garder un équilibre. De plus, les équipes de De Zebri n’hésitent pas à renverser le jeu pour isoler un ailier sur la largeur. Une phase de jeu qui pourrait pleinement convenir à Sildillia, excellent dans le jeu long. Enfin, il est pertinent de rappeler que le Français est encore un jeune joueur et que sa palette pourrait largement se diversifier au contact de l'ancien technicien de Brighton et dans un club d’une dimension de l’Olympique de Marseille. Sildillia, qui n’a inscrit qu’un but et délivré 3 petites passes décisives en 85 rencontres disputées toutes compétitions confondues avec Fribourg, pourrait éventuellement se révéler comme un joueur précieux proche du but adverse. Bonne nouvelle, le Tricolore dispose déjà d’une des rares choses sur lesquelles il est difficile de progresser : la qualité de pied.

Roberto De Zerbi OM Marseille
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Avec le potentiel recrutement de Kiliann Sildillia, l’OM souhaite faire évoluer le visage de son latéral droit. Initialement moins efficace offensivement que Jonathan Clauss, l’actuel joueur de Fribourg dispose jusqu'ici d’un profil plus conservateur. Un facteur qui ne permettra pas de remplacer le superbe pied de l’ancien lensois, mais qui permettra peut-être à la bande de Roberto De Zerbi d’être une équipe plus complète.