Équipe la plus convaincante de l’Euro 2024, l’Espagne affronte ce mardi (21 heures) l’équipe de France en demi-finale de la compétition à Munich. Grâce à des individualités en grande forme au sein d’un collectif huilé, la Roja de Luis de la Fuente s’annonce redoutable.

Depuis son élimination face au Maroc en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022 (0-0, 3-0 t.a.b.), l’Espagne a bien évolué. Luis de la Fuente a remplacé Luis Enrique à la tête de la sélection, les latéraux ont changé, Sergio Busquets est parti et la Roja a enfin trouvé les ailiers percutants qu’elle cherchait depuis si longtemps. Face au Maroc, l’Espagne avait été éliminée avec 77% de possession de balle. Deux ans plus tard, pour son premier match à l’Euro, la Roja s’est imposée 3-0 face à la Croatie avec seulement 47% de possession. Pour la première fois depuis 16 ans dans un tournoi majeur, les Espagnols n'ont pas eu le ballon la majeure partie du match. Un chiffre qui témoigne de la mutation d’une équipe qui n’a pas paru aussi dominante depuis longtemps, mais qui malgré tout comporte toujours certaines zones d’ombre.

Espagne équipe Euro 2024
Crédits photo : IconSport

Du danger sur les côtés 

Symbole du renouveau hispanique, les jeunes ailiers Lamine Yamal (16 ans) et Nico Williams (21 ans) sont aujourd’hui les premiers dangers d’une Espagne qui dispose de la meilleure attaque du tournoi (11 buts). Parce que les deux sont très percutants et que le premier est aussi le meilleur passeur de la compétition (3 passes décisives) à égalité avec Xavi Simons, l’Espagne profite de côtés très actifs. Un atout qui peut se révéler primordial au moment de fracturer des blocs bas, comme lors du match face à la Géorgie (4-1) ou lorsque les espaces s’ouvrent, à l’image de la fin de match face à l'Allemagne (2-1).

De plus, cette largeur est souvent doublée par l’apport d’un latéral, qu’il soit Marc Cucurella à gauche ou Dani Carvajal à droite, ce qui permet d’offrir des courses ou des fausses pistes à l’ailier dribbleur alors en possession. Grâce à un ballon donné rentrant par-dessus la défense du gaucher Yamal ou à une passe en retrait dans la surface suite à un débordement de Williams, l’Espagne est efficace au moment de centrer dans le dernier tiers. Afin de trouver le maladroit mais généreux Alvaro Morata dans la zone de vérité ou un milieu lancé dans cette dernière tel que Fabian Ruiz, la Roja n’hésite pas à créer des décalages sur les côtés grâce à ses joueurs remuants. Si l’attaque espagnole n’a jusqu’ici jamais rencontré de bloc aussi solide que celui de l’équipe de France, le rapport de force face à la défense tricolore s’annonce clé.

Des lacunes défensives à exploiter

Pour la rencontre face aux Bleus, trois titulaires espagnols seront absents. Le latéral droit Dani Carvajal (suspendu), le défenseur central Robin Le Normand (suspendu) et le milieu Pedri (blessé). Parmi eux, deux joueurs défensifs. Alors que Carvajal devrait être remplacé par Jesus Navas et Le Normand par Nacho Fernandez, la ligne défensive pourrait être affaiblie qualitativement. C’est peut-être précisément dans ce domaine que la France devra appuyer. Parce que l’Espagne n’excelle pas pour défendre sa surface, en témoignent les buts encaissés face à la Géorgie et à l’Allemagne, la France aura des coups à jouer, à condition d’attaquer cette zone en nombre et d’être enfin efficace.

De plus, comme expliqué précédemment, l’Espagne n’hésite pas à engager ses latéraux très haut malgré la défense à quatre de son 4-3-3 – qui peut parfois se transformer en 4-2-3-1. Alors fatalement, des espaces s’ouvriront sur la largeur à la récupération, ce qui pourrait permettre aux joueurs de côtés tricolores de s’y engouffrer. Face à un pays qui ne fait que très peu de concessions sur son football, bien que Luis de la Fuente soit moins dogmatique que d’autres entraîneurs espagnols, la France devrait pouvoir profiter d’intervalles dans le dos du bloc haut de la Roja pour se montrer dangereuse. Pour ce faire, Randal Kolo Muani, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé, pressenti pour démarrer à la place d'Antoine Griezmann, devront rapidement se projeter pour devancer le très bon repli hispanique.

Kylian Mbappé Equipe de France Portugal
Crédits photo : IconSport

Au milieu, contrôle et verticalité

Point fort historique de l’Espagne, son milieu est une nouvelle fois au rendez-vous. Composé de Rodri, Fabian Ruiz et Pedri – qui devrait être remplacé par Dani Olmo –, l’entrejeu de la Roja est équilibré et complémentaire. Parce que chacun est très à l’aise techniquement et que tous peuvent faire la différence proche de la surface adverse, à la passe ou par le tir, le milieu de la Roja est à suivre de près. De plus, si Rodri est un organisateur exceptionnel, Ruiz et Olmo feront figure de milieux offensifs très mobiles capables de décrocher pour aider à la relance ou de se projeter pour conclure, à l’instar du but inscrit par le second face à l’Allemagne en quarts de finale.

Néanmoins, face au milieu travailleur de l’équipe de France, la Roja pourrait ne pas trouver autant d’espaces qu’habituellement. Parce que le scénario est tout tracé et que la France attendra plus qu’elle ne pressera, N’Golo Kanté, Adrien Rabiot et Aurélien Tchouaméni devront à tout prix réduire l’influence de Rodri et suivre les déplacements d’Olmo et Ruiz pour espérer ne pas être transpercés. Jusqu'ici, les trois milieux espagnols totalisent 4 buts. Tous ont déjà été buteurs.

L’attaque de feu espagnole face à la défense de fer française… Cette demi-finale XXL implique la meilleure équipe du tournoi face à la sélection qui a atteint le dernier carré lors de quatre des cinq dernières compétitions majeures qu’elle a disputées. Si l’équipe de France devrait cette fois tomber sur une équipe plus joueuse et plus énergique que la Belgique ou le Portugal, ce qui pourrait lui correspondre, le danger sur la cage de Mike Maignan pourrait lui aussi être plus important. Au bout de ce combat acharné au sein duquel il est difficile de donner un large favori, une place en finale de l’Euro 2024.